
Revue Organisations & territoires
Volume 34, numéro 1, 2025
Sommaire (17 articles)
Éditorial
Présentation du dossier
Dossier
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Retour sur le projet « Le regard des militants Quart Monde sur les scénarios Transition(s) 2050 de l’ADEME » : entretien croisé entre militantes et chercheuses en France
Fathia Ayad, Inès Berkani, Mathilde Boissier, Elisabetta Bucolo, Christelle Cambier, Eve Sonet, Joëlle Weydert et Céline Vercelloni
p. 18–31
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(Des)encuentros ethnographiques : les aléas d’une recherche en « terrain miné » de risques en contexte autochtone au Guatemala
Marie-Dominik Langlois
p. 32–49
RésuméFR :
L’article analyse les enjeux éthiques et méthodologiques sur l’application de méthodes de recherche en contexte autochtone en terrain miné (Albera, 2001) au Sud. En abordant des refus du terrain et des (des)encuentros (rendez-vous manqués) ethnographiques, cet article cherche à saisir les conditions précaires des terrains minés en territoire autochtone mésoaméricain, caractérisé par des asymétries entre les acteurs, mais aussi entre les interlocuteurs et l’ethnographe. Il se penche aussi sur comment les refus du terrain peuvent contribuer à revoir l’objet et la démarche de recherche, dans ce cas en passant d’un projet de recherche collaborative à une démarche d’ethnographie engagée. L’article conclut que la recherche dans un champ de mines social (Rodríguez-Garavito, 2011) autochtone requière l’adoption des valeurs de respect, de réciprocité et de relationalité par l’ethnographe envers ses interlocuteurs et interlocutrices sur le terrain afin d’être attentif aux rapports de pouvoir, aux privilèges et aux contraintes que ceux-ci expérimentent. Pour ce faire, l’ethnographe est appelé à concevoir sa recherche de façon souple afin de construire une relation de confiance dans le temps et de faire preuve d’humilité, d’ouverture et d’écoute.
EN :
This article analyzes the ethical and methodological issues regarding the application of research methods in Indigenous contexts in mined fields (Albera, 2001) in the Global South. By addressing refusals of access and ethnographic (des)encuentros (missed encounters), this article seeks to grasp the precarious conditions of mined fields in Mesoamerican Indigenous territory, characterized by asymmetries between actors as well as between interlocutors and the ethnographer. It also examines how field refusals of access can contribute to reevaluating the research object and approach, in this case shifting from a collaborative research project to an engaged ethnographic approach. This article concludes that research in Indigenous social minefields (Rodríguez-Garavito, 2011) requires the ethnographer to adopt values of respect, reciprocity, and relationality towards their interlocutors in the field to be attentive to the power dynamics, privileges, and constraints that they experience. To achieve this, the ethnographer must design the research flexibly so as to build a trusting relationship over time and to demonstrate humility, openness, and active listening.
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La justice épistémique au service de la transition socioécologique : le cas d’un organisme nord-montréalais de lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale
Mathilde Manon et Grégoire Autin
p. 50–69
RésuméFR :
Les populations défavorisées font face à de multiples injustices sociales et environnementales, et sont relativement peu prises en compte lorsqu’il est question de remédier à ces problèmes. Pourtant, les épistémologies décoloniales étudient et défendent depuis longtemps la manière dont les savoirs ancrés dans les modes de vie des populations locales peuvent contribuer à une transformation holistique de territoires aux prises avec des problèmes complexes. Cet article examine les pratiques de Parole d’excluEs à travers le prisme de la justice épistémique, et souligne l’apport de cette approche dans la mise en oeuvre d’expérimentations locales de transition socioécologique ancrées dans les réalités des personnes en situation de pauvreté et d’exclusion sociale et allant dans le sens d’une plus grande justice sociale. Il met en lumière l’importance de reconnaître les acteurs à la marge qui, sans se référer explicitement aux cadres théoriques ou aux concepts de la transition socioécologique, participent néanmoins activement à la construction d’un récit et d’actions collectives de transition.
EN :
Underprivileged populations face multiple social and environmental injustices and are relatively seldom considered when it comes to addressing these issues. However, decolonial epistemologies has long studied and advocated the ways in which knowledge rooted in the lifestyles of local populations can contribute to a holistic transformation of territories grappling with complex problems. This article examines the practices of “Parole d’excluEs” through the lens of epistemic justice. It highlights the contribution of this approach to the implementation of local socio-ecological transition experiments rooted in the realities of people living in poverty and social exclusion, thereby promoting greater social justice. It also emphasizes the importance of recognizing actors at the margins who, without explicitly referring to theoretical frameworks or concepts of socio-ecological transition, nonetheless actively participate in the construction of a narrative and collective actions for transition.
