
Volume 44, numéro 2, automne 2019 Servir, aimer, espérer : Albert-Prévost depuis 100 ans et pour toujours Sous la direction de Thanh-Lan Ngô, François Lespérance, Nathalie Shamlian et Christiane Bertelli
Sommaire (15 articles)
Éditorial
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Présentation
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L’Hôpital en santé mentale Albert-Prévost : cent ans d’histoire
Magalie Lussier-Valade, Claudine Tremblay-Jolicoeur, Christiane Bertelli, Guy Blouin, Pierre Brouillette, Denis Laurendeau, Jean-Pierre Rodriguez et Jean Leblanc
p. 23–38
RésuméFR :
Si le PAP m’était conté… 2019 a vu s’inscrire dans les annales de l’histoire du Québec les cent ans de l’Hôpital en santé mentale Albert-Prévost, pionnier des soins psychiatriques. Un siècle et une Institution marqués par plusieurs périodes de révolution (tranquille ou non), dont l’expression la plus concrète peut être vue dans les nombreux changements de nom de l’établissement, de sanatorium à hôpital en santé mentale, reflétant un contexte social, politique et surtout administratif fluctuant. Bien que le mandat principal d’Albert-Prévost, celui de soigner les plus vulnérables, demeure encore relativement immuable, il a dû s’adapter à la stable instabilité dans lequel ont évolué et se sont construits le Québec et son système de santé au cours des cent dernières années. Différents acteurs et penseurs s’y sont succédé, d’opinions et d’orientations variées (et parfois conflictuelles), mais unis dans leur désir de protéger l’identité d’Albert-Prévost et d’assurer sa pérennité. Ainsi, malgré les contraintes et pressions extérieures, l’Institution a tenu et continue à tenir moult rôles dans le système de santé québécois : outre le traitement et la réadaptation de patients, il a également contribué à la formation de nombreux psychiatres et professionnels de la santé qui rayonnent maintenant dans tout le Québec.
Ce récit se veut une façon de revenir aux origines de cette Institution, ses balbutiements, échecs et réussites, dont la collection forme l’histoire d’un pionnier de la psychiatrie moderne du Québec.
De 1919 à aujourd’hui, l’évolution se poursuit.
EN :
Objectives In the context of the 100th anniversary celebrations of the Hôpital en santé mentale Albert-Prévost, the present article retraces the history of this pioneering institution in the provision of psychiatric care in the province of Québec.
Methods Multiple psychiatrists and health-care professionals who once worked or are still working at Albert-Prévost were interviewed to record their recollection of how psychiatric care was delivered as knowledge about mental illness progressed and how different defining historical events concerning the administration of this institution unfolded. Private and public archives as well as articles documenting the history of this institution were consulted in order to contextualize the participants’ experiences.
Results A brief exploration of the historical and political context that led to the creation of the Sanatorium Albert-Prévost is provided. The key administrative, political and sociological issues are described at each critical period as well as the interplay between the growing knowledge base about the causes and treatments of psychiatric problems and different models of provision of care as different generations of clinicians search for an optimal practice and organisation of care. It’s triple mission of care, teaching and research is described.
Conclusion The Hôpital en santé mentale Albert-Prévost has contributed in a significant manner in the shaping of mental health care provision in Québec and several physicians and other health care professionals who have worked there, throughout the past century, have been key contributors to the social, educational, cultural and political advances in this province.
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Charlotte Tassé et Bernadette Lépine, fondatrices à part entière de l’Institut Albert-Prévost
Alexandre Klein
p. 39–52
RésuméFR :
En septembre 1919, quelques semaines seulement après son ouverture, le sanatorium du Dr Albert Prévost accueillait sa toute première garde-malade. Charlotte Tassé n’avait alors que 26 ans. Elle revenait de six mois de spécialisation aux États-Unis et intégrait la petite institution de soins pour malades nerveux pour seulement deux semaines. Elle y restera finalement 44 ans ! Rapidement devenue indispensable au Dr Prévost, alors occupé par ses importantes responsabilités au sein de l’Université de Montréal et de l’Hôpital Notre-Dame, la jeune garde s’imposa en effet comme le coeur même de cette petite maison de santé. À la mort du neurologue, en 1926, c’est d’ailleurs elle qui assura la continuité du bon fonctionnement de l’institution, avec l’aide d’une nouvelle recrue, une jeune garde-malade du nom de Bernadette Lépine. Vingt ans plus tard, en 1945, les deux femmes sauvèrent même l’institution de la faillite en la rachetant sur leurs fonds propres. Elles transformèrent alors profondément son organisation et renforcèrent son offre de formation, réussissant, en quelques années seulement, à en faire l’un des principaux et des plus avant-gardistes centres de soins et de formation psychiatriques du Québec. Mais l’arrivée à la fin des années 1950 d’un jeune et ambitieux psychiatre du nom de Camille Laurin allait bousculer la stabilité établie de l’établissement, et progressivement faire oublier le rôle central qu’y jouèrent les gardes-malades. C’est sur l’histoire de ces femmes et de leur contribution majeure à l’histoire de l’Institut Albert-Prévost que cet article entend revenir.
