Résumés
Résumé
Le présent article entend focaliser l’une des sous-compétences, la plus centrale et en même temps la plus tenue pour acquise par la didactique de la traduction économique et financière et par la traduction spécialisée en général : la sous-compétence thématique. Si d’un côté chaque domaine possède des catégories de pensée qui lui sont propres, de l’autre côté le défi consiste à repérer les notions qui sont autant de portes d’entrée privilégiées à ces mêmes catégories de pensée et aux coordonnées de secteur qui constituent la charpente cognitive du domaine financier par rapport aux autres domaines de spécialité. À partir de cette constatation et sur fond de l’essor des technologies de la traduction, dont la dernière en date est la traduction automatique avec la postédition de textes bruts, nous formulons une proposition formative qui s’appuie sur un effort de gymnastique mentale en vue d’aider les apprenants en formation à adopter un positionnement qui leur permette d’accéder, dans une perspective interlinguistique, à un savoir spécialisé faussement intuitif. L’objectif formatif, dans une perspective de co-construction du savoir, est de rendre les apprenants en formation conscients des décalages cognitifs par rapport à leur vision du monde.
Mots-clés :
- traduction spécialisée,
- traduction économique et financière,
- sous-compétence thématique,
- co-construction du savoir,
- formation en traduction
Abstract
The aim of this article is to focus on one of the sub-competences, the most central and at the same time the most taken for granted, involved in the teaching of translation in the areas of economics and finance and in specialized translation generally: the sub-competence relating to theme. If on the one hand every domain has its own categories of thinking, on the other hand the challenge is to identify the notions which represent privileged access to these categories of thinking and to the features which form the cognitive framework of the financial domain in relation to other specialized domains. Starting from this presupposition, and in the framework of the rise of technologies supporting translation, the latest of which is automatic translation and the consequent post-editing of raw translation, we formulate a training proposal based on a teaching which implies an act of mental gymnastics with a view to helping learners undergoing training to acquire an attitude which will allow them, in an interlinguistic perspective from French into Italian, to access a falsely intuitive specialized knowledge. In a perspective which involves the co-construction of knowledge, the didactic objective is to enable learners to become aware of the cognitive gaps in relation to their own world view.
Keywords:
- specialized translation,
- economic and financial translation,
- sub-competence relating to theme,
- co-construction of knowledge,
- translation training
Resumen
El presente artículo se centra en una de las subcompetencias implicadas en la enseñanza de la traducción, la más central y, sin embargo, la que suele darse más por sentada en los ámbitos de la economía y las finanzas y en la traducción especializada en general: la subcompetencia temática. Teniendo en cuenta que, como cada ámbito, el económico-financiero tiene sus propias categorías de pensamiento, el reto docente consiste en identificar las nociones que representan un punto de acceso privilegiado a sus esquemas conceptuales, así como a las peculiaridades que conforman su marco cognitivo en relación con otros ámbitos especializados. Partiendo de esta premisa, y ante el auge de las tecnologías de la traducción, entre ellas, la traducción automática y la postedición, formulamos, desde una perspectiva interlingüística del francés al italiano, una propuesta de formación que, sobre la base del ejercicio mental, ayude al traductor en formación a adquirir una actitud que le permita acceder a un conocimiento especializado falsamente intuitivo. El objetivo didáctico es conseguir que los alumnos tomen conciencia de sus lagunas cognitivas en relación con su propia visión del mundo, desde la co-construcción del conocimiento.
Palabras clave:
- traducción especializada,
- traducción económica y financiera,
- subcompetencia temática,
- co-construcción de conocimientos,
- formación en traducción
Corps de l’article
1. Introduction
L’hyperspécialisation croissante est une donnée observable des domaines de spécialisation. Comme le constate Jemielity (2010 : 43), responsable des traductions auprès de la Banque Cantonale Vaudoise, elle est, à l’instar de la parcellisation des savoirs qu’une formation interdisciplinaire et pluridisciplinaire aurait pour tâche d’endiguer, « a fact of life ». Le domaine de la traduction spécialisée n’est pas exempt de cette tendance, au contraire, il en est le reflet. En effet, sous la surface des étiquettes généralistes indiquant les spécialisations de différents professionnels de la traduction, comme dans le cas du domaine juridique, pointent en filigrane des spécialisations plus fines : droit civil, pénal, maritime, communautaire, administratif, canonique. Tout comme il existe à l’intérieur même du domaine financier le droit des finances publiques, le droit des sociétés et des groupements d’affaires, le droit boursier comme dans le cas, par exemple, des montages financiers.
Il est d’ailleurs notoire que la langue est en elle-même un système « dont tous les termes sont solidaires et où la valeur de l’un ne résulte que de la présence simultanée des autres » (De Saussure 1916 : 159). Ergo, une évidence : la spécialisation est indissociable du métier de traducteur spécialisé. De plus, une spécialisation a ses bienfaits : comme le relate Bogdan (2020 : 52-55) à propos de son expérience personnelle dans l’industrie de la finance qu’elle a ensuite investie dans celle de la traduction financière, une spécialisation « abre puertas ». Pour Rochard (1991 : 25), une spécialisation acquise par l’approfondissement continu des connaissances spécialisées et poussée par une curiosité insatiable constituerait un antidote, voire un « refus de la routine ». Or, un domaine spécialisé peut être considéré comme un système qui possède ses catégories, ses coordonnées, voire des valeurs et une empreinte idéologique qui lui sont propres. L’univers financier en est un, tout comme l’est un système économique, politique, comptable. Mais un domaine de spécialisation est aussi une langue de spécialisation et le savoir spécialisé, à son tour, est indissociablement imbriqué dans les textes spécialisés y afférents. Comme l’écrit Bonthrone à propos de l’information financière des entreprises, un domaine autour duquel nous avons organisé notre proposition formative qui sera l’objet de cet article :
[f]inancial reporting is a language, just like German or English. It is the language that companies use to talk to investors. It is the language that investors use to ascertain value. It is what people use everyday to decide where to invest their hard earned dollars for financial security and future opportunity. These decisions can be hard enough. But try it in a language you don’t understand, and it becomes all but impossible. Even worse, misleading.
Bonthrone 2000
Apprendre cette langue et ses coordonnées signifie s’approprier des catégories de pensée autres qui sont fonctionnelles à l’appréhension de la charpente cognitive du discours financier.
Or, la financiarisation accrue de nos sociétés, ainsi que l’espace croissant consacré aux aspects financiers dans la presse non seulement spécialisée, sont autant de signes évidents d’une présence grandissante, voire tentaculaire.
