Lorsqu’on pense à un philosophe et historien des sciences français travaillant sur des questions de biologie, en particulier de biologie de l’évolution, le nom de Jean Gayon est l’un des premiers, sinon le premier, qui vient à l’esprit, y compris chez nos collègues non francophones. C’est d’ailleurs ce nom qui m’a été donné, lorsqu’en 2008, venant d’une formation « classique » de biologie évolutive, je décidai de me rapprocher de la philosophie de la biologie. À mon arrivée à Paris en 2008 pour suivre le master Logique, Philosophie, Histoire et Sociologie des sciences, je le rencontrai, ainsi que Philippe Huneman et quatre de la dernière ou de l’avant-dernière vague de ses doctorants, Antonine Nicoglou, Johannes Martens, Hugo Viciana, mais aussi l’éditeur de l’ouvrage que je présente aujourd’hui, Pierre-Olivier Méthot. Au cours de cette année universitaire à Paris, je suivis le cours de philosophie de la biologie de Jean consacré entièrement à l’évolution à l’occasion du 150e anniversaire de la parution de l’Origine des espèces. Jean fut aussi l’un des examinateurs de mon mémoire de master. Bien que n’ayant pas obtenu de bourse de thèse pour poursuivre mes études en France, Jean m’a par la suite soutenu pour que j’en obtienne une en 2011 à l’Université de Sydney, qu’il visita en 2015 lors d’une conférence organisée par Paul Griffiths. Il est toujours difficile d’évaluer l’impact à long terme d’un universitaire quelque temps après sa disparition. Cependant, il n’y a aucun doute que Jean Gayon restera une figure importante dans l’histoire et la philosophie de la biologie de la fin du xxe siècle et du début du xxie siècle. Le nombre de ses étudiants occupant aujourd’hui des postes universitaires en témoigne. En effet, de nombreux philosophes de la biologie et de la médecine en France, de la nouvelle génération, ont été formés par Jean Gayon. Darwin et l’après Darwin, son magnum opus, est devenu un ouvrage de référence sur l’histoire du darwinisme aussi bien au niveau national qu’international. Enfin, de nombreuses personnes ont souligné les qualités personnelles de Jean. L’ouvrage Philosophy, History and Biology : Essays in Honour of Jean Gayon est une version traduite et développée d’un ouvrage paru en 2018 en français (avec quelques chapitres en anglais) intitulé Philosophie, histoire, biologie : Mélanges offerts à Jean Gayon, publié sous la direction de Francesca Merlin et Philippe Huneman aux Éditions Matériologiques. Il est à noter que certains chapitres de la version originale ne sont pas inclus dans cette version anglophone. Cet ouvrage est varié, tant sur la forme que sur le fond, comme le titre français de l’ouvrage le suggère. Après une introduction de Pierre-Olivier Méthot et Philippe Huneman, l’ouvrage se compose de quatre parties. Les six chapitres de la première partie ont pour objet les disciplines que Jean Gayon représentait : un mélange d’histoire de la biologie et de philosophie de la biologie. Le chapitre de Pierre-Olivier Méthot retrace le parcours académique de Jean Gayon qui montre cette dualité entre histoire et philosophie, et comment il arriva à les combiner dans un style propre. Le chapitre d’Anastasios Brenner s’attache à évaluer la réception de la philosophie des sciences française, et son attention particulière portée sur l’histoire, dans le monde anglo-saxon. Le chapitre de François Duchesneau s’intéresse au style d’argumentation de Jean Gayon. Tout comme d’autres contributeurs à l’ouvrage, il souligne que Jean Gayon propose des reconstructions historiques s’inscrivant dans des schémas conceptuels proposés par la philosophie. Après une brève présentation du style Gayon qui combine une synthèse entre philosophie des sciences, histoire des sciences et biologie, le chapitre de Thomas Pradeu présente …
Pierre-Olivier Méthot, dir. Philosophy, History and Biology: Essays in Honour of Jean Gayon, Cham : Éditions Springer, 2023, 329 pages[Notice]
…plus d’informations
Pierrick Bourrat
Macquarie University
Note d’Érudit
Une erreur s’est malencontreusement glissée dans la référence de l’ouvrage recensé de la page 271. Par conséquent, la version en ligne diffère de la copie imprimée (PDF). Date de modification : avril 2025.