EN :
In September 1919, just a few weeks after its opening, Dr. Albert Prévost’s sanatorium welcomed its first nurse. Charlotte Tassé was only 26 years old. She was coming back from six months of specialized training in the US and had accepted to help for only two weeks. She will stay 44 years! Quickly become essential to Dr. Prévost, who was very busy with his responsibilities at the Université de Montréal and l’Hôpital Notre-Dame, the young nurse established herself as the heart of this small mental health facility. When the neurologist died, in 1926, she ensured that the sanatorium survive, helped by a new young recruit named Bernadette Lépine. Twenty years after, in 1945, the two nurses saved the institution from bankruptcy by buying it with their own funds. Then, they deeply transformed its organisation and reinforced its training offer, managing to transform it, in a few years only, in one of the most important and avant-garde mental health care and training centers in Québec. However, the arrival of a young and ambitious psychiatrist named Camille Laurin, at the end of the 1950s, knocked the long-standing stability of the institution and then quickly made the important role of the nurses forget. Based on the study of unpublished archives, this paper relates the story of these women and their major contribution to the history of Albert-Prévost Institut.
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De la neurologie à la psychanalyse : évolutions et continuité du modèle de prise en charge psychothérapeutique du Sanatorium Prévost
Alexandre Klein
p. 53–68
RésuméFR :
Dès son ouverture, en juillet 1919, le sanatorium du Dr Albert Prévost (1881-1926) chercha à se démarquer des autres institutions de soins de la province en proposant une offre thérapeutique essentiellement axée sur la psychothérapie. Loin de l’effervescence des grands asiles surpeuplés ou du recours privilégié aux traitements physiques proposés par les autres cliniques privées, le Dr Albert Prévost voulait une institution où il pourrait pratiquer cette nouvelle forme de prise en charge qu’il avait découverte à Paris et qui était de plus en plus en vogue aux États-Unis. Cette volonté de faire du sanatorium une institution à l’avant-garde de la science de l’esprit perdura, même après le décès de son fondateur. En effet, le Sanatorium Prévost, devenu en 1955 l’Institut Albert-Prévost, fut, tout au long de son existence, un espace d’expérimentations et de valorisation des dernières découvertes des sciences psychiatriques. C’est ce que nous montrerons dans cet article en suivant les parcours et réalisations de ses principaux médecins, depuis les fondateurs de la neuropsychiatrie québécoise de langue française que furent Albert Prévost, Edgar Langlois (1893-1941), Roma Amyot (1899-1980) et Jean Saucier (1899-1968), jusqu’aux premiers psychanalystes du Québec qu’étaient Karl Stern (1906-1975), Victorin Voyer (1917-1975) ou Camille Laurin (1922-1999). Nous verrons ainsi que le Sanatorium Albert-Prévost a toujours été à la pointe de la science psychiatrique, et ce, tout en conservant, au fil des décennies, l’approche psychothérapeutique singulière, centrée sur l’accompagnement des patients, autour de laquelle il avait vu le jour.
EN :
Since its opening, in July 1919, Dr. Albert Prévost’s sanatorium tried to stand out from others’ health care institutions, by offering a therapeutic mainly based on psychotherapy. Far from big and overcrowded asylums or physical therapies, as electrotherapy, used in others private clinics, Dr. Albert Prévost (1881–1926) wanted an institution where he could practice this new form of care he had discovered in Paris and which was yet more and more in vogue in the US. This will to keep the sanatorium at the avant-garde of the science of spirit remained, even after Prevost’s death. Indeed, the Sanatorium Prévost, which became the Institut Albert-Prévost in 1955, was during all its existence, a space of experimentation and valorization of the psychiatric sciences’ latest discoveries. This is what we want to demonstrate in this paper by following the path and realisations of the sanatorium main physicians, from the founders of francophone Québec neurology like Albert Prévost, Edgar Langlois (1893–1941), Roma Amyot (1899–1980) and Jean Saucier (1899–1968) to the first Québec psychoanalysts Karl Stern (1906–1975), Victorin Voyer (1917–1975) or Camille Laurin (1922–1999). We will yet see that the Sanatorium Albert-Prévost has always been at the cutting edge of psychiatric science, while keeping its own psychotherapeutic approach, centered on the patients’ care, on which it had been founded.
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De la psychanalyse à la psychothérapie psychodynamique à Albert-Prévost
Claude Blondeau et Wilfrid Reid
p. 69–88
RésuméFR :
Objectifs Cet article décrit dans un premier temps les contributions du Dr Camille Laurin au développement des services psychiatriques à Albert-Prévost et plus spécifiquement le rôle qu’il a joué dans la promotion de la psychanalyse comme pensée ordonnatrice des soins thérapeutiques dans ce milieu. Dans un deuxième temps, la pratique de la psychothérapie psychodynamique est abordée à partir des enjeux contemporains liés à la médecine basée sur les données probantes, les neurosciences et le développement des technologies de la communication. Les modalités actuelles d’enseignement de l’approche psychodynamique à Albert-Prévost sont également introduites.
