D’où nous viennent au juste les images ?

Résumé

Peintres, cinéastes et photographes ambitionnent de créer des vues inédites alors qu’ils se limitent, en réalité, à reproduire les stéréotypes qui circulent autour d’eux et qui ont constitué graduellement le champ du visible. Pourtant, ces clichés, emprisonnés dans la très longue durée, ne sont pas des archétypes. Cet article, qui se fonde sur deux corpus iconiques réalisés au lendemain de tragédies, respectivement un attentat et une guerre suivie d’une révolution, tente de comprendre comment, à la suite d’un bouleversement majeur, les artistes peuvent subitement porter un autre regard sur les images fabriquées avant le drame, durant ce qui leur semble désormais appartenir à la préhistoire.

Abstract

Painters, filmmakers and photographers all aspire to create an original vision, while in reality they are limited to reproducing the stereotypes around them, which have gradually come to constitute our visual field. And yet these clichés, imprisoned in the longue durée, are not archetypes. This article, which draws on two bodies of iconic work, each produced in the aftermath of tragedy — a terrorist attack and war followed by revolution —seeks to understand how artists, after such a major upheaval, can suddenly cast a different gaze on the images produced before the drama, in the time which now appears to them to belong to prehistory.