Résumés
Résumé
Phénomène central pour la trajectoire moderne du Québec comme projet sociopolitique national, la Révolution tranquille a fait l’objet d’un nombre croissant de contributions scientifiques au courant des dernières décennies alors qu’on en commémorait les 40 ans (années 2000), 50 ans (années 2010) et 60 ans (années 2020). Cet article a pour objectif de contribuer à cette littérature de manière originale non pas à la lumière de la découverte d’une nouvelle source, mais en analysant l’expérience singulière du Québec à la lumière de l’une des plus célèbres théories générales pour expliquer l’avènement des nations et des nationalismes : l’ethnosymbolisme. Élaboré pour l’essentiel par Anthony D. Smith, l’ethnosymbolisme offre une grille d’analyse sophistiquée qui a marqué le champ des études sur le nationalisme, au point où plusieurs experts en mobilisent les tenants et aboutissants dans leurs propres analyses sur le Québec. Or, en tant que nation minoritaire qui ne dispose pas de son propre État souverain où ses membres représentent la majorité démographique, l’expérience québécoise demeure à maints égards « atypique » et « anormale » pour l’ethnosymbolisme. En mettant l’accent sur la période qui correspond à la Révolution tranquille, cet article cherche à montrer la fiabilité relative comme les limites objectives d’une telle théorie générale des nations et nationalismes pour comprendre la politisation du sujet politique national moderne québécois, et les filiations symboliques qu’il entretient avec la trajectoire canadienne-française.
Mots-clés :
- Révolution tranquille,
- Québec,
- Ethnosymbolisme,
- nationalisme,
- Anthony D. Smith
Abstract
A central moment in the modern trajectory of Québec’s sociopolitical and national project, the Quiet Revolution has been the object of an increasing number of studies over the last decades, particularly on its 40th, 50th, and 60th anniversaries in the 2000s, 2010s, and 2020s, respectively. This article contributes to this scholarship by examining Québec’s unique trajectory through the lens of ethnosymbolism, one of the more prominent theories explaining the advent of nations and nationalism. Elaborated most notably by Anthony D. Smith, ethnosymbolism offers a sophisticated conceptual framework for nationalist studies ; many experts have since mobilized ethnosymbolism to deepen their analyses of Québec. Yet as a minority nation without its own sovereign state (despite the fact that its members make up a demographic majority of the territory), Québec falls outside the typical bounds of ethnosymbolist theory. Focusing on the period of the Quiet Revolution, this article highlights the potential uses and limitations of this general theory of nations and nationalism as a way to understand the politicization of the modern Québécois national subject and its symbolic relationship to the longer trajectory of French Canada.