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Comptes rendus

Peter Van Inwagen. Thinking about Free Will ?, Cambridge, Cambridge University Press, 2017, 232 pages[Notice]

  • Simon-Pierre Chevarie-Cossette

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  • Simon-Pierre Chevarie-Cossette
    University College, Oxford

Dans Thinking about Free Will, Peter van Inwagen présente une synthèse de sa contribution philosophique au débat sur le libre arbitre. Le livre regroupe quatorze chapitres, dont onze déjà publiés tels quels, classés en ordre chronologique de publication. Il y a lieu de regretter cette frugalité en nouveau matériel ; d’abord bien sûr parce que van Inwagen écrit avec clarté et pénétration, mais aussi parce que les chapitres réimprimés ne sont ni retravaillés ni commentés individuellement. Van Inwagen nous offre plutôt une étrange (mais amusante) introduction où il relate à la troisième personne l’évolution de ses idées sur le libre arbitre. Quoi qu’il en soit, ceux qui craindront de découvrir, dans les premiers chapitres, des arguments périmés ou abandonnés seront rassurés : depuis son célèbre livre de 1983, van Inwagen n’a à peu près pas modifié son credo sur le libre arbitre. Les rares exceptions à cette continuité sont énumérées à notre plus grand profit dans le douzième chapitre. Ce credo se décline en quatre thèses principales, qui permettent de restructurer l’ouvrage thématiquement. La première thèse est l’incompatibilité du déterminisme et du libre arbitre (l’incompatibilisme), une thèse en faveur de laquelle il a donné l’un des meilleurs arguments, l’argument de la conséquence (voir chap. I, 7, 11 ; chap. II, 9, pour des réponses aux compatibilistes). Thinking about Free Will présente à peu près tout ce que van Inwagen a offert sur cette question dans sa carrière philosophique. La seconde thèse est que le libre arbitre semble aussi incompatible avec l’indéterminisme. Van Inwagen récupère le Mind Argument : si l’indéterminisme est nécessaire au libre arbitre, c’est parce que les actions libres sont indéterminées ; or, si une action est indéterminée, elle est le fruit du hasard et n’est donc pas libre ; donc, l’indéterminisme n’est pas nécessaire au libre arbitre. Bien qu’il n’en soit pas l’auteur, van Inwagen soutient le Mind Argument en proposant une réponse à ses opposants (voir chap. VII). Ceux-ci refusent l’opposition entre hasard et détermination. Ils avancent parfois que les actions humaines sont indéterminées au sens où elles sont causées par des substances indéterminées (les humains). Van Inwagen persiste et signe : si nous sommes des substances indéterminées, il semble être hors de notre contrôle que nous engendrions telle ou telle chaîne causale. La conséquence logique des deux premières thèses est l’inexistence du libre arbitre, mais van Inwagen s’y refuse. Il favorise une troisième thèse : la question du libre arbitre est un mystère (voir chap. VII). Van Inwagen nous assure qu’il ne s’agit pas d’un mystère théologique, mais plutôt d’un puzzle philosophique comme l’a longtemps été le paradoxe de Zénon. Van Inwagen suspecte que c’est le Mind Argument qui est erroné, mais il s’avoue vaincu. Il a même l’audace de suggérer que cette entreprise dépasse l’entendement humain (p. 15). Si tel est le cas, le mystère théologique semble refaire surface. La quatrième thèse, mi-métaphysique, mi-méthodologique, est que le libre arbitre doit être compris comme la « capacité (ability) de faire autrement » (voir chap. I, 8, 10, 13, 14). Il faut s’y attarder puisque les nouveaux chapitres y sont directement liés. La capacité de faire autrement se différencie d’abord de la situation où nous sommes placés devant une alternative (« to have alternative possibilities »). Van Inwagen croit que c’est une erreur qui résulte bêtement de la polysémie du mot « could » dans « could have done otherwise (voir chap. IV). Nombreux sont ceux qui auraient alors conclu à tort qu’il y a deux concepts de libre arbitre, celui des compatibilistes (qui signifie être la source de ses …

Parties annexes