La traduction économique et financière, pour sa part, est une « discipline plurielle » (Rochard 2005 : 7), fortement interdisciplinaire, à laquelle participe une multiplicité d’acteurs et qui, à son tour, est composée d’une variété de sous-domaines qui se recoupent. La dénomination de traduction économique ou financière, ou commerciale, fait également débat (Gallego Hernández 2020 : 8-15). Les raisons seraient liées à la difficulté à définir les contours précis du domaine sous-jacent lié à la traduction économique et financière en raison de l’hétérogénéité des acteurs et des domaines corrélés (Maldussi et Wiesmann 2020 : 167)[1]. D’où la presque impossibilité de repérer une dénomination univoque. Il n’est donc pas étonnant que la recherche sur la traduction économique et financière ait fait l’objet d’un nombre très réduit de monographies, parmi lesquelles nous signalons Gallego Hernández (2020), Alcalde Peñalver et Santamaría Urbieta (2015), Fernández Rodríguez (2010), contrairement à la traduction juridique qui compte vingt-huit monographies en se limitant aux seules langues anglaise, allemande, française, italienne et espagnole (Maldussi et Wiesmann 2020 : 151-152).
2. Une proposition formative riche et hétérogène
Une spécialisation, pour s’alimenter, a forcément besoin d’une formation adéquate : sur le terrain, à l’université, sous forme d’ateliers, comme dans le cas des activités proposées à leurs membres par les différentes associations de traducteurs. L’accueil reçu sur le plan didactique en Espagne, en France, au Québec, et marginalement en Italie, témoigne d’un intérêt fort et grandissant. Un cas emblématique de cet engouement pour la didactique de la traduction économique et financière est indiscutablement celui de l’Espagne (Gallego Hernández et al. 2016 ; Gallego Hernández 2020 : 95-124). L’intérêt croissant pour la didactique de la traduction économique et financière s’est traduit par une proposition formative riche et hétérogène en termes d’approches et de méthodes préconisées ainsi que de suggestions formatives. Il est évident que la polyphonie élevée, qui caractérise la vaste offre de formation en ce qui a trait aux méthodologies et approches, influe sans doute sur les différentes organisations des cours : cours entièrement consacrés à la traduction économique et financière ; cours de traduction spécialisée qui, comme le nôtre du français vers l’italien dans le cadre du Master en traduction spécialisée auprès du Département d’Interprétation et de Traduction (dorénavant DIT) de l’Université de Bologne, Campus de Forlì, incluent cette discipline ; présence de cours optionnels sur des disciplines spécifiques telles que le droit, l’économie ou le marketing, selon les plans didactiques choisis par les apprenants. Bref, il s’agit de ce que Fiola dénomme la « situation didactique » qui « fait référence aux éléments dont il faut tenir compte dans l’enseignement d’une discipline, notamment dans la conception des programmes » (Fiola 2003 : 337) et dont fait partie la situation des apprenants en termes de prérequis formatifs et attendus.
Avant d’illustrer notre proposition formative et les raisons pour lesquelles nous défendons l’idée d’une formation qui s’inscrit dans une perspective de co-construction du savoir, nous tenons à esquisser la posture du traducteur économique et financier.
3. La posture du traducteur économique et financier en tant que communicateur global
Jemielity affirme qu’il serait souhaitable que la prochaine génération de traducteurs financiers se focalise davantage sur une communication efficace plutôt que sur une communication qu’il qualifie de « safe » (2010 : 34-37) et que les futurs professionnels agissent en tant que consultants multilingues en communication. Un souhait de taille qui nous projette immédiatement vers ce que l’on est en droit de s’attendre d’un spécialiste de la traduction économique et financière. Rochard, pour sa part, souligne que :
[l]es marchés de capitaux sont le lieu de rencontre des intérêts respectifs des différents agents économiques (particuliers, entreprises, institutions financières et État) et de cette confrontation d’intérêts naît un besoin permanent de communication et de rapidité des flux d’information. C’est là qu’intervient le traducteur. Son travail doit satisfaire à ces besoins et le meilleur moyen pour ce faire est de toujours veiller à la fluidité de la communication. D’où des impératifs de lisibilité, de rigueur dans la transposition du message, bref de qualité.
Rochard 2005 : 12
D’après De Falco (2014 : 6), c’est bien grâce à la posture des traducteurs économiques et financiers en tant que communicateurs globaux que les entreprises peuvent communiquer de façon efficace avec leurs marchés de référence, participant de façon plus active à l’ouverture des marchés internationaux, dans un processus qui est connu sous la dénomination de mondialisation. À ces professionnels, on demande « a profound awareness of their responsibility as active participants in a communicative process » (Kiraly 2014 : 12-13).
La dimension communicationnelle est également soulignée par Williamson (2021 : 4) qui met en garde contre le risque d’éventuelles erreurs, « be they factual, logical or due to over-reformulation or over interpretation », susceptibles de causer des préjudices encore plus graves que ce qu’il appelle « overly literal work ».
Une communication orientée sur les exigences de clarté et de fluidité des destinataires est inévitablement proche des instances de la Skopostheorie de Vermeer. Comme l’écrivent Bulger et Rochard (2021) à propos de l’évolution du traducteur « communicant » à la suite de l’essor de la postédition en amont et en aval :
[e]n fait, ces capacités [la postédition] relèvent du domaine de la communication plurilingue qui est le champ d’action des traducteurs communicants. Il s’agit d’un domaine en plein développement, qui est axé non plus sur la transmission du texte source, mais sur l’adaptation du message à un public cible. C’est une activité nécessitant une grande créativité que la traduction automatique n’a pas.
Le caractère fonctionnel de la traduction trouve un écho particulièrement intéressant chez Barbin (2019 : 33-44) qui, reprenant la distinction avancée par Gouadec (1990 : 22-28) entre « traduction intégrale banalisée » et « traduction intégrale absolue », propose cinq méthodologies de traduction ciblées sur le destinataire : « signalétique », « synoptique », « documentaire », « intégrale », « traduction intégrale banalisée ».
Pour conclure, les aspects communicationnels sont également l’objet de propositions didactiques. Wang (2021), par exemple, prône une approche de genre fondée sur l’exploration systématique du rapport
between linguistic and contextual elements, as well as the meanings and communicative functions they express [ce qui permet aux apprenants] to understand the discourse characteristics and communicative functions of different genres of business. (Wang 2021 : 16)
4. Nature des textes financiers
Les textes de nature économique et financière sont caractérisés par une hybridation élevée au niveau des contenus. Cet aspect spécifique est confirmé par Alcalde Peñalver (2016) qui met en évidence la présence de contenus juridiques et financiers dans des textes tels que les règlements des fonds d’investissement, les contrats sur instruments financiers, la partie légale des pages web des entreprises, la législation en matière financière ou, pourrions-nous ajouter, la communication d’entreprise. Or, l’hybridation des contenus, reflétant différents sous-domaines qui composent le domaine financier où le droit et la comptabilité se taillent la part du lion, finit par avoir aussi des retombées sur les choix des domaines de spécialisation effectués par les traducteurs spécialisés. En effet, la nature hybride des textes financiers doit être également considérée à la lumière des rapports d’interdépendance entre les domaines choisis par les traducteurs spécialisés : comme le souligne Ballerini (2016 : 28) dans son enquête menée auprès de 670 traducteurs spécialisés, il existerait, d’une part, une affinité étroite entre Droit, Économie et Finance et, d’autre part, une faible affinité entre Économie, Finance, Industrie et Technologie. Toujours selon les résultats de cette enquête, aux domaines du Droit et de la Finance s’ajouteraient aussi ceux du Marketing et de la Publicité. Une observation non négligeable car la même enquête fait apparaître une triangulation importante : l’hybridation des textes financiers va de pair avec le large éventail de domaines qui composent la traduction économique et financière et finit par se refléter sur le choix des spécialisations de la part des traducteurs spécialisés.