Méthode Dans la première partie, une recherche biographique a été effectuée. Dans la seconde, une revue de la littérature a été présentée.
Résultats Dr Camille Laurin a joué un rôle de premier plan dans le développement de la pensée psychanalytique à Albert-Prévost. Son héritage demeure bien vivant ainsi qu’en témoignent les divers stages et activités de formation offerts dans ce domaine au Centre de psychothérapie de cette institution. L’efficacité de la psychothérapie dynamique comme méthode de traitement est confirmée depuis maintenant plusieurs années. Les neurosciences et la psychanalyse bénéficient d’une ouverture à un dialogue interdisciplinaire. Le développement des technologies de la communication et de l’intelligence artificielle est appelé à modifier éventuellement la pratique de la psychothérapie.
Conclusion Les principes théoriques associés à la psychanalyse sont encore aujourd’hui enseignés à tous les résidents en psychiatrie de l’Université de Montréal. Dr Camille Laurin a joué un rôle essentiel dans le développement de cette approche à Albert-Prévost et plus généralement au Département de psychiatrie de l’Université de Montréal.
EN :
Objectives The goal of this paper was first to review the contributions of Dr. Camille Laurin in the development of psychiatric services at Albert-Prévost, and more specifically the role he played in promoting psychoanalysis as a modality of thinking which informs the various therapeutic measures with psychic caring and therapeutic relationship as a main focus. Psychoanalysis and psychodynamic psychotherapy are currently taught; this teaching is informed by the contemporary challenges posed by the evidence-based medicine, the neuroscience and the recent technological developments in the field of communication.
Methods In the first section of this article, a biographical research was completed. In the second section, a brief review of literature was conducted for each topic discussed.
Results Dr. Camille Laurin played a major role in the development of psychoanalytic thinking at Albert-Prévost. His heritage is still alive, mainly in the different courses and training activities offered at the Psychotherapy Center of this institution. The efficacy of the psychodynamic psychotherapy as a treatment has now been confirmed for many years. Even if neuroscience and psychoanalysis are two totally different fields of investigation, each of those disciplines can benefit from an open dialogue. The development of new communication technologies and artificial intelligence could eventually modify the practice of psychotherapy.
Conclusion Psychoanalysis in its basic theoretical tenets are still widely taught to psychiatric students who mostly apply its principles when they practice psychodynamic psychotherapy. Dr. Camille Laurin played a significant role in promoting this approach at Albert-Prévost and more generally at the Department of psychiatry and addictions of the Université de Montréal.
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La thérapie cognitivo-comportementale dans les cliniques spécialisées du Pavillon Albert-Prévost dans les 50 dernières années : innovations et évolution
Thanh-Lan Ngô, Louis Chaloult, Pierre Fortier, Jacques Monday, Julie Jomphe, Julie Turcotte, Donald Bouthillier et France Bérubé
p. 89–110
RésuméFR :
Le Pavillon Albert-Prévost (PAP) a joué un rôle de premier plan dans le développement d’une psychiatrie moderne. Cette institution de soins et d’enseignement en santé mentale a été profondément marquée par la pensée freudienne et a longtemps été considérée comme un lieu phare de l’enseignement de la psychanalyse en milieu hospitalier au Québec. Mais le PAP a aussi su intégrer au fil des ans d’autres approches thérapeutiques, basées sur les données probantes. Si l’arrivée de cliniciens novateurs dans les années 1980, a permis la sensibilisation du milieu à d’autres approches thérapeutiques, la transformation du dispositif de soins en cliniques spécialisées, en 1994, marque un point décisif dans le développement de la thérapie cognitivo-comportementale, mais surtout dans son intégration dans le traitement quotidien de patients souffrant de problématiques diverses et dans son enseignement à des générations de cliniciens.
