Volume 57, numéro 2, automne 2024 Frontières Sous la direction de Karine Côté-Boucher, Luna Vives, Adèle Garnier et Mireille Paquet
Sommaire (14 articles)
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Introduction. Frontières : entre criminologie et interdisciplinarité
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Lorsque le contrôle des migrations prend le pas sur la sauvegarde de la vie en mer : l’émergence des frontières dans la zone de responsabilité SAR espagnole
Arnaud Banos, Luna Vives, Camille Martel, Elizabeth Hessek et Kira Williams
p. 27–55
RésuméFR :
Selon les conventions internationales régissant le sauvetage en mer, les frontières maritimes ne doivent pas interférer avec les opérations de sauvetage en mer, la sauvegarde de la vie en mer étant définie comme prioritaire. Pourtant, depuis 2015 et dans le contexte spécifique des migrations par voie maritime, le respect des conventions sur la recherche et le sauvetage maritimes (SAR) par les États signataires passe souvent au second plan, supplanté par des enjeux de souveraineté nationale focalisés sur le double contrôle des frontières et du flux migratoire. Cette interférence des frontières avec les principes fondamentaux du sauvetage en mer s’insère toutefois dans un processus plus large d’externalisation des frontières et de militarisation du sauvetage en mer. L’objectif de cet article est de préciser les transformations de ce dispositif complexe, à partir des exemples de la mer d’Alboran, du détroit de Gibraltar et de la route des Canaries, pour lesquels nous disposons de données géolocalisées de toutes les opérations de sauvetage en mer réalisées par la Sociedad Estatal de Salvamento y Seguridad Marítima (SASEMAR ; la compagnie publique responsable des opérations de sauvetage dans la zone de responsabilité espagnole) sur la période 2015-2021. Sur cette base empirique, nous montrons l’émergence progressive de la frontière dans les opérations de sauvetage en mer menées dans ces deux zones maritimes et le rôle grandissant du Maroc à partir de l’année 2018.
EN :
International conventions governing maritime rescue stipulate that territorial and jurisdictional boundaries at sea must not interfere with rescue operations, with the safeguarding of life at sea defined as the priority. However, since 2015 and in the specific context of migration by sea, compliance with SAR conventions by signatory states has often taken a back seat, being supplanted by issues of national sovereignty focused on the dual control of borders and migratory flows. This interference in the fundamental principles of rescue at sea by borders is also part of a wider process of border externalization and maritime rescue militarization. This article describes the transformations of this complex arrangement, using the examples of the Alboran Sea, the Strait of Gibraltar, and the Canary route, for which we have geolocated data of all sea rescue operations carried out by SASEMAR (the public company responsible for rescue operations in the Spanish area of responsibility) for the 2015-2021 period. On this empirical basis, we reveal the gradual emergence of the border in sea rescue operations carried out in these two maritime zones, as well as the growing role of Morocco from 2018 onwards.
ES :
Los convenios internacionales que regulan el salvamento marítimo establecen que las fronteras territoriales y jurisdiccionales en el mar no deben interferir en las operaciones de salvamento, definiendo como prioridad la salvaguarda de la vida en el mar. Sin embargo, desde 2015 y en el contexto específico de la migración por mar, el cumplimiento de las convenciones SAR por parte de los Estados signatarios ha pasado a menudo a un segundo plano, siendo suplantado por cuestiones de soberanía nacional centradas en el doble control de las fronteras y los flujos migratorios. Esta injerencia en los principios fundamentales del salvamento marítimo por las fronteras también forma parte de un proceso más amplio de externalización de las fronteras y militarización del salvamento marítimo. Este artículo describe las transformaciones de este complejo dispositivo, utilizando los ejemplos del mar de Alborán, el estrecho de Gibraltar y la ruta de Canarias, para los que disponemos de datos geolocalizados de todas las operaciones de salvamento marítimo llevadas a cabo por SASEMAR (la empresa pública responsable de las operaciones de salvamento en el área de responsabilidad española) para el periodo 2015-2021. Sobre esta base empírica, revelamos la progresiva emergencia de la frontera en las operaciones de salvamento marítimo realizadas en estas dos zonas marítimas, así como el creciente protagonismo de Marruecos a partir de 2018.
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Crise migratoire et européanisation du contrôle frontalier : de la « crise des migrants » à ses effets sur la gouvernance européenne des frontières. Le cas de la Grèce
Nikolas Kouloglou et Ouassim Hamzaoui
p. 57–82
RésuméFR :
Les frontières extérieures de l’Union européenne (UE) semblent, à la suite de ladite « crise des migrants » dont le climax est atteint au printemps 2015, se trouver dans une situation sans précédent – ou du moins historique. Les flux migratoires provoqués par les différents conflits et situations politiquement instables au Proche- et au Moyen-Orient donnent une saillance toute particulière à la question du trafic des migrants et à la stratégie d’« externalisation » du contrôle des frontières européennes.
À partir d’une campagne d’entretiens semi-directifs conduits en 2022 et en 2023 auprès d’acteurs de premier plan issus d’une part de la police et des garde-côtes helléniques, et d’autre part d’agences européennes (Europol et Frontex), l’article vise à montrer comment, par-delà la rhétorique de l’urgence, les dispositions prises et les dispositifs mis en oeuvre lors de la « crise des migrants » ont non seulement renforcé l’agencification européenne et conduit à un alignement d’institutions et d’action publique de l’État grec sur le paradigme de sécurisation migratoire promue par l’UE, mais ils ont également normalisé, dans les dispositifs de contrôle que sont les hotspots, un partage de l’exercice de la souveraineté sur la frontière, entre l’État grec et les agences européennes ; un partage qui s’appuie sur — et produit notamment — un accroissement de l’intégration informationnelle.