Or, à côté du caractère hybride des textes financiers, il s’avère primordial, à notre avis, de comprendre et de faire comprendre aux apprenants les deux coordonnées qui composent l’orientation à la futurité et qui constituent la spécificité des textes financiers relevant de la catégorie de la communication d’entreprise, dont nous nous occupons dans cet article, notamment :
le caractère forward-looking, à savoir prospectif des données communiquées, qui justifie l’orientation à la futurité (Maldussi 2015 ; Quagli 2004 : 81-87) de ce genre de textes, d’où la présence, entre autres, d’expressions typiques telles que revoir à la hausse, revoir à la baisse ou de termes tels que guidance, ce dernier focalisant déjà une orientation future ;
la nature price-sensitive des données communiquées, susceptibles d’affecter le comportement des investisseurs et donc d’entraîner, dans le cas de sociétés cotées, des répercussions sur les cours de Bourse et par conséquent sur le bon fonctionnement des marchés financiers (Paracampo 2008 : 217), d’où la nature sensible de la traduction de textes financiers et la responsabilité accrue des professionnels en ce domaine. La communication d’une augmentation de capital ou celle d’un rachat d’actions propres de la part d’une société cotée, par exemple, constituent autant d’exemples significatifs d’une communication prospective apte à susciter des inférences prédictives de la part des investisseurs et donc d’avoir un impact sur les cours de Bourse. (Maldussi 2015)
Les aspects forward-looking et price-sensitive constituent la toile de fond sur laquelle se greffe l’activité du professionnel en ce domaine.
5. Une question ouverte : la sous-compétence thématique
Dans la section précédente, nous avons souligné à maintes reprises l’importance de l’aspect communicationnel. Or, Jemielity (2010 : 37) ajoute qu’atteindre une communication efficace « will be impossible to pull off unless they [la nouvelle génération de traducteurs] specialize as well, since they’ll need extensive subject-area knowledge if they hope to propose alternatives but still-on-message content ». La même idée est avancée par Román Mínguez (2008 : 26) :
[l]os dos pilares fundamentales en los que se apoyan los objetivos de aprendizaje en traducción jurídico-económica son el dominio del campo temático y la documentación del derecho y la empresa, así como el dominio de la terminología jurídico-económica en ambas lenguas.
Une évidence tellement patente qu’elle constitue, à notre avis, un vide à combler. En premier lieu, nous tenons à préciser que la sous-compétence thématique ne coïncide avec la sous-compétence terminologique dans un domaine spécialisé que sous certaines conditions. En effet, comme nous aurons l’occasion de le souligner à nouveau dans la suite de notre article, cette dernière est parfois appréhendée en tant que nomenclature et non pas en tant que série d’unités qui entrent dans un réseau notionnel et en constituent l’architecture. En deuxième lieu, il s’avère important d’avoir toujours à l’esprit la distinction utile entre les compétences du traducteur impliqué dans la tâche de traduction et les compétences d’expert, des compétences qui sont parfois étroitement imbriquées. Le débat est des plus controversés. Dans une recherche précédente sur la traduction comptable, nous avons proposé de distinguer les compétences à visée traductionnelle des compétences d’expert. Nous avons limité les premières aux connaissances utiles à dessiner une représentation graphique des notions, inspiré en cela par Faber (2012), alors que les deuxièmes (dans ce cas du rédacteur technique et/ou du réviseur comptable) viseraient plutôt l’organisation du contenu des informations (Maldussi 2018 : 116-120). D’après Gelpí (2015), « [e]l conocimiento temático que debe adquirir el traductor se concentra en el texto que traduce, y no se extiende a la materia global con la que trabaja ». Pour sa part, Humbley (1998 : 4) souligne qu’un terminologue traducteur devrait être capable de dialoguer avec les experts, sans nécessairement atteindre leur niveau, car « chacun conserve sa sphère de compétence ». Au-delà des positions différentes sur ce sujet, d’après une étude sur le marché de la traduction effectuée par ACT (Agrupación de Centros Especializados en Traducción) en 2005, « el conocimiento de la temática de los textos que se traducen aparece en primer lugar junto a la disponibilidad permanente de los traductores » (Alcalde Peñalver 2016). Or, Klabal et Klubanek, tout en réaffirmant la centralité de la sous-compétence thématique, y mettent un bémol :
[f]or any specialized translator, thematic competence is of paramount importance. The original version of the EMT Competences Framework (EMT Expert Group, 2009)[2] introduced the model of specialized translation competence, of which thematic competence was an integral part. Interestingly, a revised version of the model (EMT Board, 2017) has eliminated thematic competence and subsumed it under “Translation Competence”. The 2017 model gives no explanation as to why this reshuffling has taken place. We maintain that thematic competence is different than pure translation competence because it includes knowledge not necessarily related to translation, and making thematic competence a second-order one may seemingly lessen its importance.
Klabal et Kublanek 2019 : 81
Le déclassement en deuxième ordre dénoncé par Klabal et Kublanek va de pair avec la constatation que la sous-compétence thématique, en dépit des déclarations d’intentions, reste parfois en marge. Une sous-compétence que tous s’empressent de qualifier, visiblement et incontestablement, comme l’une des plus centrales, mais qui serait parfois tenue pour acquise[3] ou à acquérir dans la vie professionnelle future[4], ou en dehors de la classe avec un travail en autonomie sur les corpus, ou en se limitant à une présentation sur les connaissances de base, si l’on exclut de rares cas où elle est attaquée de front (Gelpí 2015). Les approches et les méthodologies abondent, comme le montre Gallego-Hernández (2020 : 95-124). Nous pensons qu’étant donné l’imbrication inextricable entre langue spécialisée et aspects notionnels, la didactique devrait se focaliser, directement en classe, sur les notions qui constituent autant de portes d’accès aux compétences spécialisées.
6. Essor technologique et compétence thématique
L’essor de la traduction automatique (dorénavant TA) n’a fait que souligner ultérieurement l’inéluctabilité d’une compétence thématique élevée. Que l’on pense à la postédition professionnelle de textes techniques bruts qui est habituellement confiée à des professionnels expérimentés et experts du sujet pour des raisons de qualité du travail et aussi de délais serrés.