EN :
The Pavillon Albert-Prévost (PAP) has played a leading role in the development of modern psychiatry in the province of Québec. It has also been, in the francophone milieu, the teaching hospital that was the most deeply influenced by psychoanalytic theories. The arrival of somatic approaches, particularly biofeedback and relaxation, in the Psychosomatic medicine and consultation-liaison service, as introduced by Dr. Jacques Monday in the 1970s, was initially greeted with great scepticism by the majority of his colleagues at PAP. In the 1980s and 1990s, Dr. Camille Laurin, then head of the department, invited Dr. Louis Chaloult to offer a clinical supervision seminar to mental health professionals. Drs. Chaloult and Monday trained generations of clinicians in cognitive behavior therapy and relaxation therapy as, over time, these approaches both practical, efficient and effective became more widely practiced and recommended by practice guidelines in psychiatry. Dr. Chaloult with the help of Dr. Jean Goulet developed a CBT teaching curriculum for residents in psychiatry and other health care professionals, wrote an influential textbook on CBT, co-developped a widely consulted website www.tccmontreal.com providing CBT practice guides for clinicians and patients alike, became one of the first psychiatrists acting as a psychiatre répondant in CLSCs (teaching CBT to other members of the team in order to provide CBT in primary care), co-developed the Centre de Psychothérapie at the PAP to promote cross theoretical training in psychotherapy for residents in psychiatry and interns of other mental healthcare disciplines. In this spirit, Dre. Thanh-Lan Ngô contributed to these endeavors and co-created with Dr. Jean Leblanc and Dre. Magalie Lussier-Valade another website www.psychopap.com dedicated to the transfer of knowledge in CBT as well as other forms of psychotherapy in order to celebrate 100 years of teaching in psychiatry at the PAP. Following the creation of specialised outpatient clinics in 1994, CBT was more widely offered and developed as a standard of care. These influential programs include those of three psychologists Dr Michel Dugas’ Generalised anxiety disorder model, Pascale Brillon’s teaching of trauma focussed CBT (with three books on the subject, Dr Richard Fleet’s research on emergency room presentation of panic disorder. This collaborative teaching and research program included Dre. Julie Turcotte and Dr. Pierre Savard, both specialised in CBT and instrumental in training generations of psychiatrists in evidence-based treatments for severe refractory disorders. At the Early psychosis clinic, an innovative program of CBT modules adapted to the functional and symptomatic impairment level of the heterogeneous clientele was developed by Pierre Fortier and Dr. Jean-Pierre Mottard. At the Readaptation for Psychosis program, France Bérubé and Jocelyne St-Onge, offered auditory hallucinations group, metacognitive therapy, the integrated psychotherapy programme. At the Personality disorder clinic, dialectical behavior therapy groups were offered by Julie Jomphe who trained many cohorts of residents, offered adaptations to families (Family connections), adolescents, and children (in schools). At the Psychosomatic service Donald Bouthillier treated somatisation disorders with affective-cognitive behavioral therapy for somatization disorder. And finally, at the Mood disorder clinic, Drs. Ngô, Bernard Gauthier, Léon Maurice Larouche, Anne-Sophie Boulanger along with Manon Quesnel, Renée Leblanc and colleagues offered a sequential program of CBT approaches to treat severe and refractory mood disorders.
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www.psychopap.com : améliorer l’accès à la psychothérapie par le transfert des connaissances aux patients et aux futurs thérapeutes
Magalie Lussier-Valade, Thanh-Lan Ngô et Jean Leblanc
p. 111–135
RésuméFR :
La psychothérapie est un traitement efficace pour plusieurs troubles mentaux. Elle est, toutefois, peu accessible pour différentes raisons, dont son coût, la façon de l’offrir et la disponibilité locale des thérapeutes. Par ailleurs, l’accès à la formation en psychothérapie pour les futurs thérapeutes peut être compliqué par différents facteurs incluant le manque de ressources adaptées à différents contextes de pratique et la difficulté à obtenir une supervision. Dans ce contexte, un site web offrant des documents d’autothérapie aux patients, des miniguides de formation dans différents types de psychothérapies basées sur des données probantes, des suggestions d’articles et livres phares, des capsules vidéo expliquant les principes sous-tendant différents modèles théoriques et démontrant des techniques de psychothérapie, pourrait bénéficier autant aux patients qu’aux psychothérapeutes débutants.
L’Hôpital en santé mentale Albert-Prévost (HSMAP), impliqué dès ses origines dans la formation et la pratique de la psychothérapie, conçoit un tel outil pour célébrer son centenaire, le site www.psychopap.com. Le présent article propose de décrire la genèse et le déploiement de ce projet de transmission de connaissances en psychothérapie en décrivant d’abord le contexte et l’implication des membres de l’HSMAP dans l’enseignement de la psychothérapie puis une brève recension des écrits concernant l’autothérapie pour les troubles mentaux, l’utilisation des ordinateurs/Internet pour l’enseignement de la psychothérapie et comment ces données ont été appliquées dans la création de www.psychopap.com.
EN :
Objective This article is an overview of the creation and development of www.psychopap.com, a website designed to provide psychotherapy-related material to patients and clinicians. This website, unveiled in 2019, is affiliated with the Hôpital en santé mentale Albert-Prévost.
Methods To illustrate the pertinence of this initiative, the article briefly reviews current literature on self-therapy and psychotherapy training before presenting the main components of www.psychopap.com.
Results Literature shows that psychotherapy is a well-accepted and efficient treatment but that limited resources hinder its use. Self-therapy, mainly delivered through technology, has been described as an interesting way to improve access to psychotherapy for patients. Moreover, technology can also play an important role in psychotherapy training, with many e-programs showing promise. In the light of those results, www.psychopap.com offers self-therapy resources (brochures, infographics) for patients as well as training material for future or budding therapists (introduction guides, testimonials from therapists, videos, lists of textbooks, and courses).
Conclusion This article discusses how www.psychopap.com can contribute to the knowledge transfer in order to improve access to psychotherapy for patients and to offer learning possibilities to trainees in psychiatry and other clinicians. In the current healthcare system, innovative ways of delivering and teaching psychotherapy are crucial to improve access.
