Résumés
Résumé
Cet article propose une relecture de la thèse du « nationalisme insulaire » à Terre-Neuve-et-Labrador à l’aune de la présence française historique et contemporaine dans cette province. Cette communauté francophone, la plus ancienne d’Amérique du Nord, mais dont la démographie est parmi les plus fragiles, offre un contre-discours à l’historiographie majoritaire selon laquelle la province aurait été fondée par trois nationalités – britannique, irlandaise, et écossaise – anglophones. Néanmoins, comme l’article le montre, les trois régions de la province où la présence française est soutenue par les institutions communautaires, soit l’ouest du Labrador, la côte ouest de l’île de Terre-Neuve et la capitale provinciale, St. John’s, demeurent mues par bon nombre des dynamiques internes qu’on retrouve aussi chez la majorité. En particulier, nous discuterons des rapports entre le centre et la périphérie représentés par la capitale, St. John’s, et les régions rurales que sont la péninsule de Port-au-Port et le Labrador.
Abstract
This article re-examines the thesis of “island nationalism” in Newfoundland and Labrador in the light of the province’s historical and contemporary French presence. This French-speaking community – the oldest in North America, but also one of the most fragile in terms of demographics – stands as counterfactual to the majority historiography, according to which the province was founded by three English-speaking nationalities – British, Irish, and Scottish. Nevertheless, as the article demonstrates, the three regions of the province where the French presence is supported by community institutions – Labrador West, the West Coast of Newfoundland, and the provincial capital, St. John’s – continue to be driven by many of the same internal dynamics as the majority. In particular, we will discuss the center-periphery relationship between the capital, St. John’s, and the rural regions of the Port-au-Port Peninsula and Labrador.
Corps de l’article
Quiconque a déjà visité Terre-Neuve-et-Labrador a sûrement aperçu l’emblème non officiel de la province, soit le drapeau tricolore rose saumon, blanc et vert. Selon le folklore, les trois couleurs auraient été choisies pour représenter les trois « peuples fondateurs » de la province : les Anglais, les Irlandais et les Écossais, qui se seraient unis pour créer une nouvelle identité authentiquement terre-neuvienne (Baker, 2014). Plusieurs chercheurs rapportent également l’existence, depuis l’époque qui a précédé la Confédération, d’une forme de « nationalisme insulaire » (Vézina, 2014) ou encore de « nationalisme non-séparatiste » (Vézina et Basta, 2014 : 67) dont le socle repose non seulement sur l’identité propre aux habitants de Terre-Neuve, mais également sur le rapport de force avec les pouvoirs « impériaux » britanniques, puis après 1949, avec le gouvernement fédéral.
Dans ce discours nationaliste, la présence coloniale historique et contemporaine d’une communauté francophone à Terre-Neuve-et-Labrador – et d’une communauté remettant en question le discours nationaliste anglo-dominant, de surcroît – est un détail futile ne méritant pas qu’on s’y attarde[1]. Pourtant, l’existence de cette communauté, bien que de taille modeste, précède l’arrivée des Anglais, des Irlandais et des Écossais. Sa composition est également particulière, puisque l’empreinte francophone dans cette province était surtout marquée dans trois régions : la Côte Ouest, la capitale (St. John’s) et le Labrador. Il s’agit d’une communauté acadienne fragile, éclatée du point de vue historique, culturel et économique, mais aussi d’une communauté qui remet en question le discours dominant sur la composition ethnique de la province, tout en calquant certaines de ses caractéristiques.
Ce texte cherchera à montrer qu’au-delà de l’effacement de la francophonie terre-neuvienne-et-labradorienne du discours nationaliste majoritaire, les parallèles entre les communautés francophones de la province et les dynamiques internes de la communauté majoritaire, en particulier les rapports entre le centre (la capitale) et la périphérie (les régions rurales et le Labrador), sont nombreux. Nous souhaitons dégager de cette analyse un état des lieux original sur les disparités internes propres à cette province surtout connue pour la force de son nationalisme, c’est-à-dire son rapport particulier au reste du Canada atlantique et à la Confédération canadienne.
