Résumés
Résumé
Cet article examine trois des défis qui se sont posés au droit suisse au moment de ratifier la Convention de La Haye du 1er juillet 1985 sur la loi applicable au trust et à sa reconnaissance. Il explore d’abord la façon dont la Suisse a appréhendé l’effet de ring-fencing inhérent au trust, lequel contrarie directement le principe civiliste cardinal de l’unité du patrimoine. Il examine ensuite le rapport qu’entretient cet effet de ring-fencing avec le principe de publicité, tel que mis en oeuvre par les registres publics suisses. Il traite enfin de la façon dont la Suisse a traduit les différents régimes de responsabilité pour dettes prévalant en matière de trusts dans son droit de l’exécution forcée.
L’article montre aussi que la Suisse a su relever les défis posés par le trust et s’adapter à une institution étrangère qui lui paraissait à l’origine incompatible. Certaines des solutions adoptées sont toutefois en rupture avec la logique du trust, voire avec la logique du droit suisse. L’article conclut au fait que la réception du trust de common law par les traditions juridiques civilistes ne présente pas uniquement un risque de dénaturation du droit civil, mais aussi — et de façon plus inattendue — un risque de dénaturation du trust lui-même.
Abstract
This article examines three challenges faced by Swiss law as a result of Switzerland’s ratification of the Convention of 1 July 1985 on the Law Applicable to Trusts and on Their Recognition. First, it looks at the manner in which Switzerland approached the effects of ring-fencing inherent to the institution of the trust, given that these effects directly contradict the fundamental civilian notion of the unity of the patrimony. Second, the article explores the relationship between ring-fencing and the principle of registration of rights as implemented by the Swiss public registries. Third, it discusses how Switzerland has incorporated the different regimes of liability for debts applicable in the trust context into its rules on forced execution.
The article shows that Switzerland has successfully responded to the challenges posed by the trust and adapted itself to a foreign institution that initially seemed incompatible with existing law. Nevertheless, some of the solutions chosen appear to clash with the logic of the trust, perhaps even with the logic of Swiss law. The article concludes that the incorporation of the common law trust into civilian legal systems creates a risk not only of distorting the civil law but also, in a more unexpected way, of distorting the institution of the trust itself.