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Urbanisation et mondialisation pour une transition socioécologique inversée : un écosystème de la vulnérabilité humaine dans le secteur de l’agriculture au Cameroun
Serge Eric Dzou Ntolo
p. 70–87
RésuméFR :
Cet article se veut une tentative d’explication des mutations des modes de production agropastorale au Cameroun, partis d’une situation quasi bio au XXe siècle à une situation d’assistance chimique généralisée au XXIe siècle. Dans ce pays, c’est un processus complexe au coeur duquel le phénomène de la mondialisation agit comme un moteur d’inversion des valeurs productives. Les effets sociaux rendent les populations particulièrement vulnérables. L’agriculture, une activité sociale à finalité alimentaire et nutritive, se retrouve dans l’engrenage vicieux des pesticides et de perversion des modes endogènes de production. Dans un processus heuristique transdisciplinaire, le cadre théorique adopté est le constructivisme, dont la modalité essentielle est l’explication par la critique. Il saisit la transition socioécologique comme la construction d’un idéal dans un monde dominé par les contradictions de la mondialisation. C’est ainsi qu’au Cameroun, le secteur de l’agriculture donne un sens contraire à l’idéal de la transition socioécologique, à travers l’interversion des enjeux socioéconomiques et socioécologiques.
EN :
This paper is an attempt to explain the changes of agricultural production modes in Cameroon, from a quasi-bio situation in the 20th century, to a situation of generalized chemical assistance in the 21st century. In this country, this is a complex process at the heart of which the phenomenon of globalization acts as a driving force for the inversion of productive values. The social effects make populations particularly vulnerable. Agriculture, a social activity whose purpose is to provide food and nutrition, is caught up in the vicious circle of pesticides and the distortion of endogenous modes of production. In a transdisciplinary heuristic process, the theoretical frame-work adopted is constructivism, whose essential modality is explanation through critique, where socio-ecological transition is the construction of a model in a world dominated by the contradictions of globalization. In Cameroon, for example, the agricultural sector has an opposite view of the model of socio-ecological transition, through the reversal of socio-economic and socio-ecological stakes.
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Une lecture décoloniale des projets miniers de la transition : pistes de réflexion pour déconstruire et (re)penser la transition énergétique
Axelle Ferrant
p. 88–111
RésuméFR :
N’y a-t-il pas un paradoxe à présenter l’extraction croissante de minéraux critiques et stratégiques comme essentielle au bien commun dans un contexte de crise écologique? L’objectif de cet article est d’interroger la manière dont le gouvernement provincial québécois et l’industrie minière justifient le développement de projets miniers de la transition. À partir d’une analyse de contenu et de réflexions nourries par les perspectives décoloniales, cet article propose de (re)penser ces projets présentés comme indispensables à la transition énergétique et de s’interroger sur la manière dont la nature est perçue dans les discours des acteurs dominants. Les concepts de colonialité de la nature, d’extractivisme et d’habiter colonial sont mobilisés pour démontrer que ces discours restent ancrés dans une logique extractiviste d’une nature infériorisée, réduite à des ressources naturelles à exploiter. Ces discours perpétuent une manière destructrice d’habiter la Terre. L’approche décoloniale permet de renverser les perspectives et de délégitimer ces discours dominants.
EN :
Is it not a paradox to present the increasing extraction of critical and strategic minerals as essential to the common good in a context of ecological crisis? The aim of this article is to question the way in which the provincial government of Quebec and the mining industry justify the development of transitional mining projects. Based on a content analysis and reflections fostered by decolonial perspectives, this work proposes to think out or rethink these projects presented as essential to energy transition, and to question how nature is perceived in the narratives of the dominant actors. The concepts of nature coloniality, extractivism and colonial inhabitation are used to demonstrate that these narratives remain rooted in an inferiorized extractivist logic, reduced to natural resources to be exploited. These narratives perpetuate a destructive way of inhabiting the Earth. The decolonial approach reverses perspectives and delegitimizes these dominant narratives.
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Des accords aux leviers d’émancipation : pour une lecture critique des ententes sur les répercussions et les avantages (ERA)
Emmanuelle Champion
p. 112–133
RésuméFR :
Cet article examine la performativité et les limites des ententes sur les répercussions et les avantages (ERA) en tant qu’outils de responsabilité sociétale pour l’industrie minière et leviers potentiels d’autodétermination pour les communautés autochtones. Ces accords, investis comme des espaces de dialogue stratégique, permettent aux communautés, détentrices de droits distincts, de réaffirmer leur autorité territoriale et de négocier des mécanismes de contrôle dans un cadre structuré par des dynamiques de pouvoir héritées du colonialisme. À partir d’une analyse d’une ERA conclue en 2014 entre une communauté crie d’Eeyou Istchee et une jeune entreprise d’extraction du spodumène, cette étude examine les tensions et limites inhérentes à ces dispositifs contractuels. Cette analyse remet en question les conditions de réappropriation des ERA afin d’en faire de véritables leviers d’émancipation et de transformation des rapports de pouvoir dans l’industrie minière.