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L’Hôpital en santé mentale Albert-Prévost, au centre d’un projet musical intersectoriel et novateur
Jeanne-Marie Alexandre et Marie-Hélène Tanguay
p. 137–143
RésuméFR :
Né de la volonté d’un généreux donateur et de ses enfants d’honorer la mémoire d’un être cher, une équipe regroupant des représentants de la Fondation de l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal (FHSCM), des employés de l’Hôpital en santé mentale Albert-Prévost (HSMAP), des administrateurs du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal et du Collège d’enseignement général et professionnel (CÉGEP) de Saint-Laurent s’est constituée pour offrir des prestations musicales étudiantes à la clientèle de l’HSMAP. Des duos de formation différente (classique, populaire et jazz), composés d’étudiants et d’étudiantes instrumentistes, ont ainsi été sélectionnés pour jouer sur une base hebdomadaire et en alternance, sur deux étages de l’hôpital.
Cet article souhaite raconter comment s’est organisé un projet novateur et intersectoriel visant à offrir un simple moment d’écoute musicale à la clientèle hospitalisée de l’HSMAP, et quels impacts positifs peuvent être dégagés à ce jour.
Regard sur un projet, au départ bien personnel, mais aux impacts bien collectifs.
EN :
Born out of the desire of a generous donor and his children to honour the memory of a loved one, a team of representatives from Montréal Sacré-Coeur Hospital Foundation (MSCHF), employees of the Hôpital en santé mentale Albert-Prévost (HSMAP), and administrators of both Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal and Collège d’enseignement général et professionnel (CÉGEP) de Saint-Laurent was formed to offer musical scholar performances to the HSMAP’s clientele. Duos of different backgrounds (classical, popular and jazz), made up of student musicians, were selected to play on a weekly basis, alternating between two floors of the hospital.
This article wishes to recount how an innovative and intersectoral project was organized to offer a simple moment of musical listening to HSMAP’s hospitalized clientele, and what positive impacts have been identified to date.
A look at a project that was initially very personal, but with a very collective impact.
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L’evidence-based medicine, un projet épistémologique et éthique en porte-à-faux avec la psychiatrie ?
Alexis Thibault
p. 145–161
RésuméFR :
Le discours psychiatrique contemporain dominant repose principalement sur un paradigme médico-technologique où la souffrance mentale est conceptualisée comme un « mécanisme défectueux » qui nécessite une « réparation » grâce à l’arsenal médical. Dans ce contexte, l’evidence-based medicine (EBM) a donc été largement adopté par la psychiatrie à la fin des années 90. L’EBM est une proposition qui vise à influencer et même légiférer la prise de décisions cliniques en mettant de l’avant l’idée d’une hiérarchie des évidences, où le savoir tiré d’essais contrôlés randomisés (ECR) et de méta-analyses a préséance sur les informations tirées d’autres sources. Ainsi, comme l’EBM favorise ces outils de création de savoir (ECRs et méta-analyses) il en découle que le savoir qui compte véritablement dans le paradigme EBM est celui qui est mesurable et spécifique ; deux conditions préalables nécessaires pour l’utilisation même de ces outils. En conséquence, l’EBM diminue la valeur et va même jusqu’à ignorer d’autres formes d’évidences, de savoir et de justifications pour la prise de décisions cliniques. Du point de vue éthique, le concept EBM soutient que la « bonne chose à faire » est d’appliquer le savoir produit par l’EBM dans le contexte clinique. Les autres formes de savoir pouvant être impliquées dans la prise de décisions cliniques, mais qui ne peuvent pas être étudiées via l’EBM, sont dévalorisées d’un point de vue éthique. La littérature révisée et explorée ici considère donc que l’EBM est mal adapté à la réalité de la pratique psychiatrique. L’EBM ne peut pas, par définition, prendre en compte les spécificités de la discipline, notamment pour ce qui est des diagnostics psychiatriques ; leur complexité rend les évidences produites par l’EBM d’une validité questionnable. Le concept ne peut pas non plus tenir compte des spécificités des thérapeutiques psychiatriques. Les facteurs thérapeutiques non spécifiques, ceux discrédités par l’EBM, sont cruciaux pour les soins de santé mentale. Également, les observations portant sur des aspects de l’esprit, sur des expériences subjectives, ne sont que bien incorrectement traduites en résultats statistiques, mesurables et spécifiques. Ces observations amènent le présent essai à considérer qu’il serait peut-être préférable pour la psychiatrie, de rejeter la « hiérarchie des évidences » de l’EBM, et de développer son propre « système des savoirs ». Celui-ci devrait prendre en compte la position épistémologique unique de la psychiatrie, où subjectivité, contextes, et valeurs pourraient occuper de façon légitime la place qui leur revient dans la prise de décisions cliniques en psychiatrie. Bien qu’une alternative à l’EBM en psychiatrie n’ait pas encore été établie, la littérature, et ce papier pointent vers l’idée d’un « système des savoirs » plus flexible que ce qu’offre l’EBM en termes épistémologiques, où les aspects éthiques reliés à la discipline, incluant l’éthique du savoir, l’éthique de « ce qui compte comme évidence », revêtent une importance cruciale.