EN :
In the aftermath of the so-called “migrant crisis,” which peaked in 2015, the European Union’s (EU) external borders found themselves in an unprecedented, potentially even historic, situation. The migratory flows resulting from the various conflicts and politically unstable situations occurring in the Near and Middle East significantly highlighted the issue of migrant smuggling, as well as the strategy of “externalizing” European border control.
Drawing upon a series of semi-structured interviews conducted between 2022 and 2023 with key actors from both the Hellenic police and coast guard, as well as European agencies (Europol and Frontex), this article aims to illustrate how, beyond the rhetoric of urgency, the measures taken and implemented during the “migrant crisis” not only strengthened the agencification of European border management, but also resulted in the institutional and public actions of the Greek state becoming aligned with the EU’s migration security paradigm. Particularly in the case of hotspots, these measures additionally normalized the Greek state and European agencies exercising a shared sovereignty over the border. This sharing is grounded in an increased level of information integration, which it also continues to result in.
ES :
Tras la llamada « crisis de los migrantes », que alcanzó su punto álgido en la primavera de 2015, las fronteras exteriores de la UE parecen encontrarse en una situación sin precedentes -o al menos histórica-. Los flujos migratorios desencadenados por los diversos conflictos y situaciones de inestabilidad política en Oriente Próximo y Oriente Medio están dando especial relevancia a la cuestión del tráfico ilícito de migrantes y a la estrategia de « externalización » del control de las fronteras europeas.
Basándose en una serie de entrevistas semiestructuradas realizadas en 2022-2023 a actores clave de la policía y los guardacostas helenos, por un lado, y de las agencias europeas (Europol y Frontex), por otro, este artículo pretende mostrar cómo, más allá de la retórica de la urgencia, las medidas adoptadas y aplicadas durante la « crisis de los migrantes » han no sólo reforzado la agenciación europea y llevado al alineamiento de la acción institucional y pública del Estado griego con el paradigma de aseguramiento de la migración promovido por la UE, sino también normalizado, en los dispositivos de control que son los puntos de acogida, un reparto del ejercicio de la soberanía sobre la frontera entre el Estado griego y las agencias europeas ; un reparto que se basa y produce, en particular, un aumento de la integración informativa.
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Massacrer pour rasseoir l’ordre migratoire : race, masculinités et impunité aux frontières de Ceuta et de Melilla
Elsa Tyszler
p. 83–108
RésuméFR :
À la frontière de Melilla, le massacre du 24 juin 2022, perpétré par des forces marocaines et espagnoles, a provoqué la mort d’au moins 27 personnes et la disparition de plus de 70 autres, a fait plusieurs centaines de blessés et au moins 100 prisonniers. Pour tenter de comprendre ces évènements qui s’ancrent dans un continuum de violences antimigratoires qui perdure en toute impunité depuis deux décennies, il faut replacer cette frontière dans sa matrice raciale et décrypter les rapports de genre en jeu. Se basant sur un long travail ethnographique mené entre 2015 et 2017, et sur une contre-enquête collective réalisée en 2023, le présent article dissèque la violence sous le prisme des rapports de race et de genre. Cette approche permet de comprendre que la reproduction constante de masculinités guerrières autour de la frontière, pour la défendre ou protester contre elle, a fait augmenter, année après année, l’intensité de la violence envers les migrants Noirs jusqu’à aujourd’hui. Cet affrontement perpétuel de masculinités militarisées à la frontière, engendré par les politiques migratoires européennes, espagnoles, et leur externalisation au Maroc, a renforcé un ordre raciste qui, inéluctablement, continue de semer la mort sans parvenir à étouffer complètement les résistances.
EN :
The June 24, 2022, massacre perpetrated by Moroccan and Spanish forces at the Melilla border resulted in the deaths of at least 27 individuals and the disappearance of more than 70 others, as well as several hundred injuries and at least 100 people being imprisoned. To attempt to make sense of these events, which are part of a continuum of antimigratory violence that has continued with impunity for two decades, requires locating this border in its racial matrix and deciphering the gender relations at play. Based on extensive ethnographic work carried out between 2015 and 2017, and on a collective counter-survey carried out in 2023, this article dissects the violence through the prism of race and gender relations. This approach enables an understanding whereby the constant reproduction of warrior masculinities around the border in defence of, and in protest of it, has increased the intensity of violence against black migrants year after year, up to the present day. This perpetual confrontation of militarized masculinities at the border, engendered by European and Spanish migration policies and their outsourcing to Morocco, has reinforced a racist order that inevitably continues to sow death, without succeeding in stifling resistance.
ES :
En la frontera de Melilla, la masacre del 24 de junio de 2022, perpetrada por fuerzas marroquíes y españolas, se saldó con la muerte de al menos 27 personas, la desaparición de más de 70, varios centenares de heridos y al menos 100 detenidos. Para tratar de entender estos hechos, que forman parte de un continuum de violencia antimigratoria que se prolonga impunemente desde hace dos décadas, es necesario situar esta frontera en su matriz racial y descifrar las relaciones de género que están en juego. Basado en un extenso trabajo etnográfico realizado entre 2015 y 2017, y en una contraencuesta colectiva realizada en 2023, este artículo disecciona la violencia a través del prisma de las relaciones de raza y género. Este enfoque permite comprender que la reproducción constante de masculinidades guerreras en torno a la frontera, en defensa de la misma y en protesta contra ella, ha incrementado la intensidad de la violencia contra las personas migrantes Negras año tras año, hasta nuestros días. Esta perpetua confrontación de masculinidades militarizadas en la frontera, engendrada por las políticas migratorias europeas y españolas y su externalización a Marruecos, ha reforzado un orden racista que inevitablemente sigue sembrando la muerte, sin conseguir sofocar las resistencias.
