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Comptes rendus

Karl W. F. Solger, Écrits philosophiques, textes introduits, traduits et commentés par M. Galland-Szymkowiak, Paris, Vrin, coll. « Textes & Commentaires », 2015, 344 pages[Notice]

  • Andreas Farina-Schroll

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  • Andreas Farina-Schroll
    Université de Montréal

La présente traduction commentée de Mildred Galland-Szymkowiak des trois textes principaux de la métaphysique solgérienne présente une double ambition. D’une part, la traductrice entend permettre la diffusion auprès d’un large public d’un auteur longtemps négligé en dépit de son immersion dans le bouillonnement intellectuel de son époque. D’autre part, l’ouvrage vise à restituer la pensée propre à Solger en évitant les trois écueils auxquels s’est heurtée sa réception jusqu’ici : 1) la réduction de sa philosophie à une simple théorie de l’art ; 2) la prétendue dépendance de cette philosophie à la pensée schellingienne ; et 3) sa réduction au statut de « chaînon manquant » entre idéalisme transcendantal (Kant, Fichte et le premier Schelling) et idéalisme spéculatif (le deuxième Schelling et Hegel). Dans une longue, mais riche introduction, Mildred Galland-Szymkowiak tente de montrer que l’oeuvre solgérienne se présente avant tout comme une pensée de la révélation. Pour Solger, la connaissance se comprend comme un processus dynamique et dialectique de la conscience se divisant en deux modes. Premièrement, la connaissance ordinaire ou d’entendement est un mode relatif permettant d’élucider le mécanisme qu’empruntent l’universel et le singulier pour se confondre mutuellement. Deuxièmement, le mode de connaissance supérieure s’intéresse à la manière dont l’Idée, principe intérieur, essentiel et absolu de notre connaissance, se déploie ou se révèle dans l’existence. Inversement, la révélation doit également expliquer comment les apparences phénoménales se reconduisent dans l’identité et l’unité de l’Idée. Les trois traités présentés dans le volume tentent d’apporter à cette thèse thématisation et légitimité, mais la traductrice entend également montrer comment cette structure dynamique du flottement de la conscience entre deux extrêmes se retrouve dans les autres branches de la philosophie solgérienne : 1) dans l’esthétique entre enthousiasme et ironie ; 2) dans la mythologie entre symbole et allégorie ; 3) dans la philosophie éthico-politique entre l’individualité et l’espèce ou le genre humain. Le ton de ce texte inaugural est très ouvertement polémique, celui-ci étant destiné à un public non philosophique. Dans ce court texte épistolaire constitué de six lettres fictives, Solger fait tout d’abord (dans les deux premières missives) le constat suivant : la philosophie est tombée dans l’indifférence, voire dans le mépris, au point de la plonger dans la solitude la plus totale. Quatre symptômes gangrènent la philosophie : 1) son inutilité, 2) son inconséquence, 3) sa réclusion et 4) sa déficience. Accablée de reproches, la philosophie doit alors sortir de ces critiques « vides et oiseuses ». C’est là ce qu’entend faire Solger dans les quatre dernières lettres, espérant au passage expliciter la véritable tâche de la philosophie. Tout d’abord, Solger récuse dans sa troisième lettre la position des vrais pieux qui saluent l’entreprise philosophique, mais se restreignent toutefois à la simple révélation religieuse comme voie d’accès à la vérité. Pour les vrais pieux, le monde extérieur n’est qu’apparences et vacuités, et ce faisant, il est dépourvu de toute teneur ontologique. Or, d’après Solger, l’être humain doit s’intéresser aux sciences expérimentales afin d’élucider et connaître les lois universelles qui gouvernent la nature, puisqu’il est partie prenante de l’existence et que la vérité doit être une et même. La révélation et la philosophie ont intrinsèquement le même contenu, mais si la première permet une conviction claire du Divin, la deuxième permet une réflexion sur son déploiement dans l’existence ainsi que l’obtention d’une connaissance véritablement vivante et organique de Dieu. La révélation ne serait rien sans les connaissances proprement humaines, car ces dernières en sont la condition de possibilité. Ainsi, la connaissance constitue le point d’équilibre où le divers phénoménal coïncide dans une parfaite identité, comme l’affirme Solger : …

Parties annexes