EN :
Current mainstream psychiatric discourse and practice rely mostly on a dominant technological paradigm where mental distress is understood as a “faulty mechanism” which needs “fixing” through medical means. As such, evidence-based medicine (EBM), a recent medical concept which encourages technological knowledge and hence technological understanding and interventions, was embraced by contemporary psychiatry. EBM is a proposition which seeks to regulate clinical decision-making by putting forth the idea of a hierarchy of evidence, where information yielded from randomized controlled trials (RCTs) and meta-analyses have definite precedence over other forms or sources of information. Thus, because EBM favors these evidence-producing tools, RCTs and meta-analyses, it purports that the knowledge that counts is that which is measurable and specific; necessary conditions for its detection by such tools. In doing so, EBM devalues and arguably even ignores other forms of evidence and warrants for clinical decision-making. From the standpoint of ethics, it purports that the “right” thing to do is to apply the evidence produced by EBM in a clinical setting. Other forms of evidence and relevant information regarding clinical decision-making which cannot be produced or measured by EBM are ethically devalued. Reviewed literature in the field of philosophy of psychiatry thus argues that EBM is ill-suited for psychiatry. It has a reductive view of the epistemological and related ethical issues regarding psychiatric practice. It cannot, by design, account for the specificities of psychiatry, notably in terms of diagnoses; their complexity easily renders the evidence created by EBM of questionable validity. It also cannot account for the specificities of psychiatric therapeutics. Outcomes related to the mind are incorrectly translated into specific and measurable results, and amongst other points, non-specific therapeutic factors, the ones discredited by EBM, are core to mental health care: nonsense. This leads the current critical review to consider that psychiatry would perhaps benefit from the development of its own evidentiary framework, taking into account its unique epistemological position, where subjectivity, context and values cannot be downplayed in the hierarchy of evidence, in the hierarchy of warrants for decision-making. This discussion inevitably raises the question of the object of study of psychiatry, which appears to be somewhat different than that of medicine. It also forces a conversation on the goals of psychiatry; they appear more complex than the achievement of measurable and specific health outcomes. Although a definite alternative to EBM in psychiatry has yet to be established, the literature, and this paper, point towards the idea of a more flexible evidentiary framework for psychiatry, one where ethical issues, including the ethics of what counts as evidence, should be of crucial importance.
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Troubles psychotiques et troubles du sommeil : revue de la littérature
Magalie Lussier-Valade, Alex Desautels et Roger Godbout
p. 163–194
RésuméFR :
Contexte La disparition de la nomenclature des troubles du sommeil dits primaires ou secondaires, rendue obsolète par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), représente bien l’engouement académique actuel pour ce domaine de recherche. Il est de plus en plus reconnu que les troubles du sommeil sont plus que de simples conséquences d’un trouble psychiatrique et qu’ils peuvent persister malgré un traitement adéquat de la condition comorbide et même précéder ou exacerber cette dernière. Les troubles du sommeil dans les troubles psychotiques, très fréquents, sont donc devenus un sujet d’actualité, représentant une cible d’intervention jusqu’ici sous-estimée.
Objectif Cet article vise à présenter l’état des connaissances actuelles sur la relation entre les troubles du sommeil et les troubles psychotiques ainsi que sur l’utilisation de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour traiter les troubles du sommeil dans ce contexte.
Méthode L’article fait une recension narrative de la littérature pour décrire la relation bidirectionnelle entre la psychose et les troubles du sommeil, les corrélations cliniques et les traitements ciblant l’insomnie chez les patients psychotiques.
Résultats Malgré la présence d’une relation entre les troubles du sommeil et les troubles psychotiques, les mécanismes neuronaux, hormonaux et socioculturels régissant cette relation demeurent encore incertains. Bien que l’association reliant les troubles du sommeil et les troubles psychotiques demeure à clarifier, les études démontrent qu’elle serait bidirectionnelle et peut engendrer un cercle vicieux où ces deux composantes s’aggravent mutuellement. Dans ce contexte de comorbidités, les modèles unifiés en TCC deviennent un traitement de choix, à condition d’adapter les protocoles de TCC pour insomnie (TCC-i) à une population avec trouble psychotique (TCC-ip).
Conclusion Malgré la complexité de la relation entre les troubles psychotiques et ceux du sommeil, la TCC-i a été démontrée efficace pour traiter les troubles du sommeil dans une population psychotique et pourrait, dans certains cas, permettre d’alléger la symptomatologie psychotique. De futures études sur ce domaine pourraient permettre le développement de protocoles de thérapie cognitivo-comportementale pour les troubles du sommeil mieux adaptés à la population avec troubles psychotiques.
EN :
Context Psychotic disorders are severe mental disorders that can cause a loss of contact with reality. Along with positive symptoms (delusions and hallucinations), they also encompass many other dysfunctions, such as sleep problems, which themselves can cause great distress and impairment in patients.
Objective To review current literature on the relationship between sleep disorders and psychosis, on the clinical impact of such a relationship, and the psychological treatment of sleep disorders in the context of psychosis.
Method Narrative overview of the literature synthesizing the findings about the relationship between psychosis and sleep disorders, and the psychological treatment of the latter, retrieved from searches of computerized databases, hand searches, and authoritative texts.