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Contenir la proximité : la sécuritisation de l’espace frontalier égypto-palestinien
Sarah Daoud
p. 109–134
RésuméFR :
L’espace frontalier égypto-palestinien est marqué par des reconfigurations politiques et territoriales qui résultent en partie de changements de perceptions des régimes égyptiens successifs vis-à-vis de cette zone. En raison de la proximité territoriale, principalement, il est associé à un enjeu pour la sécurité nationale égyptienne et représente une menace en partie construite. Pourtant, la frontière égypto-palestinienne a historiquement été perméable et a constitué un espace d’interactions entre les populations palestiniennes et du Nord Sinaï.
La victoire législative du Hamas en 2006 et la prise de contrôle de Gaza par le parti islamiste palestinien en 2007, puis l’arrivée au pouvoir du maréchal al-Sissi, ont entraîné un glissement paradigmatique : le territoire palestinien voisin est désormais exclusivement perçu par le régime égyptien comme un risque intérieur. Dès lors, les acteurs sécuritaires et l’armée égyptienne s’emploient à contenir la proximité avec le territoire palestinien, en déployant des politiques sécuritaires dans la zone frontalière avec la bande de Gaza dans le but de fortifier la frontière. Le point de passage de Rafah, unique sortie pour les Palestiniens de Gaza depuis l’imposition du siège israélien sur l’enclave, s’est ainsi progressivement transformé en verrou, réduisant considérablement la mobilité des Palestiniens de Gaza. Ces derniers sont en outre l’objet d’une industrie migratoire opérée par des acteurs publics et privés égyptiens, lesquels ont développé un commerce lucratif. Les régimes de restrictions et la privatisation croissante de la frontière s’étendent au Nord du Sinaï, territoire qui fait également l’objet d’une sécuritisation.
EN :
The Egyptian-Palestinian border area is marked by political and territorial reconfigurations, partly resulting from shifting perceptions of the area by successive Egyptian regimes. Primarily due to its territorial proximity, it is also regarded as an Egyptian national security issue, representing a partially constructed threat. Despite this, the Egyptian-Palestinian border was historically permeable, providing a space for interaction between the Palestinian and North Sinai populations.
The 2006 Hamas legislative victory and the 2007 takeover of Gaza by this Palestinian Islamist party, followed by the arrival in power of Field Marshal al-Sissi in Egypt, however led to a paradigm shift, with the neighbouring Palestinian territory now being exclusively perceived as an internal risk by the Egyptian regime. From then onwards, the Egyptian army and security forces worked to contain their proximity to the Palestinian territory, deploying security policies in the Gaza Strip’s border zone with the objective of fortifying the border. The Rafah crossing, the sole exit for Palestinians from Gaza since the imposition of the Israeli siege on the enclave, has thus gradually been locked down, considerably reducing the mobility of Palestinians from Gaza. Palestinians in Gaza are also subject to a migration industry operated by Egyptian public and private actors, who have developed a lucrative trade. Restrictive regimes and the increasing privatization of the border extend to North Sinai, a territory which is also undergoing a process of securitization.
ES :
La zona fronteriza egipcio-palestina está marcada por reconfiguraciones políticas y territoriales que son en parte el resultado de cambios en las percepciones de los sucesivos regímenes egipcios hacia esta zona. Debido principalmente a su proximidad territorial, se asocia a un desafío para la seguridad nacional egipcia y representa una amenaza en parte construida. Sin embargo, la frontera egipcio-palestina ha sido históricamente permeable y ha constituido una zona de interacción entre la población palestina y la del norte del Sinaí.
La victoria legislativa de Hamás en 2006 y la toma de Gaza por el partido islamista palestino en 2007, seguidas de la llegada al poder del mariscal al-Sissi, provocaron un cambio de paradigma: el vecino territorio palestino es visto ahora exclusivamente por el régimen egipcio como un riesgo interno. Como consecuencia, las fuerzas de seguridad y el ejército egipcio se esfuerzan por contener la proximidad con el territorio palestino, desplegando políticas de seguridad en la zona fronteriza con la Franja de Gaza con el objetivo de fortificar la frontera. El paso fronterizo de Rafah, única salida para los palestinos de Gaza desde la imposición del asedio israelí al enclave, se ha convertido gradualmente en una esclusa, lo que ha reducido considerablemente la movilidad de los palestinos de Gaza. Dichos palestinos también están sometidos a una industria de la migración operada por agentes públicos y privados egipcios, que han desarrollado un lucrativo comercio. Los regímenes restrictivos y la creciente privatización de la frontera se extienden al norte del Sinaí, un territorio que también está siendo securitizado.
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La frontière étatique, terme de l’aide humanitaire ? Une analyse du droit en action
Bastien Charaudeau Santomauro
p. 135–159
RésuméFR :
Depuis la décision du Conseil constitutionnel français du 6 juillet 2018 sur la « fraternité », un acte humanitaire désintéressé est licite s’il est cantonné au territoire national et illicite s’il constitue une aide à l’entrée irrégulière sur ce territoire. C’est ainsi la frontière-ligne qui permet de déterminer la licéité d’un acte humanitaire. Cette survivance d’une catégorie de ligne frontalière interpelle en ce qu’elle contraste avec les analyses ayant démontré l’épaisseur et la mobilité de la frontière. Le présent article propose de prendre cette catégorie au sérieux en examinant à la fois la fonction qui lui est donnée dans le droit et les effets qu’elle produit une fois mise en oeuvre sur le terrain, à la frontière franco-italienne, vis-à-vis de la criminalisation des actes humanitaires. La méthode adoptée est celle de l’ethnographie juridique, qui consiste à considérer la technicité du droit tout en observant son opérationnalisation empirique. Cette approche permet d’exposer un double mécanisme lié à l’usage de la ligne frontalière. D’un côté, pour les aidants, la ligne se voit imposée comme une limite à ne pas franchir tandis que les dangers de la montagne sont indifférents à cette démarcation, ce qui remet en question le positionnement des bénévoles. De l’autre, par un certain usage de la procédure pénale, les acteurs de la criminalisation parviennent à reproduire l’épaisseur de la frontière pour sanctionner des actes réalisés dans l’espace frontalier même sans franchissement de frontière. Cela s’explique par l’ambiguïté pratique de la frontière qui neutralise la tentative des juges constitutionnels de protéger une liberté sur la base d’une distinction tenant sur une conception linéaire de la frontière.
