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La voix littéraire des écrivains francophones indiens est largement marginalisée par comparaison avec celle des anglophones. L’étude qui suit, se fond sur la mise en lumière d’un roman de l’écrivain franco-indien Ari Gautier, intitulé Le thinnai (2018). Situé dans un village des hors-caste à Pondichéry, ancienne colonie française en Inde, ce roman historique fait entendre des voix résistantes de personnages postcoloniaux : franco-indiens, créoles et colons français. Pris au piège du statut liminal entre français et indien, et du système de caste qui les entoure, ces personnages résistent à toute hégémonie. La présente étude identifie cette résistance non pas comme barrière à leur expression mais comme l’occasion de créer une production créative et subversive. C’est aux trois vecteurs de la voix résistante que s’intéresse cet article : le mythe (contre le mythe colonial), la mémoire (contre l’amnésie de l’histoire officielle), la langue (contre la pureté du français). Malgré sa marginalisation, l’écriture indienne d’expression française, comme Le thinnai, mérite d’être envisagée comme une voix indéniable dans les études postcoloniales francophones d’aujourd’hui.