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Recensions

De l’État à l’Union européenne, de François Foret, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2015, 174 p.[Notice]

  • Siméon Mitropolitski

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Dans son ouvrage De l’État à l’Union européenne, le politicologue François Foret, professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles et titulaire de la chaire Jean-Monnet, vise à comprendre la logique du développement politique de l’Europe moderne à travers ses formes successives et concomitantes, l’État et l’Union européenne (UE). Dans son analyse, ces deux entités ne sont pas considérées comme des structures qui s’inspirent des logiques différentes. Au contraire, l’État et l’Union, pour reprendre la métaphore biologique utilisée par l’auteur, sont deux arbres enracinés dans un même terreau, poussant à des périodes différentes mais solidaires du même biotope (p. 11). Foret voit dans la relation entre les deux plutôt une symbiose, une association mutuellement bénéfique malgré les brèves périodes de compétition ou de parasitisme, quand l’un des deux organismes vit aux dépens de l’autre. Des points de vue théorique et méthodologique, Foret présente sa réflexion en trois temps qui se renforcent mutuellement. Premièrement, il peint la genèse d’une question de point de vue historique, en remontant à ses origines chronologiques et conceptuelles. Deuxièmement, il fait une analyse formelle des acteurs, des structures, des stratégies et des répertoires d’action. Troisièmement, il esquisse une typologie et montre le développement des cas suivant une perspective comparative (p. 15). L’ouvrage, outre l’introduction et la conclusion, comprend trois chapitres. Le premier, intitulé « De l’État à l’Europe », suit les grandes lignes du développement politique du continent à partir des cités grecques, en passant par l’époque médiévale et les grands empires, jusqu’à l’État moderne et l’avènement de la démocratie. Foret distingue différents idéaux-types d’État fort et d’État faible, un clivage basé sur le rapport des forces entre l’État et la société. Suivant une approche institutionnelle-historique, il présente comment ce clivage au sein des États européens a forgé des cultures politiques bien distinctes, qui cohabitent au sein de l’UE d’aujourd’hui. Pour illustrer ses thèses, il utilise quatre études de cas : la Grande-Bretagne (État faible centralisé), la France (État fort achevé), l’Allemagne (État fort inachevé) et la Belgique (État faible fédéral). Après avoir présenté ces cas, il conclut que, malgré les convergences, l’histoire agit comme une contrainte sur le présent, et que le modèle historique de l’État conditionne la relation à l’Europe. Le deuxième chapitre, « Un État européen ? », s’interroge sur le développement institutionnel et politique en Europe occidentale au niveau supranational après la Deuxième Guerre mondiale. L’Union est analysée comparativement aux autres modèles de domination politique, à la fois nationale et supranationale (fédération, consociation, État régulateur, empire), pour évaluer sa singularité. Selon l’auteur, tous les modèles, sauf l’empire, présentent des défis de taille pour comprendre le développement politique contemporain de l’Union. Le modèle impérial, par contre, non seulement permet d’étudier les relations centre–périphérie au sein de l’UE et la nature d’allégeance politique requise du citoyen, mais aussi permet d’éclairer la manière dont l’UE s’inscrit dans son environnement international, régule ses relations avec son voisinage et fixe les conditions qu’un État doit remplir pour en devenir membre (p. 98-99). Le troisième chapitre, « Une Europe des États », présente les résultats d’une étude de l’intérieur de la distribution du pouvoir dans l’UE, la construction du conflit et des coalitions entre institutions et groupes sociaux, ainsi que la mutation des identités et des allégeances. En ce qui concerne la conceptualisation de l’UE comme système politique, Foret présente et analyse trois modèles complémentaires : l’UE comme centre imparfait, l’UE comme levier de transformation des États-nations en États-membres et, finalement, l’UE comme mécanisme de réorganisation des flux de communication entre élites et masses, une réorganisation différente pour chaque pays. Ces trois modèles sont conceptualisés dans …