EN :
Since the July 6 2018 French constitutional decision regarding the principle of “fraternity,” a selfless humanitarian act has been lawful if confined to the national territory, but unlawful if it constitutes an aid to irregular entry into that territory. Judges have thus employed the borderline category to distinguish a lawful humanitarian act (within the territory) from an unlawful one (involving crossing a border). This survival of the borderline category raises questions, as it contrasts with the numerous analyses that have demonstrated the thickness and mobility of the border. This article proposes a careful examination of the borderline category, undertaken through the analysis of both the function given to it in law, as well as the effects it produces once implemented in the field, at the French-Italian border, with regard to the criminalization of humanitarian acts. The employed method is that of legal ethnography, which considers the technicality of the law while observing its on-the-ground operationalization. This approach reveals a dual mechanism linked to the use of the borderline. On the one hand, from the perspective of volunteers, the line is imposed in the field as a limit not to be crossed, with the dangers of the mountain meanwhile indifferent to this demarcation, which in turn calls into question volunteers’ individual and collective positioning. On the other hand, fieldwork reveals that the actors of criminalization, through a certain use of criminal procedure, manage to reproduce the thickness of the border to punish acts carried out in the border area even when it has not been crossed. This is due to the practical ambiguity of the border, which neutralizes the attempt by constitutional judges to protect certain humanitarian acts based on a distinction dependent on a linear conception of the border.
ES :
Según la decisión del Consejo Constitucional francés de 6 de julio de 2018 sobre la «fraternidad», un acto humanitario desinteresado es lícito si se limita al territorio nacional e ilícito si constituye una ayuda a la entrada ilegal en dicho territorio. Se trata pues de una línea fronteriza que permite determinar la licitud de un acto humanitario. La pervivencia de esta categoría de línea fronteriza es sorprendente en la medida en que contrasta con los análisis que han demostrado el espesor y la movilidad de la frontera. Este artículo propone tomar en serio esta categoría examinando tanto la función que se le atribuye en derecho como los efectos que produce cuando se aplica sobre el terreno, en la frontera franco-italiana, en materia de criminalización de actos humanitarios. El método adoptado es el de la etnografía jurídica, que consiste en considerar la naturaleza técnica del derecho observando al mismo tiempo su operacionalización empírica. Este enfoque revela un doble mecanismo vinculado al uso de la línea fronteriza. Por un lado, para aquellos que dan asistencia, la línea se impone como un límite que no se debe traspasar, mientras que los peligros de la montaña son indiferentes a esta demarcación, lo que pone en tela de juicio la posición de los voluntarios. Por otra parte, mediante un cierto uso del procedimiento penal, los implicados en la criminalización consiguen reproducir el espesor de la frontera para castigar los actos realizados en la zona fronteriza aunque no se haya cruzado la frontera. Esto se explica por la ambigüedad práctica de la frontera, que neutraliza el intento de los jueces constitucionales de proteger una libertad a partir de una distinción basada en una concepción lineal de la frontera.
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Mettre les frontières en nombre : éléments de genèse de la quantification de l’irrégularité aux frontières de l’Union européenne
Pauline Adam et Julien Jeandesboz
p. 161–187
RésuméFR :
En l’espace d’une quinzaine d’années, entre le début des années 1990 et le milieu des années 2000, un réseau d’acteurs opérant au sein des institutions de l’Union européenne va construire un dispositif transnational visant à mettre en nombre, mesurer et comparer différents aspects de l’irrégularité aux frontières des États membres. L’article présente une enquête historique inédite de ce dispositif, étudié à partir d’un de ses points d’émergence, le Centre d’information, de réflexion et d’échanges en matière de franchissement des frontières et d’immigration (CIREFI), créé en 1992 et démantelé en 2010 après sa fusion avec l’agence Frontex. Alors que la construction statistique de l’irrégularité n’a que peu retenu l’attention des études sur les frontières, cette recherche révèle les différentes opérations qui permettent la production de ces statistiques grâce à l’analyse d’un corpus d’archives au travers d’outils théoriques et méthodologiques issus de la sociohistoire de la quantification et des études criminologiques.
EN :
In the space of a decade and a half, between the early 1990s and the mid-2000s, a network of actors operating within the institutions of the European Union (EU) established a transnational device designed to quantify, measure and compare various aspects of irregularity at the external borders of Member States. This article presents an original historical survey of this device by investigating one of its points of emergence, the Centre for Information, Discussion and Exchange on the Crossing of Frontiers and Immigration (CIREFI). Established in 1992, the CIREFI was discontinued in 2010 when its operations were transferred to the Frontex agency. While the processes that led to the statistical construction of irregularity have received little attention in border studies, this research reveals the various activities involved in the production of such statistics through the analysis of archives using theoretical and methodological tools derived from both the sociohistory of quantification and criminological studies.
ES :
En el espacio de quince años, entre principios de la década de 1990 y mediados de la década de 2000, una red de actores que operaban en el seno de las instituciones de la Unión Europea construyó un sistema transnacional destinado a cuantificar, medir y comparar distintos aspectos de las irregularidades en las fronteras de los Estados miembros. Este artículo presenta un estudio histórico original de este sistema, basado en uno de sus puntos de surgimiento, el Centro de información, reflexión e intercambio en materia de cruce de fronteras e inmigración (CIREFI, por sus siglas en francés), creado en 1992 y desmantelado en 2010 tras su fusión con la agencia Frontex. Si bien la construcción estadística de la irregularidad ha recibido poca atención en los estudios sobre las fronteras, esta investigación revela las diversas operaciones implicadas en la producción de estas estadísticas mediante el análisis de un corpus de archivos utilizando herramientas teóricas y metodológicas derivadas de la sociohistoria de la cuantificación y de los estudios criminológicos.
