Résumés
Résumé
Dans sa Dédicace à Don Juan (strophe 10), Byron s’exprime sur Milton en expliquant que le mot « Miltonique » est devenu synonyme du sublime à cause de la façon que choisissait de vivre Milton le poète et l’homme. Selon Byron, Milton est resté fidèle à son crédo politique et religieux malgré l’opposition de ses contemporains, suivant la Restauration. Aux yeux de Byron, il y a quelque chose de très sublime et grand dans la conduite de Milton, « le vieillard aveugle1 », qui vivait une situation difficile alors qu’il était « défait, pâle et pauvre2 ». Cette perspective sur Milton rappelle une création de Byron, Manfred, qui reste fidèle à son crédo jusqu’à la fin et choisit de mourir plutôt qu’accepter toute intervention du clergé ou de l’Église qui puisse le sauver. Dans ses Observations sur le sentiment du beau et du sublime, Kant explique que l’homme mélancolique « a surtout le sentiment du sublime3 ». On peut se demander si Kant expliquait certaines des caractéristiques du héros de Byron. Il est certainement vrai que Manfred, comme Kant le souligne ailleurs, « brave le danger et méprise la mort ». Avant de mourir, il prononce ces derniers mots : « Vieillard! Ce n’est pas si difficile, mourir . . .4 » À cet égard, l’attitude du samurai japonais face à la vie et à la mort nous rappelle la notion du sublime. Le samurai est souvent prêt à s’engager dans une bataille perdue d’avance et à y laisser sa vie afin de rester fidèle à son credo. Une telle attitude nous apparaît « sublime ». Selon Kant, « soumettre ses passions par des principes est sublime ».
Une autre caractéristique de Manfred en termes du concept du sublime repose sur le lieu dans lequel se déroule le drame, qui relève du sublime à son tour. En effet, Byron choisit comme lieu de l’action « les Hautes-Alpes5 ». Ainsi, on y trouve plusieurs scènes que Burke et Kant pourraient appeler des exemples du « sublime-terrible ». Autrement dit, Manfred est une oeuvre dans laquelle le décor et l’état d’esprit du protagoniste peuvent être qualifiés de sublime.
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