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De la lecture du texte au texte bougé, par où ça passe ? Chronologie d’une recherche-expérimentation[Notice]

  • Annaëlle Toussaere et
  • Zenaida Marin

…plus d’informations

  • Annaëlle Toussaere
    Chercheuse-créatrice

  • Zenaida Marin
    Université Paris 8

Les textes rassemblés ici sont des extraits de carnets de bord, des notes prises à partir de conversations avant ou après des séances d’improvisation dansée à deux ou à trois. Nous avons dansé à partir : J’ai rencontré la poésie de Lombé avec la sortie de son recueil Brûler brûler brûler, puis très peu de temps après dans le live YouTube du festival Littérature, etc. et leur soirée Relire le monde, dans le cadre de La nuit de la lecture en février 2020. J’ai donc en concomitance découvert son écriture sur le papier et à l’oral. Dès mes premières écoutes, j’ai été très marquée par le fait qu’on entend dans ses textes qu’ils sont construits pour être dits à voix haute et entendus. Une grande importance est donnée à la musicalité, au rythme, à la prononciation de chaque mot. Je suis à la gare du Mans en février, il fait froid, j’attends ma correspondance, casque sur les oreilles. Je découvre la voix de Lombé, percutée par la vibration qu’elle provoque en moi. C’était le temps où le temps a passé calmement. C’était le temps du « grand confinement », dernier mois d’écriture du mémoire de master sur les circulations de la danse moderne au Venezuela, suivant les traces de Sonia Sanoja (1932-2017). Entre toutes les traces, ses poèmes faisaient des spirales dans mon corps, dans ma tête. Chercher leur sens, les traduire avec mon « pauvre » français, les répéter avec une voix intérieure qui a peur de n’avoir pas encore un rythme propre. Elle imite un rythme. La répétition devient un geste de vie, de survie. Répéter les mots comme séquences sans fin et dans ce geste, illuminer une nouvelle zone du poème dans son milieu « francophone ». Parfois M. Translator répétait les poèmes à différentes vitesses et j’étais disponible pour les écouter, pas avec l’oreille, mais avec la poitrine ou les genoux. Una bolerista había inundado la Habana con su voz. Cabrera Infante, un escritor cubano la dibuja con vehemencia, la canta, en su exilio sin retorno. « Ella cantaba boleros » pasó de la novela al único album que grabó Estrella Rodriguez en 1952. El Lab V de licenciatura en danza y artes del movimiento fue el lugar donde pude habitarla y presentarla a los estudiantes. Dos de la tarde « Debí llorar y tal vez casi tenga razón, debí sufrir ». Deux ans après, j’avais besoin de fuir à nouveau avec sa voix « besame, beeesame muucho…que tengo miedo perderte, perderte otra vez ». Un jour, j’ai laissé mon inhibition et voilà, nous trois, nous dansons des boléros à 14 h. « Que la rondas no son buenas, que hacen daño ». Ensuite Guillermo Cabrera Infante traduit en français par Albert Bensoussan. Nouveaux partages dans cet autre exil, le mien. À la lecture des poèmes de Lombé, je me suis très vite sentie invitée à les murmurer ou les dire à voix haute, et ainsi jouer avec les accélérations, décélérations, pauses et silences qui composent son texte. Au départ, je me suis enregistrée en train de lire le poème « La famille » dans son ensemble et j’ai ensuite utilisé cet enregistrement pour improviser, danser avec ma propre voix. J’ai entre-temps découvert la vidéo de « Transe poétique » où Lombé déclame le début de son poème. Cela m’a permis de me rendre compte que je préfère danser sur sa voix plutôt que sur la mienne, enregistrée; l’originale plutôt que la copie. J’ai mémorisé j’ai mémorisé j’ai mémorisé par coeur la suite du poème, pour rentrer dans l’organicité de son écriture, que j’avais décelée …

Parties annexes