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La double peine des non-citoyens au Canada : étude des rôles des juges du système de justice pénale à la lumière des interdictions de territoire pour motif de criminalité
Meritxell Abellan-Almenara, Karine Côté-Boucher et Chloé Leclerc
p. 189–216
RésuméFR :
Les sections 36(1) et 36(2) de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR) établissent les critères pour qu’un non-citoyen trouvé coupable d’une infraction criminelle au Canada soit déclaré interdit de territoire pour motif de (grande) criminalité. Cet article conceptualise ces interdictions de territoire comme une double peine pour les non-citoyens et comme un acte d’internalisation de la frontière canadienne, et soutient que les juges du système de justice pénale ont acquis le pouvoir de (dé)construire cette frontière. Sur la base d’une analyse jurisprudentielle de 59 décisions écrites par les cours municipales et la Cour du Québec entre 2002 et 2023, l’étude s’intéresse à la façon dont les juges du système de justice pénale conçoivent leur rôle à la lumière d’un tel pouvoir. Les résultats suggèrent que les juges du système de justice pénale se divisent en trois grands groupes selon la conception qu’ils ont de leur rôle : si certains juges acceptent et intègrent dans leur processus décisionnel le pouvoir de contribuer à la construction, le maintien ou le démantèlement de la frontière, d’autres font des efforts pour justifier pourquoi ils refusent de l’intégrer. L’article conclut que le pouvoir donné aux juges du système pénal par la LIPR a transformé la pénalité canadienne à travers non seulement la modification des mesures qui sont imposées par le système, mais aussi et surtout à travers la modification des pratiques des acteurs qui en font partie.
EN :
Sections 36(1) and 36(2) of the Immigration and Refugee Protection Act set out the criteria for a non-citizen convicted of a criminal offence in Canada to be declared inadmissible on grounds of (serious) criminality. This article conceptualizes these inadmissibilities as both a double punishment for non-citizens, as well as an act of internalization of the Canadian border, while also arguing that judges in the criminal justice system have acquired the power to (de)construct Canadian borders. Based on a jurisprudential analysis of 59 decisions written by municipal courts and the Cour du Québec between 2002 and 2023, the study examines how judges in the criminal justice system perceive their role in light of such power. The results suggest that judges in the criminal justice system fall into three broad groups based on their conception of their judicial role, with some accepting and integrating into their decision-making the power to contribute to the construction, maintenance or dismantling of the border, and others going to great lengths to justify why they refuse to do so. The article concludes that the power granted to judges in the criminal justice system by the Immigration and Refugee Protection Act has transformed the Canadian criminal justice system, not only by modifying the measures it imposes, but also, and above all, by modifying the practices of the actors involved.
ES :
Las secciones 36(1) y 36(2) de la Ley de Inmigración y Protección de los Refugiados establecen los criterios para que un no ciudadano condenado por un delito en Canadá sea declarado inadmisible por motivos de criminalidad. Conceptualizando este tipo de inadmisibilidad como una doble pena para los no ciudadanos, así como un acto de internalización de la frontera canadiense, este artículo argumenta que los jueces del sistema de justicia penal han adquirido el poder de (de)construir las fronteras canadienses. Basándose en un análisis jurisprudencial de 59 decisiones escritas por los tribunales municipales y por la Cour du Québec entre 2002 y 2023, el artículo examina cómo los jueces del sistema de justicia penal perciben su papel a la luz de dicho poder de (de)construcción de las fronteras. Los resultados sugieren que los jueces del sistema de justicia penal se dividen en tres grandes grupos en función de la concepción que tienen de su rol : unos aceptan e integran en su toma de decisiones el poder de contribuir a la construcción, el mantenimiento o el desmantelamiento de la frontera, mientras que otros se esfuerzan por justificar por qué se niegan a hacerlo. El artículo concluye que el poder otorgado a los jueces del sistema de justicia penal por la Ley de Inmigración y Protección de los Refugiados ha transformado el sistema de justicia penal canadiense, no sólo modificando las medidas impuestas por el sistema, sino modificando también y sobre todo las prácticas de los actores de dicho sistema.
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Expériences de franchissement de frontières et migration « irrégulière » : récits et parcours migratoires de mineurs non accompagnés en France et en Suisse
Olivier Chavanon, Estibaliz Jimenez, Théogène-Octave Gakuba, Sylvia Garcia Delahaye, Mohamed-Walid Benyezzar et Corina Borri-Anadon
p. 217–241
RésuméFR :
Dans un contexte mondial d’augmentation des mobilités et de la migration des personnes, les mineurs non accompagnés (MNA) fuient généralement des situations précaires et souvent dangereuses, dont la violence organisée et la guerre. Les projets de départ répondent à des vécus singuliers et localement situés auxquels se mêlent des aspirations multiples (personnelles, familiales, communautaires, etc.) visant l’amélioration des conditions d’existence. Les traumatismes et formes de victimisations vécus par certains dans leur pays d’origine et lors des franchissements irréguliers des frontières peuvent s’aggraver lors de leur arrivée au pays de destination du fait des politiques d’asile restrictives. De plus, en raison de la séparation familiale, des exigences d’adaptation immédiate aux contextes d’accueil et de la vulnérabilité liée à la difficile et aléatoire reconnaissance de leur statut de mineur, les MNA sont exposés à différents risques. Dans ce contexte de précarité, de vulnérabilité et de risque d’exclusion et de victimisation, la prise en charge et la protection des MNA doivent être rapides et efficaces afin de leur offrir un environnement stable et sécuritaire et de permettre leur insertion dans la société d’accueil.