Or, d’après Pym, « les changements viennent davantage de la pratique professionnelle que de la traductologie, et notamment de l’arrivée des outils informatiques que de la traductologie » (Pym 2009 : 69, cité dans Vandaele 2015 : 211). L’essor de la TA, précédemment statistique et actuellement neuronale, cette dernière étant une évolution de l’architecture corpus-based (Starnoni 2019), constitue un exemple patent des changements introduits par la technologie. Le nouveau paradigme interpelle les professionnels et les enseignants : comment la traduction automatique révolutionne-t-elle le panorama professionnel et, par conséquent, la didactique de la traduction en général et de la traduction économique et financière en particulier ? Force est de constater, d’après Gallego Hernández, que l’une des lacunes de la recherche en traduction économique et financière, du moins en Espagne, est précisément la traduction automatique :
[l]as lagunas investigadoras son varias : en la recapitulación de cada tema hemos tratado de ofrecer algunas pistas a aquellos interesados por dar continuidad a la investigación. Por citar grosso modo algún ejemplo, la traducción automática, el proceso traductor o los aspectos sociales casi no están explorados en su relación con la traducción económica.
Gallego Hernández 2020 : 218
On n’insiste jamais assez sur l’importance de connaître le fonctionnement des moteurs de TA. D’une part, l’objectif d’une meilleure connaissance de la machine est de perfectionner le travail de postédition, en termes de vitesse d’intervention et donc de productivité (Time to Edit) et d’effort cognitif (PEE, Post-Editing Effort) avec des retombées positives sur le produit traduction. D’autre part, il est tout aussi vrai que la perspective didactique et formative ne peut et surtout ne devrait pas se limiter à la remise du produit final. Du moins pas seulement. Comme l’écrit Fiola :
[i]l ne faut pas confondre ‘besoins de formation’ et ‘besoins du marché’. Même si les motivations des apprenants sont d’ordre professionnel et économique, leurs besoins de formation sont de l’ordre des compétences et des connaissances ; les besoins du marché, eux, cadrent avec des impératifs d’ordre économique. Cela ne signifie pas pour autant que les besoins des apprenants et ceux du marché sont contradictoires, mais plutôt que les universités doivent décider de la pondération des besoins de chaque partie dans la conception des programmes d’études en faisant toujours primer ceux de l’apprenant.
Fiola 2003 : 339
La perspective didactique et formative devrait donc, à notre sens, privilégier le processus d’optimisation du produit final, en mettant l’accent sur la prise de conscience des contenus que l’on traduit, grâce à un procédé de co-construction du savoir. Notre point de départ est que le résultat final sera directement proportionnel au travail approfondi effectué dans les phases propédeutiques, cette tâche incombant à la formation à visée traductionnelle et spécialisée.
De plus, le manque de profondeur et de connaissance du monde de la part des machines automatiques (Starnoni 2019) n’a fait qu’exacerber l’urgence de compétences thématiques spécialisées.
Aux problématiques susmentionnées s’ajoute la décontextualisation induite par la technologie, dans le passé par les outils de traduction assistée et, dans une période plus récente, par la traduction automatique. Pym la qualifie d’imposition du paradigmatique :
[t]hat is, the text is broken into paradigmatic form ; its linearity is repeatedly interrupted. The translating mind is thereby invited to work on one segment after the other, checking for terminological and phraseological consistency but not so easily checking, within this environment, for syntagmatic cohesion.
Pym 2011 : 3
Une problématique qui a fini par redonner de l’éclat à des notions basilaires de linguistique textuelle telles que la cohésion et la cohérence, cette dernière étant par antonomase thématique[5].
Tout en partageant l’idée avancée par Pym, nous nous permettons d’ajouter que l’imposition du paradigmatique commence à entraîner des distorsions dès que la terminologie est pressentie et enseignée en tant que pure nomenclature. La reproduction d’exemples paradigmatiques risque en effet de déboucher sur une activité cumulative considérée comme une fin en soi. La réduction à des étiquettes ou à des variantes de la langue générale induit vraisemblablement une hyper-simplification, voire une uniformisation de la réalité à appréhender, susceptible de biaiser la compréhension de l’enjeu terminologique. À l’inverse, l’acquisition de ces mêmes unités terminologiques dans un réseau notionnel permet de les situer dans une représentation où tout se tient et d’en mémoriser la raison d’être. Ce qui, du reste, est un acquis de la Théorie communicative de la terminologie de Cabré. D’où l’importance de s’attaquer à des contextes amples.
En conclusion, la dimension textuelle est faite de cohérence et de moyens de cohésion. La cohérence thématique se construit à travers la reconstruction d’un message qui possède des contenus de spécialité qui requièrent des connaissances spécialisées et finalement une méthode pour les acquérir. Or, comme nous l’analyserons dans la prochaine section, entre les contenus naturels et les contenus de spécialité, il y a altérité de cadre (frame). Il s’avère donc nécessaire de combler l’écart cognitif.
7. Esquisse de proposition formative
La nécessité de structurer une activité de formation dans le domaine de la traduction spécialisée sur des documents authentiques est notoire. Comme l’écrit Walczyński (2015 : 4), « ‘empty’ tasks (that is, exercises performed for the sake of exercises) must be completely eliminated as they do not serve this purpose ». C’est également ce que confirment les résultats d’une enquête menée par Zheng sur la perception des étudiants à l’égard d’une pédagogie fondée sur le real-world, à savoir sur des projets authentiques (Zheng 2017).
Plusieurs auteurs soulignent l’enjeu stratégique représenté par la connaissance du type textuel et de ses coordonnées. D’après Delgado Pugés et García Luque (2011 : 64), « [e]l traductor sólo podrá poner en marcha todos los mecanismos de trasvase lingüístico y extralingüístico si sabe situar un encargo de traducción determinado en sus coordenadas textuales correctas ». Et Buczko d’ajouter que :
[s]ostenemos que el conocimiento de las clasificaciones textuales del ámbito económico y afines – con la consiguiente superposición al mapa conceptual del área de especialidad de las taxonomías de textos especializados, en particular aquellos que son objeto de traducción con más frecuencia – permitirán al estudiante crear una representación mental propia del mismo.
Buczko 2015 : 19
Toujours d’après Buczko (2015 : 19), cette représentation mentale se traduira par un schéma organisationnel de la connaissance thématique en fonction d’une série de « parámetros de ubicación textual » (Delgado Pugés et García Luque 2011 : 64). L’importance du genre textuel est également confirmée par Gallego Hernández (2020 : 77-94), à la suite de son enquête bibliométrique en Espagne sur un total de 57 études portant sur la traduction de genres économiques spécifiques.