Nous développerons notre démonstration en trois temps. En premier lieu, nous ferons un court examen des écrits sur l’identité et le nationalisme terre-neuviens-et-labradoriens ainsi que sur les dynamiques régionales qui les animent. Nous présenterons ensuite quelques repères historiques permettant de comprendre l’évolution des communautés francophones de Terre-Neuve-et-Labrador, à la fois dans leurs caractéristiques singulières et dans celles qu’elles partagent avec la population majoritaire[2]. Nous discuterons des grandes tendances démographiques, de l’appareil institutionnel dont se sont dotées les communautés des différentes régions de la province ainsi que des (peu nombreux) services gouvernementaux auxquels elles ont droit. Nous brosserons ainsi le portrait de communautés qui, malgré des dynamiques sociales, culturelles et économiques qui leur sont propres, sont liées par une histoire, une langue et des institutions communes, tout en reproduisant les contours du régionalisme interne de la province.
Le nationalisme et le régionalisme interne de Terre-Neuve-et-Labrador
La province de Terre-Neuve-et-Labrador nourrit un rapport particulier avec la fédération canadienne, ayant été la dernière province à se greffer au pays, et ce, dans des conditions moins qu’idéales pour favoriser une adhésion enthousiaste de la population au projet. Les chercheurs qui se sont attardés à la question du nationalisme terre-neuvien s’accordent pour dire que c’est un fort sentiment d’appartenance locale qui a fait en sorte que la province a résisté jusqu’en 1949 avant de se joindre à la Confédération canadienne. Des délégués avaient été envoyés pour participer à la Conférence de Québec en 1864, mais le maintien du lien avec l’Empire britannique avait alors semblé préférable à la population, notamment à cause des forts pouvoirs d’Ottawa prévus dans le nouvel arrangement fédéral (Vézina, 2014 : 106). La relative autonomie de la colonie était plus attrayante que de se joindre à un projet qui semblait surtout bénéficier aux provinces du centre du Canada, suscitant la méfiance des Terre-Neuviens (Hiller, 2007 : 120). Durant la fin du xixe siècle, un sentiment nationaliste de plus en plus fort prit forme, nourri par le développement des voies de transport et de communication autour de l’île, l’alphabétisation grandissante de la population, ainsi que le développement d’une littérature exaltant l’histoire et l’identité locales, en particulier les racines irlando-catholiques et anglo-protestantes de ses habitants. La présence de communautés francophones et l’existence de la « French Shore » furent, pour leur part, reléguées aux livres d’histoire et sont demeurées largement ignorées[3]. La loyauté à l’Empire britannique était également un sentiment partagé par la population, malgré sa mauvaise gestion des stocks de poissons (Ibid.).
Après avoir obtenu une dévolution de pouvoirs de la part de la Grande-Bretagne en 1907, Terre-Neuve perdit son gouvernement responsable en 1933, faisant face à une énorme dette publique à la suite de la Première Guerre mondiale et de la Grande Dépression. Le dominion fut mis sous la tutelle d’une commission gouvernementale jusqu’en 1949. La province se joignit officiellement à la Confédération canadienne après deux référendums tenus à l’été 1948. Le premier proposait trois options : la continuation d’un gouvernement par commission, la Confédération, ou le gouvernement responsable. Cette dernière option fut la plus populaire, mais elle ne récolta que 44 % des voix. Le second référendum proposa à nouveau les deux dernières options. La Confédération obtint seulement 52 % des voix, contre 47 % pour le gouvernement responsable, ce résultat serré expliquant selon certains le faible attachement des habitants de la province au Canada (Vézina, 2014 : 107; Marland, 2010 : 160)[4].
Depuis son entrée dans la Confédération, le discours nationaliste de Terre-Neuve-et-Labrador, à tout le moins tel qu’il a été étudié par l’entremise de ses premiers ministres provinciaux successifs, reprend souvent les mêmes thèmes. De Joey Smallwood à Danny Williams, cette rhétorique, souvent entremêlée de populisme (Ibid. : 164), a conservé les mêmes éléments, dont un sentiment de frustration et de victimisation provenant d’une économie faible malgré des ressources naturelles considérables. Cette faiblesse de l’économie est vue comme le résultat de la gestion externe de ces ressources (par les Britanniques dans un premier temps et les Canadiens par la suite) en raison d’un pouvoir politique local déficient qui a conduit à de nombreuses luttes de pouvoir avec le gouvernement fédéral[5].
Or, comme nous allons le constater, le nationalisme interne de Terre-Neuve-et-Labrador est marqué par un fort rapport de velléités entre le centre (la capitale, St. John’s) et les périphéries, d’une part les régions rurales de l’île et d’autre part la portion continentale de la province, le Labrador. Comme nous le verrons plus tard, ces deux dichotomies trouvent également un écho dans les communautés francophones de la province.