À partir de récits de jeunes MNA de diverses origines (Afghanistan, Guinée, Mali, Burkina Faso, Érythrée, Somalie, Algérie, Maroc, Tunisie, etc.) arrivés en France et en Suisse, cet article s’intéresse aux expériences de l’exil, et plus particulièrement à l’expérience du franchissement des frontières dans leurs diverses dimensions (visibles et invisibles) lors des différentes phases de leur parcours migratoire.
EN :
In the global context of increasing mobility and migration, unaccompanied minors (UM) generally flee precarious and frequently dangerous situations, including organized violence and war. Their plans to leave represent a response to individual and locally-situated experiences, combined with numerous aspirations (personal, familial, communal, etc.) aimed at improving their living conditions. The traumas and forms of victimization experienced by certain UM in their country of origin and when crossing borders illegally can be exacerbated upon their arrival in their destination country, due to restrictive reception policies. In addition, as a result of family separation, the need to adapt immediately to a host environment and the vulnerability associated with the difficulty and uncertainty of having their status as minors recognized, UM are exposed to various risks. In this context of precariousness, vulnerability and risk of exclusion and victimization, the care and protection of UM must occur swiftly and effectively in order to offer them a stable and secure environment and enable them to integrate into the host society.
Based on the accounts of young UM of various origins (Afghanistan, Guinea, Mali, Burkina Faso, Eritrea, Somalia, Algeria, Morocco, Tunisia, etc.) who arrived in France and Switzerland, this article looks at the experiences of exile, and more specifically at the experience of crossing borders in their various dimensions (visible and invisible) during the different phases of their migratory journey.
ES :
En un contexto global de creciente movilidad y migración, los menores no acompañados (MENA) suelen huir de situaciones precarias y a menudo peligrosas, como la violencia organizada y la guerra. Sus planes de salida responden a experiencias individuales y localmente situadas, combinadas con múltiples aspiraciones (personales, familiares, comunitarias, etc.) dirigidas a mejorar sus condiciones de vida. Los traumas y formas de victimización que sufren algunas personas en su país de origen y al cruzar ilegalmente las fronteras pueden agravarse cuando llegan a su país de destino como consecuencia de las políticas restrictivas de asilo. Además, debido a la separación familiar, a la necesidad de adaptarse inmediatamente al entorno de acogida y a la vulnerabilidad asociada al difícil e incierto reconocimiento de su condición de menores, los MENA están expuestos a diversos riesgos. En este contexto de precariedad, vulnerabilidad y riesgo de exclusión y victimización, la atención y protección de las MENA debe ser rápida y eficaz para ofrecerles un entorno estable y seguro y permitirles integrarse en la sociedad de acogida.
A partir de los relatos de jóvenes MENA de diversos orígenes (Afganistán, Guinea, Malí, Burkina Faso, Eritrea, Somalia, Argelia, Marruecos, Túnez, etc.) llegados a Francia y Suiza, este artículo aborda las experiencias del exilio y, más concretamente, la experiencia del cruce de fronteras en sus diversas dimensiones (visibles e invisibles) durante las diferentes fases de su viaje migratorio.
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Rapports à la violence et subculture carcérale des détenus dits « violents » : une approche par la médiation narrative
Nicolas Amadio
p. 243–270
RésuméFR :
L’objectif de cet article est d’examiner l’existence d’une subculture de la violence partagée par les détenus incarcérés en unité pour détenus violents. Il s’inscrit dans une phénoménologie des subcultures carcérales analysant la façon dont les détenus perçoivent leur propre rapport à la violence plutôt que des formes spécifiques de violence. Les matériaux ont été recueillis à partir d’une médiation narrative qui articule observations et entretiens pour réaliser des récits qui s’expriment à travers des fables écrites avec trois détenus. L’analyse discute de l’existence d’une forme de subculture carcérale à partir de trois dimensions communes au rapport à la violence des détenus : un rapport instrumental à la violence, l’importance de la dimension collective des conflits, et la violence comme dynamique de résistance individuelle.
EN :
The aim of this article is to consider the existence of a subculture of violence shared amongst inmates incarcerated in France’s Violent Offender Units. The paper falls within a phenomenology of prison subcultures that analyzes how inmates perceive their own relation to violence, rather than specific forms of violence. The materials for this study were gathered using a narrative mediation approach, combining observations and interviews to produce narrative stories that are expressed through fables written in collaboration with three inmates. The analysis discusses the existence of a form of prison subculture based on three dimensions common to inmates’ relationship to violence : an instrumental relationship to violence, the importance of the collective dimension of conflicts, and violence as a dynamic of individual resistance.
ES :
El objetivo de este artículo es estudiar la existencia de una subcultura de la violencia compartida por los presos encarcelados en una Unidad para Presos Violentos. El estudio se suma a la literatura que, basándose en la fenomenología de las subculturas carcelarias, analiza la manera en que los presos perciben su propia relación con la violencia, y no tanto las formas específicas de violencia. El material se recopiló utilizando un enfoque narrativo que combina observaciones y entrevistas para producir relatos expresados a través de fábulas escritas con tres reclusos. En la discusión se debate acerca de la existencia de una forma de subcultura carcelaria basada en tres dimensiones comunes a la relación de los presos con la violencia : una relación instrumental con la violencia, la importancia de la dimensión colectiva de los conflictos y la violencia como dinámica de resistencia individual.