Le type textuel d’où nous avons tiré nos exemples appartient au quatrième des quatre macro-secteurs repérés par Durban (2005 : 63-65), à savoir la communication des entreprises cotées au bénéfice des parties prenantes[6]. Le type textuel ici considéré est celui des communiqués de presse sur les résultats financiers des sociétés françaises de la grande distribution. Le communiqué de presse peut être qualifié de communication indirecte dont le but est de devenir une source pour le journaliste et d’être soumis à un processus de réélaboration. En ligne générale, ce type textuel relève du genre informatif promotionnel et se configure comme un texte persuasif, grâce à ses caractéristiques textuelles et rhétoriques (Catenaccio 2012 : 164-165). Le commentaire du Président au sujet des résultats, par exemple, s’inscrit à juste titre dans le cadre informatif promotionnel à l’adresse des porteurs d’intérêt.
À côté des aspects textuels, plusieurs auteurs soulignent les dangers d’une interprétation erronée liée aux soi-disant faux amis. Vandaele a maintes fois souligné « les difficultés importantes liées à la traduction d’unités terminologiques spécialisées qui ont une ‘apparence’ (le signifiant) des plus banales » (Vandaele 2015 : 216). D’après Barceló Martínez et al., les unités terminologiques à l’apparence banale constitueraient l’obstacle majeur de la traduction juridique et financière car « ya que este uso común genera fenómenos como la sinonimia, la polisemia y los falsos amigos, que suelen ser fuente de error en las traducciones de los discentes » (2017 : 38).
Bonthrone, en référence au domaine comptable, affirme qu’un traducteur « literally ha[s] to learn the “language of accounting” » (Bonthrone 2000). L’exemple de impairement, illustré par l’auteur (en français, d’après le IAS 36, dépréciation d’actifs) en tant que terme « not intuitive » est en ce sens significatif :
one of the most serious problems for the translator is that many of the concepts and terms involved are not intuitive […]. The stand-alone equivalent of Werthaltigkeit is “recoverability”, a measure of the carrying value (recoverable amount) of an asset. IAS 36.15 defines recoverable amount as “the higher of an asset’s net selling price and value in use”. Überprüfung auf Werthaltigkeit should therefore be something like “review for recoverability”. However the “language” of accounting uses the term “impairment review”. At first sight, this might appear to be the exact opposite of what the German is saying, but in fact it is the proper direct equivalent : although it looks at the issue from a different standpoint (whether an asset has been impaired), the net result is the same.
Bonthrone 2000
Or, nous sommes tous conscients des phénomènes de redétermination sémantique qui caractérisent en particulier les langues de spécialité. Un terme peut acquérir un sens spécialisé sur le plan intralinguistique et un signifiant différent, tel que impairment review et afficher aussi un équivalent interlinguistique direct, comme dans le cas des termes que nous étudierons ici. Ces termes, que nous qualifions de « not intuitive » d’après la dénomination de Bonthrone (2000), déclenchent un cadre spécialisé qui va à l’encontre des connaissances générales des apprenants en formation, ce qui finit par accroître le niveau de complexité et de difficulté. En même temps, ils sont à même de rendre transparents différents niveaux de structuration, tissant des liens en ce qui a trait aux combinaisons syntagmatiques, au type textuel, ainsi qu’à la charpente cognitive du domaine. Bref, « cuyos significados están definidos de forma unívoca dentro de una teoría o red conceptual » (Gallego Hernández 2013 : 48) et qu’à cause de leurs complexité et densité conceptuelles s’apparentent à ceux que Cabré qualifie de « nudo de conocimiento » (Cabré 2002 : 94).
L’activité formative que nous proposons ici est issue de notre expérience auprès du DIT de l’Université de Bologne. L’approche prônée est de type concept-oriented et bottom-up et se déroule directement en classe, car nous partageons l’avis que la didactique est le lieu idéal pour « arrimer la pratique à la recherche et à la réflexion dite ‘théorique’, et réciproquement » (Vandaele 2015 : 209). Nous relevons donc le défi lancé par Gallego Hernández (2020 : 123) pour lequel « son efectivamente pocos los trabajos o experiencias educativas que, independientemente del contexto virtual o presencial, desarrollan experimentaciones con sujetos o estudiantes con el propósito de mejorar determinados aspectos de la docencia ».
Le cours que nous nous apprêtons à décrire se situe à la deuxième année du Master en traduction spécialisée. Le groupe des apprenants peut se révéler très hétérogène pour ce qui est des connaissances préalables requises et de leur parcours individuel et, par conséquent, il s’avère stratégique de pondérer les exemples et les exercices sur la base de leur préparation initiale, de leurs réactions en cours de route ainsi que de leur degré d’apprentissage. L’activité formative ici évoquée se fonde non seulement sur la compétence thématique dans le domaine financier de la part du formateur, mais elle bénéficie également d’intervenants extérieurs, comme c’est le cas de la conférence tenue par un expert-comptable sur les enjeux de la comptabilité, suivie d’un atelier de traduction en matière de communiqués de presse financiers[7]. Les exemples « not intuitive » que nous analyserons sont le substantif endettement dans le contexte du ratiod’Endettement net sur Fonds Propres, ainsi que créances et dettes dans le contexte des postes comptables créances clients et dettes fournisseurs.
Nous avons décidé de fonder le repérage des termes qui constituent autant de portes d’accès aux connaissances spécialisées non seulement sur la base de notre expérience, mais aussi en ayant recours à un corpus de communiqués de presse dans le domaine de la grande distribution, analysé ensuite avec Sketch Engine[8]. La fonction Wordlist nous a permis de repérer les 50 mots les plus fréquents. Si nous ne tenons pas compte des mots vides (prépositions, articles, etc.), endettement figure à la 43e place, après des noms tels que : euro, ans, société, million, France, etc. La fréquence n’est pas un critère absolu : endettement n’est pas uniquement une notion centrale pour établir la bonne santé financière d’une société, mais aussi une notion « not intuitive », car, en dépit de son traduisant direct en italien indebitamento, dont la transparence ne fait qu’occulter sa complexité, il fait état d’un cadre incommensurable. En effet, entre le cadre naturel déclenché par endettement et le cadre spécialisé au sens technique, il n’y a pas de continuité. Au contraire, il y a altérité. D’où le risque d’une appréhension fausse et déroutante. Visiblement, d’après notre expérience, c’est bien cet aspect notionnel qui va à l’encontre des connaissances générales du monde et constitue l’obstacle majeur à la compréhension, aspect accru par le caractère abstrait des notions financières : l’apprenant se heurte finalement à la difficulté de s’abstenir de projeter sa compétence du monde et ses croyances personnelles sur un usage spécialisé. Comme l’écrit Fillmore :
from experiences with real-world scenes, people acquire conceptual schemata ; in the acquisition of schemata, […] items from language frames are learned for labeling these and their parts ; words from a language frame activate in the mind of the user the whole frame and the associated schema ; the schemata can be used as tools or building blocks for assembling, on the basis of the words in a text, a text model – i.e., a model of the world that is compatible with the text.