EN :
This article examines the performativity and limitations of the impact and benefit agreements (IBAs) as corporate social responsibility tools for the mining industry and as potential levers of self-determination for Indigenous communities. These agreements, invested as means for strategic dialogue, enable communities with distinct rights to reaffirm their territorial authority and to negotiate control mechanisms within a framework structured by power dynamics inherited from colonialism. Based on an analysis of an IBA signed in 2014 between a Cree community in Eeyou Istchee and a junior company extracting spodumene, this study explores the tensions and structural constraints inherent to these contractual arrangements. This analysis examines the conditions of IBA reappropriation to make them become genuine emancipation and transformation levers of power relations in the mining industry.
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Créolisation captive et injustice épistémique : l’exemple du lakou haïtien
Charly Camilien Victor
p. 134–149
RésuméFR :
Les catégories sociales des Créoles et des Bossales ont façonné contemporainement la nation haïtienne, mais les contributions des Bossales en matière de connaissances et d’expériences ont souvent été négligées. Cette étude examine si cette négligence est liée au processus de créolisation captive, un héritage des fractures sociales du système colonial. Utilisant une approche d’interactionnisme historicosocial, cet article explore cette fracture coloniale. À travers des enquêtes de terrain selon la méthode conversationnelle avec des acteurs ruraux de la péninsule Sud d’Haïti, fondée sur une approche épistémique décoloniale plurielle, cette recherche révèle que le lakou haïtien, en tant qu’épistémè bossale, représente un paradigme endogène de résistance sociohistorique et de solidarité communale qui a été marginalisé. Nous soutenons que cette marginalisation résulte d’une créolisation captive enracinée dans une forme d’injustice épistémique.
EN :
The social categories of Creoles and Bossales have contemporaneously shaped the Haitian nation, but the contributions of the Bossales in terms of knowledge and experience have often been overlooked. This study examines if this neglect is linked to the process of captive creolization, a legacy of the colonial system’s social divides. Utilizing a historical-social interactionism approach, this article explores this colonial divide. Through conducted field surveys using a conversational method with rural actors from Haiti’s southern peninsula, based on a plural decolonial epistemic approach, this research reveals that the Haitian lakou, as a bossale episteme, represents an endogenous paradigm of socio-historical resistance and communal solidarity that has been marginalized. We argue that this marginalization results from captive creolization, which is rooted in a type of epistemic injustice.
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Repenser l’innovation sociale à travers le prisme de la décolonisation
Jonathan Harvey, Diane Alalouf-Hall, Majlinda Zhegu et Caroline Coulombe
p. 150–171
RésuméFR :
Cet article explore l’écart entre décolonisation et innovation sociale, souvent traitées séparément malgré leurs synergies potentielles. En établissant un cadre nuancé applicable à divers contextes, nous visons à intégrer les principes décoloniaux dans l’innovation sociale pour un changement plus équitable et durable. Notre recherche examine les thèmes communs, défis et opportunités des deux domaines, en mettant en lumière l’interconnexion, les relations de pouvoir inégales, la libération des récits dominants et le dialogue interculturel. Ce cadre enrichit la théorie décoloniale matérialiste avec un modèle intégrant les objectifs transformateurs des deux concepts. Il remet en question les structures de pouvoir dominantes, embrasse divers systèmes de connaissances et encourage un dialogue interculturel, offrant une évaluation plus critique des processus d’innovation sociale. Ce modèle pourrait guider praticiens, décideurs et chercheurs vers une société plus inclusive, résiliente et respectueuse des héritages historiques, tout en valorisant les perspectives diverses.
EN :
This article explores the gap between decolonization and social innovation, often treated separately despite their potential synergies. By establishing a nuanced framework applicable to various contexts, we aim to integrate decolonial principles into social innovation for more equitable and sustainable change. Our research examines the common themes, challenges, and opportunities in both fields, highlighting their interconnection, unequal power relations, liberation of dominant narratives, and intercultural dialogue. This framework enriches the materialist decolonial theory with a model that integrates the transformative goals of both concepts. It challenges the dominant power structures, embraces diverse knowledge systems, and encourages intercultural dialogue, offering a more critical assessment of social innovation processes. This model could guide practitioners, policymakers and researchers toward a more inclusive and resilient society that respects historical legacies, while valuing diverse perspectives.