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« Le verdissement, c’est de la sécurité passive. » : appropriations locales et défis du verdissement dans un centre de détention français
Antonin Margier, Anaïs Henneguelle, Alexandre Berthe et Alix Barbier
p. 271–293
RésuméFR :
À partir d’une enquête qualitative de terrain dans un centre de détention français, cet article interroge les logiques de verdissement des prisons. Il met en lumière le décalage entre le verdissement défini par l’échelon national et la façon dont se l’approprient les personnels pénitentiaires dans l’établissement étudié (qui l’intègrent dans une perspective de sécurisation et d’apaisement de la détention). Il souligne ainsi les contradictions entre les ambitions environnementales et les enjeux sécuritaires et la difficulté à intégrer ces ambitions de la même façon que pour les autres institutions publiques. Cette perspective permet de penser le verdissement pénitentiaire (en particulier le développement de jardins et d’espaces verts) au-delà de la dualité souvent proposée par la littérature scientifique, soit comme facteur de bien-être des détenus soit comme symbole de logiques austère et disciplinaire.
EN :
Based on a qualitative field study in a French detention facility, this article examines the meanings that underly the greening of prisons. It highlights the discrepancy between greening as defined at the national level and how it is appropriated by prison staff in the studied prison (who integrate it into a perspective of security and prisoners’ well-being). This study thus highlights the contradictions between environmental ambitions and security issues, as well as the difficulty of integrating these ambitions in the same way as occurs in other public institutions. This perspective allows for the consideration of prison greening (particularly the development of gardens and green spaces) beyond the duality often proposed by scientific literature, where it is either a factor in inmate well-being or a symbol of austerity and disciplinary logics.
ES :
A partir de un estudio de campo cualitativo realizado en un centro de detención francés, este artículo examina los fundamentos de la ecologización de las prisiones. El estudio pone de relieve la discrepancia entre la política de ecologización definida a escala nacional y la forma en que la adopta el personal penitenciario del establecimiento estudiado (que la considera parte de un esfuerzo por hacer que la detención sea más segura y pacífica). El artículo pone también de manifiesto las contradicciones entre las ambiciones medioambientales y las cuestiones de seguridad, así como la dificultad de integrar estas ambiciones en las prisiones de la misma manera que se hace en otras instituciones públicas. Esta perspectiva permite pensar el reverdecimiento de las prisiones (en particular, el desarrollo de jardines y espacios verdes) más allá de la dualidad a menudo propuesta por la literatura científica, ya sea como factor de bienestar de los presos o como símbolo de austeridad y de lógicas disciplinarias.
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Désistance, religion et spiritualité : religion, spiritualité et processus de désistance
Lucie Pelz et Fabienne Glowacz
p. 295–320
RésuméFR :
La religion et la spiritualité ont toujours occupé une place au sein de la société, variable selon les époques. Néanmoins, les recherches s’intéressant à leur place dans le processus de sortie de la délinquance sont limitées dans le champ de la criminologie. L’objectif de notre étude réalisée en Belgique et en France était de comprendre comment religion et spiritualité peuvent soutenir le processus de désistance. Sept entretiens semi-directifs ont été menés auprès d’hommes et de femmes adultes auteurs d’infractions, et analysés selon la méthodologie qualitative d’analyse thématique de contenu. Religion et spiritualité apparaissent dans les matériaux comme soutien à la désistance, soutenant les comportements prosociaux et le développement identitaire des participant·e·s. Ces deux concepts sont également liés à d’autres facteurs impliqués dans les trajectoires de désistance des personnes rencontrées.
EN :
Despite representing a major component of present-day society, research focusing on the role of religion and spirituality in the desistance process is rare in Europe. The aim of this study, therefore, is to understand how these two components can help people to stop offending. A qualitative methodology was employed, involving semi-structured interviews and thematic analysis of the resulting narratives. Our study enables us to consider religion and spirituality as supports for desistance that endorse prosocial behaviour and the identity development of participants. Links are also made between these two concepts and the presence of other factors involved in desistance.
ES :
La religión y la espiritualidad siempre han desempeñado un papel en la sociedad, aunque éste haya variado de una época a otra. Sin embargo, los estudios sobre su papel en el proceso de salida de la delincuencia están limitados en el campo de la criminología. El objetivo de nuestro estudio, realizado en Bélgica y Francia, era comprender cómo la religión y la espiritualidad pueden apoyar el proceso de desistimiento. Se realizaron siete entrevistas semiestructuradas a delincuentes adultos de ambos sexos y se analizaron mediante la metodología cualitativa del análisis temático de contenido. La religión y la espiritualidad aparecen en los materiales como apoyo al desistimiento, apuntalando el comportamiento prosocial y el desarrollo de la identidad de los y las participantes. Estos dos conceptos también están vinculados a otros factores implicados en las trayectorias de desistimiento de las personas estudiadas.
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La crise sanitaire comme moment décisif contestataire ? Analyse du discours des regroupements de désobéissance civile lors de la COVID-19
Julie Tihon et Fabienne Glowacz
p. 321–349
RésuméFR :
Le 11 mars 2020, l'OMS a déclaré la Covid-19 comme une pandémie mondiale, impactant tous les secteurs de la société. La pandémie a entraîné des comportements sociaux négatifs et des relations tendues, incluant stigmatisation et discrimination. La couverture médiatique politisée a polarisé les opinions publiques, entraînant une division de la population. En Europe, des discours antigouvernementaux ont été alimentés par des mouvements extrémistes. En Belgique, la crise a exacerbé la polarisation et la diffusion de théories du complot, augmentant le risque de radicalisation. Cette étude vise à identifier les profils de leaders et membres actifs contestant les mesures Covid-19, examiner leur discours idéologique, et comprendre les dynamiques de polarisation et radicalisation. Les résultats montrent une méfiance généralisée envers les institutions, une adhésion aux théories du complot, et un positionnement anti-establishment. Bien que ces groupes ne soient pas intrinsèquement radicaux ou extrémistes, le sentiment d'injustice ressenti par les membres nécessite une attention particulière pour prévenir une possible évolution vers la violence. Les implications pratiques suggèrent l'élaboration d'outils pour réduire le risque de radicalisation et suivre l'évolution de ces regroupements.