Fillmore 1977 : 127
Pour pallier cette difficulté de l’apprenant en formation, nous proposons, en guise d’initiation au domaine et avant de procéder à l’exploration de notre corpus de communiqués de presse, des activités en classe destinées à reconstruire le sens faussement intuitif, consistant en l’exposition propédeutique des apprenants en formation à des contextes déroutants plus amples comme ceux tirés du document Analyse financière de Carrefour, Auchan et Casino :
1) |
Le groupe Carrefour a toujours eu une politique d’investissement engendrant un endettement important. En raison d’effets de change, le taux d’endettement net avait connu un fort rebond en 2002. Il devenait une priorité de le réduire, ce qui a été fait en 2003. Le ratio Endettement net sur Fonds Propres est proche de 1. Son endettement peut être considéré comme lourd. Il n’est pas gênant tant que l’entreprise génère des cash-flows suffisants. Toutefois, ce ratio sera important à surveiller si les résultats d’exploitation ne suivent plus. (Carboue et al. 2005 : 22-23) |
Conformément à l’approfondissement de l’enquête prôné par Bulger et Rochard où le formateur « se contente de donner des indices de réflexion lorsque la discussion est bloquée »[9], le moment initial en classe peut se dérouler comme une courte séance de remue-méninges pendant laquelle les apprenants sont invités à argumenter, sur la base des compétences linguistiques précédemment acquises, le statut du terme considéré, à savoir si endettement est un terme classifieur ou relationnel. L’apprentissage se fait dans l’échange des hypothèses et leur validation, dans un esprit coopératif entre apprenant et formateur. La reconstruction des schémas d’arguments et des rôles sémantiques différents s’avère stratégique pour situer l’opacité du terme[10] ; l’apprenant en formation est invité à les repérer à l’appui d’un corpus en ligne construit pour l’occasion grâce au programme en ligne BootCat[11]. Le cadre déclenché par endettement dans le ratio d’Endettement net sur Fonds Propres va visiblement à l’encontre de la notion naturelle d’endettement qui a une connotation négative dans un contexte non spécialisé (l’endettement est une obligation corrélée à l’insolvabilité, à la banqueroute…). Au contraire, le sens technique focalise l’équilibre entre l’argent emprunté par l’entreprise auprès des établissements bancaires (un implicite qui devient clair à travers l’exploration du corpus) et celui dont elle dispose déjà (les ressources propres de l’entreprise, à savoir les fonds versés par les actionnaires…), exprimé par une valeur numérique (proche de 1), ce qui permet d’apprécier la santé financière de l’entreprise même. La société est surendettée parce que le ratio est proche de 1. L’équilibre optimal est donc une situation recherchée par l’entreprise. L’exposition des apprenants à des contextes bilingues français-italien, qu’ils ont eux-mêmes sélectionnés et qu’ils partagent et débattent en cours, permet aussi d’apprécier la variation terminologique qui entoure le syntagme Fonds Propres, qu’ils ont précédemment étudié lors de la conférence animée par l’expert-comptable, dans sa traduction italienne : mezzi propri, capitale proprio, patrimonio netto, des syntagmes dont le degré de synonymie est à apprécier dans des contextes authentiques et pertinents. C’est bien à ce moment-là que les ressources technologiques disponibles déploient tout leur potentiel et acquièrent une dimension fonctionnelle et ancillaire par rapport à la traduction proprement dite. La traduction d’endettement par indebitamento, du reste, est fournie en début de séance de cours, indice clair que l’enjeu notionnel se situe ailleurs.
L’implication des apprenants en formation dans l’interprétation des données du texte à travers des inférences de type prédictif s’inscrit au sein de l’activité traditionnelle de problem-solving qu’est la traduction. Les inférences nécessaires à la compréhension d’un texte, comme l’écrit Auclair (2017 : 24), « peuvent être anaphoriques, causales ou lexicales selon qu’elles réfèrent à un pronom, à un lien de causalité entre des informations du texte ou qu’elles permettent de déduire la signification d’un mot non familier ». Voici un deuxième contexte à complexité croissante :
2) |
Le groupe Auchan conserve des marges de manoeuvre stratégiques en termes d’endettement. Malgré un autofinancement négatif entre 2000 et 2002, le groupe a maintenu des investissements de croissance externe à un niveau élevé. Si les cessions d’actifs ont permis de récupérer des liquiditéscela n’a pas empêché le taux d’endettement de poursuivre sa progression. Pour financer son OPA sur le groupe italien Rinascente et son développement international, Auchan a emprunté auprès des établissements de crédit et a accru son endettement. (Carboue et al. 2005 : 47) |
L’apprenant est invité à faire l’exercice suivant : identifier les liens de causalité entre le taux d’endettement, précédemment analysé, la situation en termes de liquidités, la politique d’investissement, la croissance externe et l’Offre publique d’achat sur le Groupe italien Rinascente. À partir du contexte de l’exemple 2, l’apprenant infère que le taux (ou ratio) d’Endettement net sur Fonds Propres varie sur la base de la politique d’investissement finalisée au rachat d’autres sociétés pour lequel le Groupe Carrefour recourt au prêt bancaire, donc à l’endettement. Le nouveau contexte permet de comprendre que le Groupe a opté, par les rachats, pour la croissance externe, au lieu de la croissance interne, dite aussi organique.
Une fois que les apprenants sont capables de verbaliser le volet technique de la notion, ils sont prêts à être exposés à des contextes tirés du corpus Communiqués de presse (les exemples 3 et 4 concernent le Groupe Auchan[12]) que le formateur partage en les projetant sur écran. Plus précisément, il leur est demandé : de justifier (exemple 3), à travers les connaissances précédemment acquises (le thème), l’utilisation de l’adjectif maîtrisé (le rhème) ; ensuite, de proposer des équivalents fonctionnels au nom du principe acquis et accepté que l’on ne traduit que ce que l’on comprend. Au vu de la formule précédente contenue dans l’exemple 1, les apprenants sont invités à établir si le Groupe, avec un ratio de 32 %, est encore en situation de surendettement. L’élément nouveau est représenté par la comparaison non seulement avec les Fonds Propres, mais aussi avec la donnée relative à l’EBITDA (Earnings before interest, taxes, depreciation and amortization), l’un des indicateurs financiers, à fréquence très élevée, de la rentabilité d’une entreprise :
3) |
Au niveau du Groupe, notre résultat net représente 1,5 % du chiffre d’affaires, en progression de 6,8 % hors éléments non récurrents. Notre endettement net progresse, notamment en raison des acquisitions de l’année 2012, et reste à un niveau maîtrisé à 32 % des capitaux propres et 1,24 année d’EBITDA (nous soulignons). |
Comme on peut le comprendre, l’apprenant en formation est appelé à considérer la première information acquise comme un levier pour appréhender la nouvelle information dans un contexte nouveau. Le repérage d’autres contextes d’utilisation du terme tel que le suivant :
4) |
Hausse du niveau d’endettement : 3 163 millions d’euros (+41,6 %). La dette financière nette s’élève à 3 163 millions d’euros, soit 32 % des capitaux propres. Elle progresse de 41,6 % par rapport à 2011, notamment du fait du rachat de 49 % de GCI en Italie (nous soulignons). |
Permet d’établir la synonymie entre endettement net et dette financière nette, qui se réfèrent tous deux au chiffre de 32 % des capitaux propres. Les bonnes inférences prédictives, grâce à l’utilisation de toutes les ressources technologiques fonctionnelles à son objectif d’appréhension, rehaussent la motivation de l’apprenant à comprendre et à apprendre, favorisant un discours réflexif lui permettant d’argumenter ses choix traductifs. Ce qui, du reste, n’est pas nouveau. Durieux (2007 : 50) affirmait déjà qu’« [u]ne fusion des inférences produites et des informations explicites s’opère, qui aboutit à la construction structurée d’un sens ». L’entraînement et la maîtrise de cette habileté jouent un rôle essentiel « dans la construction des représentations mentales inhérentes à la compréhension » (Auclair 2017 : 11).