« The baymen and the townies » – du clivage urbain-rural dans la province
L’identité provinciale est, dans un premier temps, recoupée par un rapport centre-périphérie entre les habitants de la capitale, St. John’s (aussi surnommés « the townies »), et ceux qui habitent les petits hameaux côtiers (« the baymen »), marqué en grande partie par les disparités économiques et de style de vie entre les deux types de communautés. Les insulaires vivant en région rurale, en particulier dans des villages de pêche (« outports »), constituent encore aujourd’hui plus de la moitié de la population de la province (Temple Newhook, 2010 : 79). Ils sont connus pour avoir maintenu un dialecte qui leur est propre, mais qui est souvent récupéré par l’élite culturelle de la province, qui l’utilise comme marqueur identitaire[6]. En situation d’isolement – leurs villages étant souvent seulement accessibles par bateau – et vivant d’un mode de subsistance de plus en plus incertain, soit la pêche à la morue, la population de ces communautés côtières est économiquement moins à l’aise que celle des grands centres. Cette population qui vit un sentiment d’aliénation par rapport à l’élite urbaine de la province, une des doléances habituelles des habitants des périphéries par rapport au centre, a aussi développé un sentiment de méfiance particulier à la suite des tentatives d’ingénierie sociale provenant du centre politique provincial qui a, en particulier entre les années 1950 et 1980, forcé le déplacement de dizaines de milliers d’individus de leur communauté vers des « pôles de croissance » (Pottie-Sherman et Côté, 2020 : 5). Ces relocalisations dans des municipalités désignées, où les services publics étaient disponibles, devaient leur apporter un avenir meilleur, ce qui ne s’est néanmoins pas toujours matérialisé (Ibid.).
Le Labrador : une entité géographique et un nationalisme distincts
En lisant les passages qui précèdent, il est facile d’oublier que la province de Terre-Neuve-et-Labrador n’est pas constituée que de l’île de Terre-Neuve et qu’elle comprend également une partie continentale d’une superficie de près de 300 000 kilomètres carrés. Or, cet « oubli » dans les écrits sur le nationalisme terre-neuvien trahit une différence de plus en plus marquée dans l’identité de ses habitants, en particulier à partir de l’époque de l’après-Guerre (Mills, 2017 : 124; Hiller, 2007 : 113). Le nationalisme labradorien est reconnu mais très peu étudié dans la littérature scientifique. Il est surtout fondé sur un rapport centre-périphérie mettant au jour un ressentiment envers le gouvernement terre-neuvien qui profite des ressources naturelles du Labrador (l’hydroélectricité et le secteur minier au premier chef), au détriment des Labradoriens et des Labradoriennes eux-mêmes, qui bénéficient très peu des profits engendrés par cette exploitation (Vézina, 2014 : 104). Autrement dit, le discours des Labradoriens à propos de la capitale provinciale reprend les doléances de l’élite politique provinciale à l’égard d’Ottawa. Comme l’indique Shannon Conway, « the use and abuse of Labrador by the island portion of the province » (2022 : 153) sont maintenant reconnus comme un grief récurrent en politique provinciale. Le Labrador a également son propre drapeau (non officiel) depuis 1974, qui a été créé avant même que la province n’ait adopté un drapeau distinct du Union Jack, en 1980. Or, comme nous allons le constater plus loin, l’évolution particulière de la communauté francophone du Labrador a largement calqué le développement économique de cette région. Celle-ci a également une identité qui lui est propre et qui la distingue des francophones insulaires.
Maintenant que nous avons examiné les dynamiques qui caractérisent le nationalisme terre-neuvien ainsi que ses lignes de faille régionales, nous nous tournons vers un examen des communautés francophones de la province. Comme nous le verrons, bien qu’elles donnent à voir les lacunes d’un discours nationaliste qui ne prête guère attention à leur existence, ces communautés sont néanmoins mues par des logiques socioéconomiques et identitaires similaires à la communauté majoritaire, recréant les tensions centre-périphérie vécues par cette dernière.
