FR :

Ce texte a pour objectif de montrer comment l’immigration et la diversité ethnoculturelle et linguistique qui en découle ont été au coeur des réflexions québécoises depuis plusieurs décennies quant au modèle de société inclusive à privilégier et aux visées de la politique linguistique québécoise. Bien que les changements récents à la politique linguistique du Québec (Loi 14) soient toujours en phase avec l’esprit et la lettre de la Charte de la langue française, ils sont en bonne partie le résultat d’une rupture de paradigme. Les résultats attendus de son application semblent désormais s’inscrire dans une perspective « assimilationniste » selon laquelle l’expression « le français, langue commune de la société québécoise » renvoie principalement à son usage prédominant dans la sphère privée, plutôt que dans une perspective « intégrationniste », qui priorise son usage dans l’espace public, reconnaît la diversité des modes d’intégration et des contributions à la francophonie québécoise, sans égard à la sphère privée.

EN :

The purpose of this text is to show how immigration and the resulting ethnocultural and linguistic diversity have been a central concern in Quebec for several decades about the model of inclusive society to be favoured and the aims of the province’s language policy. Although recent changes to Quebec’s language policy (Bill 14) are still in line with the spirit and letter of the Charter of the French Language, they are largely the result of a shift in paradigm. The expected results of its application now seem to be part of an “assimilationist” perspective according to which the expression “French, the common language of Quebec society” mainly refers to its predominant use in the private sphere, rather than an “integrationist” perspective, which prioritizes its use in the public space, recognizes the diversity of modes of integration and contributions to the Quebec francophonie, regardless of the private sphere.

FR :

La question identitaire s’est imposée dans la vie politique québécoise depuis le début des années 2000 en réaction à l’augmentation du nombre d’immigrants dans la province ainsi qu’aux statistiques montrant un déclin du français au Québec. Ces débats semblent avoir mené à l’émergence d’un nouveau clivage politique s’articulant autour de la gestion de la diversité. Nous avançons que l’influence de ce clivage s’explique par la théorie de la menace de groupe. Les données de l’Étude électorale québécoise de 2022 nous permettent de déterminer les contours de l’opinion publique concernant cette menace et d’en examiner le lien avec le choix électoral.

EN :

Since the beginning of the 2000s, the question of identity has come to the fore in Quebec politics, in response to the growing number of immigrants to the province and statistics showing a decline of the French language in Quebec. These debates seem to have led to the emergence of a new political cleavage revolving around the management of diversity. We argue that the influence of this cleavage can be explained by the group threat theory. Data from the 2022 Quebec Election Study allow us to measure the contours of public opinion regarding this threat, and to examine its relationship with voting choice.

FR :

Cet article examine deux tendances parallèles dans la stratégie politique d’aide internationale du Canada : l’adoption d’une politique d’aide internationale féministe et la création de deux nouveaux vecteurs pour fournir des « financements innovants » : FinDev et le Fonds Égalité. Nous décrivons comment les approches financières innovantes poursuivies par ces institutions – dont le financement mixte et les investissements à optique de genre – financiarisent l’aide internationale et menacent d’exacerber la dette et les inégalités systémiques plutôt que de favoriser un développement social.

EN :

This article examines two parallel trends in Canada’s international assistance policy: the adoption of a feminist international assistance policy and the creation of two new vehicles to deliver “innovative finance”: FinDev and the Equality Fund. We describe how the innovative finance approaches pursued by these institutions—blended finance and gender lens investing—financialize international aid and threaten to exacerbate debt and inequality rather than foster social development.