Results Evidence shows a bidirectional relationship between psychosis and sleep disorders. Despite many hypotheses involving genetics, hormones, or neuronal functions regarding the nature of this association, the exact mechanism remains elusive. However, sleep-related problems are an interesting therapeutic target to improve quality of life and psychotic symptoms and respond well to psychological interventions.
Conclusion Patients with psychotic disorders can benefit from CBT for insomnia, given a few adaptations to existing protocols. Additional studies are necessary to determine which patients are most likely to benefit from such interventions and to clarify the relationship between psychosis and sleep disorders, and the clinical implications of them co-existing.
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L’attachement et la mentalisation en pédopsychiatrie : une fenêtre sur le fonctionnement des enfants et de leurs parents
Karine Dubois-Comtois, Éléonore Sabourin-Guardo, Julie Achim, Alain Lebel et Miguel M. Terradas
p. 195–217
RésuméFR :
Le travail auprès de la clientèle en pédopsychiatrie et les défis qu’il pose amènent à revoir les pratiques cliniques afin de prendre en compte de façon systématique les notions d’attachement et de mentalisation chez les enfants et leurs parents. L’article traite d’abord des concepts d’attachement et de mentalisation et fait un résumé de l’état des connaissances sur ces derniers. Il est ensuite question d’un projet de recherche développé en pédopsychiatrie à la clinique spécialisée 0-5 ans de l’Hôpital en santé mentale Albert-Prévost (HSMAP). Nous présentons les résultats préliminaires de cette recherche de même que les défis rencontrés dans l’implantation du projet. Enfin, nous développons sur la façon d’aborder le travail clinique en considérant de manière systématique l’attachement et la mentalisation dans l’évaluation et l’intervention auprès des familles référées en pédopsychiatrie.
EN :
Objectives Mental health professionals who work with children face various challenges, requiring them to consider factors that aim to promote healthy adaptation in their clients. There is a growing body of literature showing that child attachment pattern, as well as mentalizing ability in both children and their parents, are related to various indicators of well-being including mental health. However, studies assessing these constructs in clinical samples are sparse.
Method Forty-nine children (2-6 years of age) and their parents were recruited through the Clinique spécialisée 0-5 ans of the Hôpital en santé mentale Albert-Prévost (HSMAP). A two-hour laboratory visit was carried out where parents and children completed individual and parent-child dyad tasks and filled out questionnaires. Various dimensions of parent and child functioning were assessed including the mother-child attachment relationship and parents’ mentalization ability.
Results Preliminary results indicated that child attachment pattern was related to children’s behavioral and executive functioning as well as parents’ psychiatric symptoms and parenting-related stress. Moreover, parents in our sample had lower levels of mentalizing abilities than those found in normative samples. Parents’ mentalizing ability was related to the presence of psychiatric symptoms, parenting-related stress, and a history stressful life events.
Conclusion These results highlight the need for mental health professionals working in a child psychiatric clinic to consider the child’s attachment pattern and the mentalization ability of children and their parents, throughout the assessment process and subsequent implementation of interventions. In the last section of the manuscript, we present different ways we have integrated these concepts into our clinical work with children and parents referred to HSMAP.
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Dilemmes des médecins traitants lors du retour au travail de personnes aux prises avec un trouble mental courant : illustration par des vignettes cliniques
Fabienne Boileau-Falardeau, Jean-Robert Turcotte, Paul-André Lafleur et Marc Corbière
p. 219–237
RésuméFR :
Introduction Les troubles mentaux courants (TMC) sont une des causes majeures d’invalidité au travail dans le monde. Plusieurs études démontrent que plus la durée de l’arrêt de travail est longue, plus minces sont les chances que la personne avec un TMC retourne au travail. Il est donc important que l’arrêt de travail soit d’une durée adéquate pour permettre à l’individu un rétablissement durable tout en diminuant les risques de rechute. Les médecins traitants ont un rôle important à jouer dans le cadre de la reprise professionnelle des personnes avec un TMC.
Objectif Cet article a comme principal objectif de présenter des vignettes cliniques supportées par la littérature relativement à la gestion par les médecins traitants de la reprise professionnelle de leurs patients avec un TMC.
Méthodologie Issues d’expériences cliniques, 3 vignettes cliniques illustrant plusieurs dilemmes que des médecins traitants peuvent rencontrer lors de la reprise professionnelle de leurs patients avec un TMC sont présentées. Les dilemmes sont soutenus par des articles publiés entre 2000 à 2020, provenant des bases de données Medline et PsycInfo.
Résultats et discussion Les 3 vignettes portent sur les dilemmes relatifs aux thèmes suivants : 1) l’évaluation du potentiel thérapeutique des arrêts de travail ; 2) le rôle d’expert octroyé aux médecins traitants et au processus d’évaluation de la capacité à travailler ; 3) les aspects administratifs liés à cette évaluation ; 4) la relation thérapeutique médecin-patient. La littérature nous indique que ce sont des dilemmes récurrents chez les médecins traitants dans le contexte de la gestion de la reprise professionnelle à la suite d’un TMC.
