Revue Gouvernance
Governance Review
Volume 21, Number 1, 2024 Varia
Table of contents (4 articles)
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Instabilité politique et chômage en Afrique subsaharienne
Hakizimana Jacques, Olga Euphrasie Ngakala Akylangongo and Mathias Marie Adrien Ndinga
pp. 1–25
AbstractFR:
L’Afrique subsaharienne fait face à des situations d’instabilité politique dans un contexte de chômage de masse. À ce sujet, la littérature économique demeure mitigée sur la relation entre les deux phénomènes. Certains auteurs pensent que c’est l’instabilité politique qui est la source du chômage, d’autres pensent le contraire. A cet égard, l’objectif du présent article est d’étudier la relation entre l’instabilité politique et le chômage en Afrique subsaharienne à l’aide du modèle autorégressif à retards échelonnés (ARDL) en données de panel et des données de 2002 à 2022. Les résultats montrent une relation unidirectionnelle allant du chômage vers l’istabilité politique. Ils permettent de soutenir que, d’une part, le chômage est un lubrifiant de l’instabilité politique et que, d’autre part, le chômage est une conséquence marginale de l’instabilité politique. Ces résultats impliquent que soient élaborées et mises en oeuvre des politiques publiques susceptibles de promouvoir la croissance économique et l’emploi et de renforcer la démocratie et la gouvernance afin de rompre les liens vicieux (chômage-instabilité politique) qui handicapent le processus de développement dans les pays au sud du Sahara. Il s’agit, entre autres, de faire les investissements appropriés dans le capital humain, dans les services sociaux de base et dans la promotion de l’industrialisation afin de faciliter l’accès à l’emploi, notamment pour la jeunesse, qui constitue une partie importante de la structure démographique.
EN:
Sub-Saharan Africa is facing situations of political instability against a backdrop of mass unemployment. Economic literature remains divided on the relationship between the two phenomena. Some authors believe that political instability is the source of unemployment, while others think the opposite. To this end, the aim of this article is to study the relationship between political instability and unemployment in sub-Saharan Africa. To this end, the Autoregressive Distributed Lag (ARDL) model in panel data and data from 2002-2022 are used. The results show a unidirectional relationship from unemployment to political instability, supporting that, on the one hand, unemployment is a lubricant of political instability, and, on the other hand, unemployment is a marginal consequence of political instability. These results show the need for public policies that are likely to promote economic growth and employment and to strengthen democracy and governance in order to break the vicious circle of unemployment and political instability that hamper development in countries south of the Sahara. These include appropriate investments in human capital, in social services and in the promotion of industrialization, in order to facilitate access to employment, particularly for young people, who make up a significant proportion of the demographic structure.
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Les politiques de financement et les enjeux de coopération multilatérale dans le domaine du théâtre au Cameroun
Ginette Ngo Mintoogue
pp. 26–47
AbstractFR:
Les politiques et l’action publiques en Afrique subsaharienne francophone soulèvent des questions quant à leur légitimité et leur efficacité. Ces questions sont généralement analysées à travers le prisme de la gouvernance et de la qualité de l’appareil administratif, ainsi que de leur impact sur les populations concernées. Dans le domaine du théâtre en Afrique subsaharienne francophone, et plus particulièrement au Cameroun, pays bilingue (le français et l’anglais sont les deux langues officielles), on observe un déséquilibre entre les mesures de financement étatiques et l’importance des subventions étrangères. Cette situation entraîne des conséquences néfastes sur le développement de l’activité théâtrale et la situation économique des artistes. Cette étude vise à examiner comment se structure cette politique de financement dans un contexte de crise du financement public des arts, et à analyser les relations entre ces organismes de financement et le Cameroun. Elle expose la portée de cette collaboration avec les pays du Nord et les organismes de coopération tels que la francophonie, l’UNESCO, la Banque mondiale, la Commission internationale pour le théâtre francophone (CITF), GIZ, l’Union européenne, la Commission européenne, les Instituts français et Goethe ainsi que les ambassades, tant pour les pays d’Afrique francophone (dont le Cameroun) que pour les artistes, principaux intervenants engagés dans cette question.
