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Les coordonnateur⋅rice⋅s de ce collectif voulaient proposer aux lecteur⋅rice⋅s un ouvrage informatif, explicatif et mobilisateur. Les nombreux⋅ses auteur⋅e⋅s (des enseignant⋅e⋅s, des chercheur⋅se⋅s, des parents, etc.) participant à l’écriture des 24 chapitres contribuent à mettre en lumière les nombreux enjeux éducatifs actuels et à expliquer les valeurs sous-jacentes aux politiques éducatives mises en place. Elle⋅il⋅s désirent aussi encourager la mobilisation : les citoyen⋅ne⋅s, une fois informé⋅e⋅s, peuvent contribuer au débat entourant l’enseignement au Québec.
La première partie, composée de 12 chapitres, aborde plusieurs défis touchant à divers secteurs scolaires. On explique d’abord les inégalités créées par les orientations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de l’UNESCO, par la démocratisation du système scolaire québécois et par les projets particuliers. Les divers⋅es auteur⋅e⋅s abordent ensuite la gestion effectuée dans les écoles, la prévention précoce prédictive effectuée auprès des enfants et l’éducation préscolaire. On met aussi en lumière d’autres débats, comme celui portant sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) en classe.
La deuxième partie, regroupée en six chapitres, se concentre sur les contenus et les visées des programmes préscolaire, primaire et secondaire. On aborde, par exemple, le rôle de l’école dans le développement des compétences langagières ou de la culture d’un enfant et l’utilité des cours d’arts. On touche à d’autres enjeux comme ceux qui entourent l’évaluation ou la formation des enseignant⋅e⋅s.
La troisième partie, incluant aussi six chapitres, traite de l’éducation dans certains contextes, se questionnant, par exemple, sur la place de la culture ou des populations immigrantes ou autochtones. On se penche davantage sur les élèves qui sont dit⋅e⋅s « en difficulté » ou qui ne suivent pas un parcours scolaire considéré comme étant « classique » comme celles⋅ceux fréquentant le secteur d’éducation des adultes.
L’ouvrage, dû à ses nombreux collaborateur⋅rice⋅s issue⋅s de divers milieux, revient sur les mêmes éléments à plusieurs reprises tout au long des chapitres. On nous redonne notamment la même définition de la gestion axée sur les résultats dans cinq chapitres différents, ce qui peut amener un certain sentiment de redondance. D’ailleurs, les angles d’entrée privilégiés par les auteur⋅e⋅s peuvent créer une certaine confusion. Par exemple, si on associe le secteur de l’éducation aux adultes à la formation générale des jeunes (FGJ) au chapitre 22, le chapitre 23 l’aborde plutôt en parlant de la formation professionnelle (FP), alors que le chapitre 24 traite de l’éducation et formation des adultes (EFA). Cela peut amener des difficultés de compréhension pour la⋅le lecteur⋅rice, particulièrement celles⋅ceux qui ne sont pas familier⋅ère⋅s avec le monde de l’éducation et ses différentes instances.
Les auteur⋅e⋅s, tout au long des 24 chapitres, ont tout de même le souci de présenter et définir des concepts de base qui permettent d’introduire les chapitres, ce qui aide à nous situer. Cela est nécessaire, car les sujets traités sont nombreux et touchent une panoplie de thèmes liés, de près ou de loin, à l’école. On parle notamment des services disponibles pour des adultes immigrant⋅e⋅s ou des programmes mis en place en Nouvelle-Zélande afin d’aider l’éducation des populations autochtones.
D’ailleurs, tous les chapitres suivent en gros le même cheminement – ce qui facilite la lecture : les auteur⋅e⋅s décrivent le thème central du chapitre, en expliquent les enjeux et terminent par une discussion exprimant souvent un souhait d’améliorer la situation. Ainsi, on nous explique la place des cours de musique dans le curriculum au primaire et tous leurs bienfaits, avant de mentionner que le manque de ressources complique l’enseignement de ces matières liées au domaine des arts. Des pistes de solution pour améliorer les conditions de travail des enseignant⋅e⋅s de ces matières à l’école primaire, entre autres, concluent ce chapitre.
La plus grande force de ce collectif réside, selon nous, dans les multiples solutions et pistes de réflexion qui y sont proposées par les auteur⋅e⋅s ou par divers organismes cités. Ce dernier remplit donc sa mission de mobiliser. Bien que les enjeux traités soient complexes – et semblent de plus en plus nombreux –, les auteur⋅e⋅s s’efforcent de proposer une nouvelle conception de l’éducation pour le Québec. En effet, certaines activités sont décrites de façon exhaustive, ce qui permet aux enseignant⋅e⋅s de les tester dans leur classe afin de répondre aux problèmes et défis présentés dans l’ouvrage. Pour donner un exemple concret, on nous explique l’importance des compétences en français chez un⋅e adolescent⋅e comme appui au développement de compétences communicatives et réflexives. Pour faciliter cet apprentissage, les coauteur⋅e⋅s proposent de créer des activités qui permettent aux élèves d’observer « les différences entre la conjugaison orale et écrite en dictant les formes d’un verbe à un temps donné » (p. 250). Elleil⋅s décrivent cette activité en détail, ce qui permet au personnel enseignant de la mettre en pratique.
Bref, cet ouvrage correspond bien aux propos tenus par Guy Rocher en préface : il inquiète, mais il fait aussi rêver en nous permettant d’imaginer un système scolaire québécois plus juste. L’ouvrage est aussi très pertinent, car il se penche sur des enjeux actuels qui ont de grands impacts tant sur le travail des enseignant⋅e⋅s que sur l’apprentissage des élèves de tout âge. Comme il est mentionné en introduction, il est important de discuter de tels enjeux afin d’encourager la mobilisation citoyenne éclairée.