Résumés
Résumé
La sociologie n’en finit pas de confronter des positions selon lesquelles ce serait l’individu qui serait la source du tout social ou, au contraire, ce serait le système qui construirait les individus. Ces confrontations se poursuivent dans un débat autour de la synchronie ou de la diachronie des études. La sociologie des réseaux a marqué une avancée vers une réconciliation entre ces positions. Mais, pourrait-on dire, c’est une réconciliation a minima. Tout comme la théorie des systèmes complexes selon la mouvance du RNSC (Réseau national des systèmes complexes), si elle fait coexister une analyse structurale et une analyse individualiste, les catégories analytiques d’individu et de système restent nettement séparées et l’historicité du social n’est pas vraiment prise en compte.
Ce texte explore les possibilités de modélisation de l’inséparabilité des catégories individu, système et événement. Il tente de montrer que la tradition sociologique, jusqu’à nos jours, a manipulé ces catégories, les a appariées de diverses manières et que chaque courant théorique est analysable à travers une grille représentant le mode d’appariement de ces trois catégories. Il essaie de mettre en lumière le fait que ces combinaisons sont à la source de polémiques récurrentes et qui finissent par devenir largement stériles. Il le fait en développant l’idée qu’une approche relationnelle en sciences sociales peut être une voie de sortie de ces disputes en liant de façon intime les trois catégories précédentes. En leur accordant, dans la modélisation un niveau causal et résultant, soit de façon alternative, soit de façon simultanée, il permet leur circulation, comme dans un ruban de Möbius. Cette modélisation qui prend la forme d’un modèle trialectique noue, dans un périmètre élargi, ces grandes catégories de la sociologie sans donner prééminence à l’une sur les autres.
Mots-clés :
- Événement,
- individu,
- système,
- hologrammie,
- hiérarchies enchevêtrées,
- relation,
- relation entre,
- champ relationnel,
- modèle trialectique,
- courants de pensée sociologique
Abstract
An ongoing debate, in sociology, consists in determining whether society is a product of the individual or, rather, the latter a product of the former, a debate which is extended through the opposition between synchrony and diachrony. Social network analysis marks a step toward the reconciliation of these two positions, but this advance is minimal: much like Complex Systems Theory as elaborated through the RNSC (Réseau national des systèmes complexes), it allows for the coexistence of structural and individual analysis, but isolates one from the other, on the analytical level, individual and system and does not take into account the historical aspect of sociality.
This paper explores the possibility of constructing a model which poses the inseparability of the three categories that are individual, system and event. It starts by attempting to establish that the sociological tradition, to this day, has explored and associated these categories through its different theoretical streams, each of which can be inserted into a category-association-based grid. It then draws attention to the sterile nature of the recurring controversy regarding the incompleteness of these associations or combinations and poses, as a way around these disputes, the above-mentionned relational model. This trialectical, macro-level model treats the three categories — individual, system, event — as intertwined, one never having precedence over the other and each possessing the analytical status, whether alternately or simultaneously, of cause and effect, thus allowing them to circulate in a Möbius-loop-like fashion.
Keywords:
- Event,
- individual,
- system,
- hologrammy,
- intertwined hierarchies,
- relationship,
- relationship between,
- relational field,
- trialectical model,
- sociological schools of thought
Parties annexes
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