EN :
On March 11, 2020, the WHO declared COVID-19 a global pandemic, which impacted all sectors of society. The pandemic also led to unfavorable social attitudes as well as strained relations that included stigmatization and discrimination. Politicized media coverage also polarized public opinion, leading to divisions within the population. In Europe, anti-government rhetoric was fuelled by extremist movements, while in Belgium, the crisis exacerbated polarization and the dissemination of conspiracy theories, thus increasing the risk of radicalization. This study aims to identify the profiles of leaders and active members contesting COVID-19 measures, in addition to examining their ideological discourse, to gain an understanding of the dynamics of polarization and radicalization. The results demonstrate a generalized distrust of institutions, an adherence to conspiracy theories and an anti-establishment stance. Despite these groups not intrinsically being radical or extremist, the sense of injustice felt by members calls for special attention to prevent a possible escalation into violence. The practical implications suggest the value of developing tools to reduce the risk of radicalization and monitor the evolution of these groupings.
ES :
El 11 de marzo de 2020, la OMS declaró la COVID-19 pandemia mundial, afectando a todos los sectores de la sociedad. La pandemia provocó comportamientos sociales negativos y relaciones tensas, incluidos el estigma y la discriminación. La cobertura mediática politizada polarizó la opinión pública, provocando una división en la población. En Europa, la retórica antigubernamental fue alimentada por movimientos extremistas. En Bélgica, la crisis exacerbó la polarización y la difusión de teorías conspirativas, aumentando el riesgo de radicalización. Este estudio pretende identificar los perfiles de los líderes y miembros activos que desafiaron las medidas Covid-19, examinar su discurso ideológico y comprender la dinámica de polarización y radicalización. Los resultados muestran una desconfianza general hacia las instituciones, una adhesión a las teorías de la conspiración y una postura contraria al establishment. Aunque estos grupos no son intrínsecamente radicales o extremistas, el sentimiento de injusticia que sienten sus miembros requiere una atención particular para prevenir una posible evolución hacia la violencia. Las implicaciones prácticas sugieren el desarrollo de herramientas para reducir el riesgo de radicalización y controlar la evolución de estos grupos.
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La recherche d’aide psychologique en milieu policier : qu’en disent des policiers et policières du SPVM ?
Maryse Benoît, Lucie Bernier, Marie-Laure Daxhelet, Laura Charpentier et Louis-Francis Fortin
p. 351–380
RésuméFR :
Bien que la profession policière soit reconnue comme pouvant générer un niveau élevé de stress, les études montrent que les policier·ière·s font encore peu appel à de l’aide psychologique. La plupart de ces études ont été conduites auprès de populations policières américaines, mais aucune étude à ce sujet n’a été réalisée auprès d’une population policière québécoise. En 2021, une étude s’intéressant à l’utilisation des services d’aide psychologique et comportant un volet quantitatif et qualitatif a été conduite auprès des policier·ière·s du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Le présent article porte sur les résultats du volet qualitatif qui visait plus spécifiquement à recueillir le point de vue des policier·ière·s sur les barrières à la consultation et leurs recommandations pour la faciliter. Entre 106 et 156 participant·e·s ont répondu sur la plateforme SurveyMonkey aux questions ouvertes de l’étude plus large. Les résultats des analyses thématiques montrent que les barrières à la consultation identifiées par les policier·ière·s se rapportent à des obstacles logistiques, des obstacles sur le plan professionnel et personnel, et des obstacles en lien avec le psychologue ou le professionnel de la santé. En guise de recommandations, les participant·e·s à l’étude ont indiqué entre autres vouloir entendre parler et parler davantage de la santé mentale, ce qui témoigne de leur intérêt pour le sujet et de leur souhait que les questions relatives à la santé mentale des policier·ière·s soient abordées de manière plus ouverte au sein de l’organisation.
EN :
While the police profession is recognized as being capable of generating high levels of stress, studies have shown that police officers nonetheless continue to rarely seek psychological help. Most of these studies have been conducted on American police officers, but no study on this subject has been conducted on police officers in Quebec. To this end, a study on the use of psychological assistance services including quantitative and qualitative components was conducted in 2021 with SPVM police officers. This article focuses on the results of the qualitative component, which aimed to gather the police officers’ point of view on the existing barriers to consultation, as well as their recommendations for facilitating it. Between 106 and 156 police officers answered open questions on SurveyMonkey. The results of the thematic analyses reveal that the barriers to consultation identified by the police officers relate to logistical barriers, professional and personal barriers, as well as barriers related to the psychologist or health professional. Recommendations from study participants included wanting to hear and talk more about mental health, reflecting their interest in the topic and their desire for police mental health issues to be addressed more openly within the organization.
ES :
Aunque se sabe que la profesión policial genera un alto nivel de estrés, los estudios demuestran que los agentes de policía siguen buscando ayuda psicológica en contadas ocasiones. La mayoría de estos estudios se han realizado entre policías estadounidenses, pero no se ha realizado ningún estudio sobre este tema entre policías de Quebec. En 2021, se realizó un estudio cuantitativo y cualitativo sobre el uso de los servicios de asistencia psicológica entre los policías del SPVM. Este artículo se centra en los resultados del componente cualitativo, que tenía como objetivo más específico capturar las opiniones de los policías sobre los obstáculos al asesoramiento y sus recomendaciones para facilitarlo. Entre 106 y 156 participantes respondieron en la plataforma Survey Monkey a las preguntas abiertas del estudio más amplio. Los resultados de los análisis temáticos muestran que las barreras al asesoramiento identificadas por los policías están relacionadas con obstáculos logísticos, obstáculos profesionales y personales y obstáculos asociados al psicólogo o profesional sanitario. A modo de recomendaciones, los participantes en el estudio indicaron, entre otras cosas, que querían oír y hablar más de salud mental, lo que demuestra su interés por el tema y su deseo de que las cuestiones relativas a la salud mental de los policías se aborden más abiertamente en la organización.