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Compte rendu du livre de Mario Paquet, « Prendre soin à domicile… Une question de liens entre humains »[Notice]

  • Sophie Éthier et
  • Élise Milot

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  • Sophie Éthier
    Professeure agrégée, École de service social, Université Laval

  • Élise Milot
    Professeure adjointe, École de service social, Université Laval

Cet ouvrage de vulgarisation scientifique, qui n’est pas sans rappeler celui de Jostein Gaarder, Le monde de Sophie (1991), lequel utilise une approche dialogique pour aborder un contenu philosophique, s’intéresse aux liens de proximité en soutien à domicile. Il est écrit de manière simple, sans être simpliste, et fait habilement ressortir les différentes dimensions distinctives de ces liens. Le premier chapitre introduit le thème qui sera couvert dans l’ouvrage. Il permet d’apprécier la forme utilisée : celle d’un dialogue entre différents acteurs concernés par les liens qui se forment inévitablement dans les services de soutien à domicile. Cette section permet à chacun des personnages – aidante, intervenante, chercheur et aidé – d’exister, au sens propre comme au figuré, dans cet univers complexe. Derrière ces échanges qui semblent légers, l’auteur dégage notamment la pertinence scientifique et sociale de son ouvrage, le positionnant en complémentarité aux études portant sur l’accessibilité, la continuité et la satisfaction des usagers à l’égard des services de soutien à domicile. La distinction entre lien de « proximité à distance » et lien de « distance à proximité » dévoile le sens du lien abordé dans le détail dans l’ensemble de l’ouvrage. Dans le second chapitre, l’auteur montre comment les liens de proximité se créent et se fortifient, en abordant, d’entrée de jeu, la question du respect dans la relation de soin. Ce respect se manifeste à travers des attitudes et des comportements témoignant de patience, de discrétion, d’authenticité, de jovialité, d’écoute active, de dévouement et d’ouverture à l’autre. Il transparaît également dans l’approche du corps de l’autre, du corps que l’on soigne. Les liens se construisent également en fonction du lieu où ils se développent, le domicile, lequel est chargé d’histoire et de sens. Bien qu’il ne soit pas essentiel à la création d’une relation professionnelle, le partage réciproque d’affinités, de valeurs et d’attitudes contribue à solidifier les liens entre les intervenants, les personnes dont ils s’occupent et les aidants. Enfin, l’approche humaniste utilisée par les intervenants est, elle aussi, tributaire du lien de proximité. Le troisième chapitre porte principalement sur les influences de la gestion des services sur les liens de proximité en soutien à domicile. Plusieurs facteurs y sont abordés dont, premièrement, les incontournables limites budgétaires et de temps auxquelles sont assujettis les intervenants. Ces contraintes ont un effet non négligeable sur les liens avec les aidants et leurs proches, dans la mesure où elles altèrent la durée, la stabilité et l’intensité des services offerts. Ensuite, sont mentionnées la coordination et la bureaucratisation des services, qui représentent respectivement le meilleur et le pire moyen de créer des liens de proximité. Au chapitre suivant, l’auteur nous fait entendre la voix de l’aidé afin d’introduire les effets des liens de proximité sur le principal destinataire des soins. Pourtant, c’est à travers les paroles de l’aidante, sa conjointe, que sont rapportées ces retombées. D’une part, les effets positifs du lien de proximité permettent d’« améliorer le niveau de collaboration entre les acteurs du SAD [soutien à domicile] et les acteurs familiaux ; [de] favoriser l’atteinte des objectifs d’intervention ; [de] contribuer à la qualité des services, de même qu’à la satisfaction de la clientèle desservie ; [de] concourir au bien-être par le maintien et l’amélioration de la santé physique et mentale, ainsi que par le maintien des personnes dans leur milieu de vie habituel » (p. 136). Les intervenants trouvent également un sens à leur travail à travers ces liens de proximité. D’autre part, des liens de proximité trop intenses peuvent notamment causer une dépendance, une perte d’espace personnel, un manque de recul par rapport à son engagement, …