Conclusion La gestion des arrêts maladie chez les travailleurs avec un TMC par les médecins traitants comporte plusieurs dilemmes. Ces dilemmes mettent en lumière, entre autres, l’importance pour les médecins traitants de travailler en collaboration avec les autres acteurs et d’obtenir leur soutien et collaboration. Ces observations nous amènent à conduire une revue plus systématique de l’expérience des médecins traitants et de leurs besoins.
EN :
Introduction Common mental disorders (CMD) are one of the leading causes of workplace disability worldwide. Many studies show that the longer a person is on sick leave, the less likely they are returning to work. It is therefore important that the duration of a work absence be an adequate duration to allow the individual to make a lasting recovery while reducing the risk of relapse. Clinicians have an important role to play in the professional recovery of people with CMD.
Purpose The main objective of this article is to present clinical cases supported by the literature related to the management of return to work by clinicians treating their patients with CMD.
Methods Based on clinical observations, three clinical cases illustrating several dilemmas that clinicians may encounter when managing return to work of their patients with a CMD are presented. These dilemmas are supported by articles published between 2000 and 2020 from the Medline and PsycInfo databases.
Results and discussion Three clinical cases address dilemmas related to the following themes: 1) the assessment of the therapeutic potential of work absence, 2) the expert role given to clinicians and the process of assessing work disability, 3) the administrative aspects related to this assessment and 4) the impact of this assessment on therapeutic alliance between the clinician and his/her patient with CMD. The literature tells us that these are recurring dilemmas for clinicians when managing the return to work of their patients with CMD.
Conclusions There are several dilemmas in the management of sick leave among workers with CMD by clinicians. These dilemmas highlight, among other things, the importance for clinicians to work collaboratively with other stakeholders and to obtain their support and collaboration. These observations lead us to conduct a more systematic review of the experience of clinicians and their needs.
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La gérontopsychiatrie à l’Hôpital en santé mentale Albert-Prévost : favoriser la résilience des patients âgés grâce à la psychiatrie positive
Nathalie Shamlian, Caude Bergeron et Anne Decary
p. 239–254
RésuméFR :
La population québécoise est vieillissante, et ce phénomène ne fera que s’accroître au cours des prochaines décennies. Alors qu’en 2017 près d’une personne sur 5 appartenait au groupe des 65 ans et plus, il en sera ainsi pour le quart des Québécois en 2031, et près du tiers d’entre eux en 2061.
Par ailleurs, les trajectoires de vieillissement sont uniques à chacun et dépendront de différents facteurs, tels les vulnérabilités et forces de l’individu et son interaction avec les proches et la société. Malheureusement, la vieillesse s’illustre souvent comme un cumul de pertes dans différents registres. Cela crée des contraintes qui diminuent l’autonomie et augmentent la dépendance. La maladie peut confronter l’individu vieillissant à une diminution des capacités de réparation, et devenir un rappel de la mort inéluctable qui se rapproche et peut devenir parfois une certaine forme de traumatisme. Ce processus invite alors les soignants à réfléchir à un projet thérapeutique favorisant la résilience, concept qui va au-delà de l’ajustement à l’épreuve, et qui suggère un potentiel de développement et de rebond psychologique.
À l’Hôpital en santé mentale Albert-Prévost, la clientèle en gérontopsychiatrie cumule souvent une triple vulnérabilité : troubles cognitifs, incapacités physiques et maladie psychiatrique chronique ou de novo. Les besoins sont donc multiples et complexes.
C’est ainsi que dès 2017, nous avons élaboré une approche de psychiatrie positive dans notre service de gérontopsychiatrie. Notre objectif est de promouvoir le bien-être et la résilience de nos patients selon différents niveaux d’interventions positives. Les stratégies peuvent alors aller de la simple orientation positive pendant l’entretien psychiatrique à la psychothérapie positive, en passant par la psychoéducation, la bibliothérapie et la prescription de certaines interventions de psychologie positive (IPP).
EN :
Quebec’s population is aging, a situation that will only increase over the next decades. While in 2017 approximately 1 in 5 people belonged to the 65 and over the age group, this will be the case for a quarter of Quebecers in 2031, and almost a third of them by 2061.
The trajectories of aging are unique and depend on various factors, such as the vulnerabilities and strengths of the individual and his interaction with his loved ones and society.
Old age is often accompanied by a series of losses. This creates constraints that hamper autonomy. Disease can be very confronting for the aging individual with reduced capacities and become a reminder of an inevitable death approaching. It can sometimes become a certain form of trauma. This process challenges caregivers to think about a therapeutic projects promoting resilience, a concept that goes beyond adjustment, and that suggests potential for development and psychological rebound.
At Albert-Prévost Mental Health Hospital, geriatric psychiatry patients often have a triple vulnerability: cognitive impairment, physical disability and chronic or de novo psychiatric illness. Their needs are therefore multiple and complex.
This is how, in 2017, we developed a positive psychiatry approach in our geriatric psychiatry service. Our goal is to promote the well-being and resilience of our patients through different levels of positive intervention. The strategies can then range from simple positive orientation during the psychiatric interview to positive psychotherapy, including psychoeducation, bibliotherapy and the prescription of certain positive psychology intervention.