Certaines fonctionnalités et contenus sont actuellement inaccessibles en raison d'une maintenance chez notre prestataire de service. Suivez l'évolution

PrésentationL’éthique, un examen qui peut mener loin[Notice]

  • Jean-Claude Leclerc

…plus d’informations

  • Jean-Claude Leclerc
    Journaliste, conseiller à la rédaction

L’éthique, cette vieille discipline de la conduite sociale, devient de nos jours l’une des frontières les plus avancées et les plus périlleuses de la conscience humaine. La vénérable profession de la médecine, dont les premiers « serments » remontent à la plus haute antiquité, a dû revoir ses règles au fil de l’histoire. Ainsi, au siècle dernier, après l’horreur des expériences pseudo-scientifiques sur des prisonniers et des gens « anormaux », une mise à jour s’imposait. Les règles qui en sont sorties gouvernent encore la recherche et les essais cliniques. Rendue désormais aux portes de la vie, la médecine affronte d’autres problèmes moraux, et l’éthique médicale donc, des dilemmes plus complexes. Un autre milieu aux scandales retentissants, celui des affaires, connaît également une laborieuse adaptation de ses règles de « gouvernance ». De même, l’environnement écologique ou le traitement des animaux posent des questions éthiques qui retiennent de plus en plus l’attention du public. Paradoxalement, les « médecines de l’âme » restent le plus souvent dans l’ombre. Pourtant, psychiatrie, psychologie, psychanalyse, travail social et, plus récemment, neuropsychologie, soulèvent des questions et comportent des enjeux plus spectaculaires peut-être. À preuve : la discrète mise au point de composés visant à reconstruire la mémoire, sinon la conscience, des personnes souffrant d’accès post-traumatiques récurrents. Outil de manipulation massive ou percée thérapeutique ? On est loin, certes, des lavages de cerveaux à la mode en milieu militaire au siècle dernier, et dont un projet, financé par la CIA américaine, avait secoué un institut de l’Université McGill. Mais si les moyens d’aujourd’hui sont plus raffinés et davantage respectueux des personnes, le traitement des malaises psychosociaux n’échappe pas pour autant aux dilemmes que l’éthique doit discerner et, si possible, trancher. Le présent numéro de Santé mentale au Québec n’a pas l’ambition de dresser un panorama des questions qui se posent et des travaux qui sont menés sur l’éthique des sciences de la personnalité et de l’intimité humaines. Il ne vise pas, non plus, à faire l’évaluation des codes de déontologie en vigueur dans les professions de la santé ou du travail social. Encore moins y trouvera-t-on une critique du système de santé, de la place qu’il fait à la santé mentale ou du financement inadéquat qui y sévirait aux dépens des patients. Les réflexions des auteurs qui y signent les articles indiquent toutefois des repères et ouvrent des horizons propres à enrichir la pensée dans ce domaine et à en pousser plus loin les exigences. Ainsi, les milieux préoccupés de santé mentale ont pris la limite des droits conquis de haute lutte par les patients psychiatriques. Ils savent que ces droits risquent d’être bafoués ou ignorés faute de services mieux pourvus pour en assurer le respect. Avec raison, les professionnels aux prises avec ces difficultés seront portés à réclamer des changements aux politiques en place et aux pratiques institutionnelles. Or, certains patients sont plus populaires que d’autres. La majorité des citoyens appuiera la recherche sur les cellules souches, par exemple, car ses résultats peuvent rendre aux vieilles personnes l’usage de leurs facultés. La recherche sur l’alcoolisme, la violence ou la toxicomanie trouve moins d’appui. À cet égard, l’anecdote du père Gilabert Jofré, citée par J. Arboleda-Florez et D. N. Weisstub, est un avertissement d’actualité. Gare au havre physique ou psychique qu’on réclamera pour ces marginaux, s’ils risquent d’y être emmurés. Parmi les droits acquis par les patients, celui de décider d’accepter ou non un traitement rompt avec le paternalisme traditionnel voulant que le professionnel sache mieux que le patient ce dont il soufre et quel traitement est le plus approprié à son état. S’il est …