Successivement, l’investissement de ce même concept dans des contextes multilingues amène à étudier, par exemple, la notion corrélée d’effet de levier (en anglais leverage, en italien effetto leva), ce qui éclaire le syntagme leveraged buy-out, à savoir un rachat avec recours à l’endettement. Effet de levier constitue, à son tour, une autre porte d’entrée privilégiée aux catégories de pensée et aux coordonnées de secteur.
Au terme de cette exploration, afin de pallier le caractère abstrait des notions financières, il s’avère motivant d’investir les connaissances spécialisées acquises dans des situations d’actualité, comme c’est le cas du rachat de Twitter par Elon Musk, à la une des journaux pendant le premier semestre 2022. Les apprenants les plus motivés se montrent à même de corréler l’éventuelle dégradation de la note de Tesla de la part des agences de notation au recours élevé à l’endettement par Elon Musk, susceptible de rompre l’équilibre entre endettement et Fonds Propres (exemple 1) et donc de fragiliser le bilan de la société. En conclusion, il est intéressant de remarquer qu’après environ trois-quatre semaines de cours (12-16 heures de cours), les termes classifieurs (EBITDA, EBIT, CA…), qui retenaient en début de cours toute l’attention des apprenants, ne constituent plus un problème ni de compréhension ni de traduction, le travail sur les portes d’accès aux connaissances spécialisées commençant à avoir une incidence positive sur la compréhension globale. C’est bien sur la transmission du message et sur sa fluidité qu’il faudra ensuite insister sur le plan didactique. Ainsi, la boucle sera bouclée.
L’exploration de notre corpus fait état d’autres termes qui pourraient constituer des portes d’accès privilégiées aux connaissances spécialisées. Prenons l’exemple des deux postes particuliers du bilan, créances clients et dettes fournisseurs, en référence, en particulier, aux sociétés de la grande distribution. Les questions auxquelles les apprenants sont appelés à répondre sont les suivantes : au niveau linguistique, quelle est la forme étendue des syntagmes brachylogiques créances clients et dettes fournisseurs ? Quelles peuvent être les créances clients pour les sociétés de la grande distribution dont les clients payent immédiatement leurs courses ? Et qu’en est-il des dettes fournisseurs ? L’inférence, doublée par l’exploration du corpus, joue ici un rôle clé permettant de découvrir qu’il ne s’agit pas des dettes contractées par les fournisseurs, mais plutôt des dettes à l’égard des fournisseurs. L’exploration de contextes bilingues montre que l’italien explicite et verbalise cette liaison par l’ajout de la préposition verso (envers, debiti verso fornitori). Or, la même préposition est utilisée dans le syntagme crediti verso clienti, mais dans la perspective contraire : dans ce cas, le français utilise créance, une somme que la société, contrairement à crédit, a le droit d’exiger de la part des clients. L’analyse de ce poste présuppose d’avoir tout d’abord relevé le défi représenté par l’analyse de créance par rapport à crédit, un binôme clé ainsi qu’un anisomorphisme de la langue spécialisée, un obstacle cognitif majeur pour les apprenants italiens au vu du seul terme credito présent dans la langue italienne. Après la visualisation de contextes qui éclairent les différences sémantiques, il s’avère motivant de proposer des activités de gap-filling ayant un lien avec la réalité de tous les jours : carte de * (crédit ou créance ?), établissement de * (crédit ou créance ?). Si ces questions peuvent sembler naïves et les réponses presque automatiques, il en va tout autrement pour l’argumentation du choix. Créance et crédit, ainsi que dettes, sont des portes d’accès privilégiées aux connaissances : les créances, par exemple, tissent des liens sur le plan du syntagme figé créances clients, les postes créances clients et dettes fournisseurs rendant transparente la représentation comptable des créances et des dettes, sous forme des schémas du type textuel états financiers ainsi que la dynamique financière de la grande distribution. Cette dernière est en effet constituée par des sociétés qui encaissent immédiatement, qui ont donc des créances clients très faibles, mais qui payent leurs fournisseurs (dettes fournisseurs) à 30, 60, 90 jours…
Les apprenants sont ensuite appelés à mettre de l’ordre dans la propagation quasi synonymique : en quoi une créance douteuse diffère-t-elle sémantiquement d’une créance irrécouvrable ? Ou bien à appréhender que l’italien, à côté de crediti dubbi, possède aussi incagli et partite incagliate. À la fin de l’activité en classe, les différentes suggestions sont validées par les apprenants sur la base de leur analyse sémantique et synthétisées au tableau par le formateur sous forme de cartographie notionnelle.
Le défi thématique reste donc ouvert. En premier lieu, il s’agit de créer un lien entre traduction spécialisée et sous-compétence thématique, et d’enseigner le parcours pour accéder à cette dernière en tant que compétence transférable (Kopczynska 2015), ce qui permettra aux apprenants de « s’accorder sur l’évolution de la profession » (Fiola 2003 : 340). En deuxième lieu, de coconstruire un savoir spécialisé (pendant la période en formation, ce sera avec l’aide du formateur spécialiste du domaine ; dans la vie professionnelle, avec celle de l’expert, des collègues, de la formation continue). Du reste, la co-construction du savoir spécialisé trouve un terrain propice dans les enseignements de Rochard sur la méthodologie de la rétroconception dont les prémisses résident dans l’analyse de la « logique du texte source et de son auteur » (Rochard 2006 : 112). À la question « C’est quoi traduire ? », Bulger et Rochard répondent :
le traducteur se transforme en enquêteur, à la recherche du moindre indice dans le texte, qui va suivre les pistes qui s’ouvrent à lui en faisant des hypothèses, qu’il va vérifier, jusqu’à ce qu’il ait reconstitué le message de l’auteur dans toute sa logique. C’est l’application de la théorie de l’enquête du criminologue, philosophe et pédagogue américain, John Dewey.