EN:
Public policies and action in French-speaking sub-Saharan Africa raise questions about their legitimacy and effectiveness. These questions are generally analyzed through the prism of governance and the quality of the administrative apparatus, as well as their impact on the populations concerned. In the field of theatre in French-speaking sub-Saharan Africa, and more particularly in a bilingual country such as Cameroon (French and English are the two official languages), there is an imbalance between state funding measures and the importance of foreign subsidies. This situation has harmful consequences for the development of theatrical activity and the economic situation of artists. This study aims to examine how this funding policy is structured in a context of crisis with regard to public funding of the arts, and to analyze the relationship between these funding bodies and Cameroon. It sets out the scope of this collaboration with the northern countries and cooperation bodies such as la Francophonie, UNESCO, the World Bank, the International Commission for French-Speaking Theatre (CITF), European Union, European Commission, the French and Goethe Institutes as well as embassies, both for the French-speaking African countries (including Cameroon) and for artists, the main stakeholders involved in this issue.
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L’économie sociale et solidaire au Maroc : quelle place des acteurs locaux dans les politiques publiques ? Le cas de la région de Drâa-Tafilalet
Mohamed Zahidi, Jamila Ayegou and Mohamed Ait Hou
pp. 48–80
AbstractFR:
Le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) marque une grande convergence avec les approches de développement territorial qui s’inscrivent dans le cadre d’un développement économique endogène. Elle place les questions de la territorialisation, de la création de la valeur ajoutée et de la valorisation des ressources territoriales au coeur de son projet. Dans cette logique, notre étude vise à analyser le poids des plans de promotion de l’ESS dans les politiques des acteurs locaux publics à l’aide d’une démarche qualitative fondée sur des entretiens semi-directifs avec les différents acteurs locaux – publics et privés – d’une région défavorisée au Maroc (Drâa-Tafilalet). Sont également présentées quelques pistes qui pourraient contribuer au développement et à la promotion du secteur de l’ESS au Maroc dans une perspective de développement territorial durable.
EN:
The Social and United Economy (SUE) sector marks a great convergence with territorial development approaches that are part of endogenous economic development. It places the issues of territorialization, the creation of added value and the development of territorial resources at the heart of its project. In this light, our study aims to analyze the weight of SSE promotion plans in the policies of local public actors through a qualitative approach based on semi-structured interviews with the various local actors—public and private—of a underprivileged region in Morocco (Drâa-Tafilalet). Some avenues that could help to develop and promote the SSE sector in Morocco in a perspective of sustainable territorial development are also presented.
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La problématique de l’autonomie fiscale des régions à l’aune de la réforme de la décentralisation au Cameroun
Berthelot Goudem Laméné
pp. 81–101
AbstractFR:
La réforme de la décentralisation en 2019 a dynamisé l’institution régionale par l’accélération de sa mise en place et l’octroi d’un statut spécial aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, alors en crise. Cependant, elle n’accentue pas l’autonomie fiscale de ces collectivités locales, pour lesquelles l’accomplissement des missions de développement reste un défi crucial. Forte de ce constat, la présente réflexion sur l’autonomie fiscale des régions au regard de l’évolution actuelle de la décentralisation met en évidence la limitation de ladite autonomie par l’État. Il est ainsi démontré, en premier lieu, que cette autonomie est retenue au profit de l’État qui, en plus, n’a pas arrimé de régime fiscal dérogatoire au statut spécial des deux régions susmentionnées. En second lieu, cette autonomie est rationnalisée en vue de préserver la stabilité et l’autorité de l’État ; mais l’aménagement de cette rationalisation peut être envisagé dans une perspective de concrétisation du développement local.
EN:
The 2019 decentralization reform energized the regional institution by accelerating its establishment and granting a special status to the North West and South West regions, which were facing a crisis. However, it did not increase the fiscal autonomy of these local communities, for which the completion of development missions remains a crucial challenge. Based on this observation, this reflection on the regions’ fiscal autonomy with regard to the current evolution of decentralization highlights the limitation of said autonomy by the State. It is thus demonstrated, firstly, that this autonomy is retained for the benefit of the State which, in addition, has not attached a tax regime derogation to the special status of the two above-mentioned regions. Secondly, this autonomy is rationalized with a view to preserve the stability and authority of the State, but the development of this rationalization can be considered from the perspective of achieving local development.