Espace libre
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Ce qu’il reste de la gouvernance collaborative dans les établissements de santé après la pandémie de COVID-19 : étude de cas exploratoire d’un « retour à la normale »
Morgane Gabet, Pierre-Marie David et Arnaud Duhoux
p. 172–183
RésuméFR :
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence des enjeux de gouvernance dans les organisations de santé au Québec (Canada). Elle a également accéléré l’adoption de modalités de gouvernance collaborative, intégrant les professionnels de la santé et les patients dans le processus décisionnel. Cette étude de cas exploratoire basée sur des entrevues semi-structurées (n = 8), visait à : définir ce qu’a pu être ou est encore la gouvernance collaborative pendant et après la pandémie de COVID-19 dans un établissement de santé au Québec; et comprendre les types d’initiatives et d’enjeux concernant sa mise en oeuvre et sa pérennité. Cette étude est successive à une première vague d’entrevues (n = 12) réalisées en 2020 pour un projet connexe, qui a permis de mieux comprendre la gouvernance collaborative en réponse à la crise sociosanitaire de COVID-19 par les organisations de santé (Gabet et collab., 2023). Elle souligne l’importance d’un leadership fort et d’une collaboration intersectorielle, tout en soulignant une potentielle dérive vers des pratiques qui peuvent dénaturer son objectif initial. Il semble nécessaire de clarifier et de partager le sens de cette gouvernance collaborative afin qu’elle reste adaptée aux besoins des personnels et des communautés.
EN :
The COVID-19 pandemic highlighted governance issues within healthcare organizations in Quebec (Canada). It also speeded up the adoption of collaborative governance models, integrating healthcare professionals and patients into the decision-making process. This exploratory qualitative case study, based on semi-structured interviews (n=8), aimed to: 1. define what collaborative governance was or still is during and after the COVID-19 pandemic in a healthcare institution in Quebec; and 2. understand the types of initiatives and issues that facilitate or limit the implementation and sustainability of collaborative governance. This study follows a first wave of interviews (n=12) conducted in 2020 for a related project that allowed a better understanding of the collaborative governance response to the COVID-19 crisis by healthcare organizations (Gabet et al., 2023). It emphasizes the importance of strong leadership and intersectoral collaboration, while warning of a potential drift toward practices that could undermine its original objective. It seems necessary to clarify and share the meaning of this collaborative governance to ensure that it remains well-suited to the needs of the healthcare staffs and the communities.
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Transfert des connaissances tacites et explicites de l’agriculture traditionnelle vers l’agriculture moderne contrôlée : le cas d’un exploitant de serres verticales dans un environnement nordique
Myriam Larouche-Tremblay, Claudiane Ouellet-Plamondon et Stéphane Godbout
p. 184–208
RésuméFR :
L’article explore l’importance du transfert des connaissances tacites et explicites entre les maraîchers traditionnels, les chercheurs et les exploitants de serres intelligentes dans un contexte d’agriculture urbaine en pleine évolution. Face à l’émergence rapide des technologies, il devient essentiel d’utiliser des cartographies du cycle de vie des connaissances pour optimiser les pratiques en serres intelligentes. L’espace limité et le contrôle en temps réel des conditions de culture nécessitent des outils pour organiser et partager efficacement le savoir. L’adaptation des expertises traditionnelles en gestion des sols, en traitement des maladies et en cycles de croissance des plantes à ces environnements contrôlés permet de maximiser la productivité. L’article présente différents modèles de passation des connaissances visant à renforcer les liens entre les serres intelligentes et les institutions de recherche. Ce maillage favorise l’intégration de technologies avancées, dont les capteurs et l’intelligence artificielle, pour développer des systèmes agricoles durables, robustes et adaptés aux réalités climatiques, notamment dans les environnements nordiques.
EN :
This article explores the importance of transferring both tacit and explicit knowledge between traditional farmers, researchers and smart greenhouse operators within the rapidly evolving context of urban agriculture. Given the rapid pace of technological advancement, the use of knowledge life cycle mapping is essential to optimize practices in smart greenhouses. Limited space and real-time controlled growing conditions require tools to effectively organize and share critical information. Adapting traditional expertise in soil management, plant disease treatment and plant growth cycles to controlled environments maximizes productivity. This article presents various knowledge transfer models that aim to strengthen the connections between smart greenhouses and research institutions. This network promotes the integration of advanced technologies, including sensors and artificial intelligence, to develop sustainable and robust agricultural systems that are adapted to climatic realities, particularly in northern environments.