Bulger et Rochard 2021
Dans un univers traductionnel où prime la disponibilité de l’information – quoique cela ne fasse qu’augmenter la responsabilité relative à la pertinence des documents utilisables au point que, comme l’écrit Pym, « translating activity is enhanced in its generative moment, yet potentially retarded in the moment of selection, where the values of intuition and text flow become difficult to recuperate » (Pym 2011 : 1) – la complexité a de fortes chances d’être occultée par une technologie hypersimplifiante. Or, c’est bien sur un enseignement qui concilie traduction et connaissances spécialisées, sur fond de connaissances linguistiques préalables, et s’attaque à ses spécificités directement en classe, un enseignement centré sur l’apprenant, selon les recommandations du processus de Bologne, que devrait se concentrer la didactique de la traduction économique et financière. Une didactique que l’irréversibilité du choix technologique n’a fait que mettre en exergue et qui s’avère loin d’être passéiste, mais plutôt bénéfique et proactive.
8. Conclusion
Nous pensons que, face à la complexité du domaine financier et des textes y afférents, l’objectif de la didactique de ce type de traduction devrait être avant tout de sensibiliser les apprenants en formation à l’enjeu cognitif qu’elle représente, leur permettant ainsi d’appréhender l’alignement nécessaire aux compétences requises par cette spécialisation. Ouvrir des portes sur la complexité, privilégier les notions qui donnent accès aux connaissances spécialisées, enseigner à coconstruire son savoir en autonomie devraient être les objectifs permanents d’une formation qui s’inscrit dans une perspective de co-construction du savoir : une formation qui se révèle continuellement en phase avec l’essor technologique et constitue donc un gage pour l’avenir de la profession.
La technologie constitue sans doute un levier incontournable dans l’évolution de la profession : comme le constate Pym, « [t]he technology, for better or for worst, is here to stay » (Pym 2011 : 5). Il est tout aussi vrai que la TA, par exemple, amène à segmenter du texte en unités rigides, ce qui pose le problème des frontières de la phrase, et à privilégier les aspects terminologiques, au détriment des problématiques de la cohésion et de la cohérence, cette dernière étant une dimension conceptuelle et par conséquent thématique. D’où le retour à une formation qui reconnaît la centralité de la dimension cognitive, laquelle situe les notions dans des cadres plus amples. Si la didactique a certainement de beaux jours devant elle, il n’en reste pas moins qu’elle a aussi une grande responsabilité.
Parties annexes
Notes
-
[*]
Dans ce document, le genre masculin est utilisé comme générique, dans le seul but de ne pas alourdir le texte.
-
[1]
De Falco (2014 : 4-11. propose une longue liste des acteurs de la traduction financière, parmi lesquels nous trouvons les sociétés industrielles, les établissements bancaires, les sociétés de conseil, entre autres, les institutions publiques, les organismes de surveillance des marchés, les banques centrales, les institutions supranationales (UE, Banque des règlements internationaux, BCE) ainsi que les cabinets d’avocats et ce qu’il qualifie de financial printers (RR Donnelly, Merrill Brink, etc.). L’auteur liste également les sous-domaines suivants : commerce international, droit du commerce, droit de la faillite, droit tributaire, économie, économie et finance d’entreprise, finance publique, placements, marché financier, macro-économie, marketing, droit bancaire, gestion d’entreprise, gestion opérationnelle, stratégie d’entreprise, comptabilité, audit.
-
[2]
EMT Board (2017) : European master’s in translation : Competence framework 2017. Bruxelles : European Commission ; EMT Expert Group (2009) : Competences for professional translators, experts in multilingual and multimedia communication. Bruxelles : European Commission.
-
[3]
À ce propos, après avoir étudié les références citées par les chercheurs en didactique de la traduction économique français/espagnol, Gallego Hernández (2008 : 119) affirme que « [l]os investigadores y publicaciones más citados por los autores del corpus reflejan que el grueso de la bibliografía que manejan es traductológica. Solo cuando se estudian determinados temas, como el de la metáfora o la terminología, aparecen referencias a trabajos no traductológicos entre los más citados. Llama la atención que, pese a que la traducción económica es un tipo de traducción de textos especializados en un ámbito concreto, no figuren en estos listados ni autores ni referencias sobre economía, comercio o finanzas propiamente dichas ».
-
[4]
Dans une étude portant sur les publications exclusivement de traducteurs professionnels pour le secteur de l’économie et la finance, Gallego Hernández (2023) révèle que plusieurs traducteurs « explicitan la necesidad de invertir tiempo y dinero para seguir formándose a través de ferias, salones o eventos similares, así como cursos específicos ».
-
[5]
Pym, loin de prôner le retour à une situation d’avant la technologie, souligne que l’un des avantages de l’essor technologique est le dialogue interactif qui s’instaure parmi une multiplicité de prestataires de services (Pym 2011 : 6-7).
-
[6]
Les autres macro-secteurs indiqués par Durban sont les suivants : l’analyse financière (comme dans le cas, par exemple, de l’activité de conseil à l’égard des investisseurs), les opérations financières et la technique financière (Durban 2005 : 63-65).
-
[7]
Cette intervention s’inscrit dans le cadre de l’activité du Laboratoire de traduction spécialisée du DIT.
-
[8]
Le nombre total de mots est de 93 494. Les textes ici réunis concernent Casino, Carrefour et Auchan.
-
[9]
Bulger, Anthony et Rochard, Michel (2021) : Michel Rochard – linguiste du mois de juin 2021, entretien exclusif. Le mot juste en anglais. Consulté le 14 septembre 2022, <www.le-mot-juste-en-anglais.com/2021/06/le-linguiste-du-mois-juillet-2021-michel-rochard-est-dipl%C3%B4m%C3%A9-de-traduction-et-dinterpr%C3%A9tation-de-liaison-du-fas-germ.html>.
-
[10]
Pour le traitement des notions complexes, Gelpí (2015) propose d’avoir recours aux questions Q, à savoir quién, qué, cómo, cuándo, dónde.
-
[11]
BootCat est un programme qui permet de construire un corpus de textes en ligne sur la base de mots clés (seeds). Consulté le 15 février 2023, <http://bootcat.dipintra.it/>.
-
[12]
Le texte complet du Communiqué de presse Auchan est disponible à l’adresse suivante : <www.rayon-boissons.com/actu-flash/distribution-le-chiffre-d-affaires-du-groupe-auchan-en-france-progresse-de-2-2-en-2012-23697> (consulté le 14 février 2023).
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