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Responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) et développement local durable au Cameroun : entre légitimation et cosmétique
Sigismond Hervey Mvele et Albert Joël Mbarga
p. 209–234
RésuméFR :
L’objectif de cette recherche est d’explorer les pratiques de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) dans les collectivités territoriales décentralisées (CTD) au Cameroun et de caractériser celles qui sont plus favorables au développement local durable. Pour y parvenir, des entrevues ont été conduites auprès de 12 communes d’arrondissement localisées dans la région du Centre du pays, sélectionnées par convenance. Les données collectées durant une période de quatre semaines ont été soumises à l’analyse de contenu informatisée. Analysée sous le prisme de ses trois dimensions traditionnelles (sociale, économique et environnementale), la RSE au sein des communes échantillonnées prend plusieurs consonances en fonction des variables contextuelles. Les principaux résultats obtenus montrent que les initiatives de RSE identifiées au sein des communes sont favorables au développement local durable à travers le bien-être du personnel et de la population (conditions de vie améliorées), le développement économique de la localité (infrastructures économiques durables et entrepreneuriat local) et la préservation de l’environnement (environnement sain). Ces résultats donnent ainsi une coloration unique de la RSE dans l’univers des CTD et permettent de découvrir de nouvelles profondeurs de la RSE.
EN :
The aim of this research is to explore corporate social responsibility (CSR) practices in decentralised territorial communities (DTCs) in Cameroon and to characterise those that are most conducive to sustainable local development. To achieve this, interviews were conducted with 12 district councils in the “Centre” region of the country, selected by convenience. The data collected over a four-week period was subjected to computerised content analysis. Analysed through the prism of its three traditional aspects (social, economic and environmental), CSR within the sampled districts takes on several consonances depending on the contextual variables. The main results obtained show that the CSR initiatives identified within the districts are conducive to sustainable local development through the well-being of the personnel and the population (improved living conditions), the economic development of the town or village (sustainable economic infrastructures and local entrepreneurship) and the preservation of the environment (a healthy environment). These results give a unique colour to CSR in the world of DTCs and allow us to discover new depths of CSR.
L’atelier des étudiants
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La contribution de la forêt au développement territorial durable du Nouveau-Brunswick : état de la situation, enjeux et défis
Danik Savoie et Majella Simard
p. 235–251
RésuméFR :
La forêt du Nouveau-Brunswick exerce un rôle d’avant-plan sur plusieurs aspects : elle favorise le développement économique, la protection de l’environnement, la structuration et l’occupation du territoire. Ses impacts sociaux sont aussi manifestes. À l’instar des autres ressources, la forêt est susceptible de s’avérer un outil incontournable en vue de promouvoir un développement territorial durable et ainsi d’améliorer la qualité de vie des Néo-Brunswickois. À partir d’une analyse de contenu, l’objectif de cet article consiste à déterminer dans quelle mesure la forêt du Nouveau-Brunswick contribue au développement territorial durable de la province sous l’angle de ses quatre principales composantes, à savoir : l’économie, la société, l’environnement et le territoire. Nos résultats révèlent qu’en raison de la prédominance du modèle néolibéral, la dimension économique semble avoir préséance sur les trois autres aspects du développement et ainsi stimule la croissance. La diversification de l’activité forestière, la promotion d’entreprises tournées vers l’économie sociale et le renforcement de la gouvernance territoriale pourraient constituer des pistes à explorer en vue de préconiser une forme d’exploitation qui réponde davantage aux principes du développement territorial durable.
EN :
In New Brunswick, forestry plays an important role in economic development, environmental protection, land structuring and land occupation. Forestry also has a marked social impact. Like other resources, forests are likely to prove being an essential resource to promote sustainable territorial development and thus improve New Brunswickers’ quality of life. Based on content analysis, the aim of this article is to determine the extent to which New Brunswick’s forests contribute to the province’s sustainable territorial development in terms of its four main components: economy, society, environment and territory. The results obtained reveal that economic dimensions take precedence over the three other aspects of development in an attempt to stimulate economic growth, due to the dominance of neoliberal ideas. The diversification of forestry activities, the promotion of social economy businesses and the strengthening of territorial governance could be avenues to explore to advocate a form of exploitation that would be more in line with the principles of sustainable territorial development.
L’entretien
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Laure Waridel, Écosociologue et professeure associée à l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Montréal
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Juan-Luis Klein, Professeur titulaire au département de géographie UQAM et membre du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES)
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Laurent Garneau, Consultant formateur en santé mentale au travail et responsable du secteur communautaire au CPS 02 à la retraite