La présence française à Terre-Neuve-et-Labrador : repères historiques
La communauté francophone de Terre-Neuve-et-Labrador est aussi celle, en Acadie, dont les origines remontent le plus loin dans l’histoire et dont l’histoire est la moins bien connue. Au début du xvie siècle, des pêcheurs français et basques viennent y pêcher la morue; le roi Louis XIV y établit une colonie, nommée Plaisance, en 1650 (Landry, 2008 : 15). À la signature du traité d’Utrecht en 1713, la majorité des Français quittent Terre-Neuve pour la colonie fortifiée de Louisbourg (Charbonneau, 1992 : 21). Toutefois, le traité octroie aux Français des droits de pêche sur ce qu’on appellera la French Shore, qui se situe, dans un premier temps, sur la côte nord-est de l’île[7] (Heritage Newfoundland and Labrador, 2001). C’est pourtant dans la région de la baie Saint-Georges, sur la côte ouest, que s’établissent, illégalement, les premiers colons acadiens et français vers 1760 (Butler, 1995 : 27), où l’on retrouve encore aujourd’hui les communautés de Cap-Saint-Georges, de La Grand’Terre et de L’Anse-à-Canards (Waddell et Doran, 1979 : 145). Le traité de Versailles, en 1783, modifie les limites de la French Shore, qui se situe désormais du côté ouest de l’île, afin d’éviter la compétition (et les escarmouches) entre pêcheurs français et britanniques (Heritage Newfoundland and Labrador, 2001). Dans les années 1850, la population recensée dans la région de la baie Saint-Georges est à 80 % francophone (Heritage Newfoundland and Labrador, 1999). Les colons français qui s’y sont installés, généralement d’origine bretonne, transmettent le français plutôt que le breton aux futures générations et participent à la formation d’une identité collective fondée sur l’entraide, l’autosuffisance communautaire et un rejet de toute source d’autorité externe qui demeure, encore aujourd’hui, spécifique à cette région (Magord, 2002 : 23-25). S’y développe également un dialecte français distinct, marqué par de nombreux régionalismes et acadianismes qu’on ne retrouve ni au Labrador ni dans la capitale provinciale (Brasseur, 2002 : 53-82).
Le xxe siècle a présidé à l’assimilation de cette population française et acadienne, en raison de la cession des droits de pêche français en 1904, de l’arrivée de l’armée américaine à Stephenville durant la Seconde Guerre mondiale et du passage de l’économie familiale à l’économie de marché. Les répressions culturelles étaient courantes : l’enseignement du français était interdit à l’école; les prêtres catholiques irlandais refusaient de baptiser les enfants en français, forçant les francophones à se renommer (Charbonneau, 1992 : 47). Dans la première moitié du xxe siècle, ceux que les Anglais appelaient péjorativement les « Jackitars »[8] considéraient leur héritage français comme un « handicap » en société (Ibid. : 48). Plusieurs communautés francophones autour de la péninsule de Port-au-Port ont d’ailleurs subi la politique de relocalisation du gouvernement provincial durant les années 1960 et 1970, les familles s’étant généralement réinstallées à Stephenville (Loo, 2020 : 45). L’appartenance de cette région à l’Acadie, d’un point de vue autant historique que contemporain, est aujourd’hui contestée par certains chercheurs[9]. En somme, malgré la relation difficile de cette communauté avec la majorité anglophone, plusieurs de ses marqueurs culturels évoquent les singularités des communautés insulaires rurales majoritaires.
À cette région où se sont établis les premiers « véritables Terre-Neuviens d’expression française » (Waddell et Doran, 1979 : 145), se sont ajoutées au courant du xxe siècle deux autres communautés francophones, dans la capitale provinciale, St. John’s, et dans l’ouest du Labrador. Hormis la langue (et encore), ces communautés ont somme toute assez peu en commun avec la Côte Ouest de Terre-Neuve, tant du point de vue historique que culturel ou économique. Les francophones de St. John’s sont en grande majorité des expatriés des Maritimes, de Saint-Pierre-et-Miquelon, du Québec, d’Europe ou d’Afrique. Ce sont des professionnels dont la situation économique est enviable et dont plusieurs travaillent pour la fonction publique, dans le milieu scolaire, ou encore dans l’industrie pétrolière. Dans l’ouest du Labrador, on retrouve une concentration de francophones, souvent Québécois et Acadiens, parmi les travailleurs des mines de fer de Labrador City et de Wabush depuis la fin des années 1950 (Charbonneau, 1992 : 51) ainsi qu’à la base militaire de Goose Bay, établie durant la Seconde Guerre mondiale. Dans les deux cas, du fait de leur moteur économique respectif soit le secteur minier et les Forces armées canadiennes, la majorité de la population francophone s’ancre somme toute peu dans la région à long terme.
Ce bref historique de la communauté franco-terre-neuvienne-et-labradorienne nous permet de constater que celle-ci s’est formée dans trois régions ayant un passé et des dynamiques qui leur sont propres, recoupant en partie les divisions géographiques et identitaires que nous retrouvons dans les écrits sur la culture et la politique à Terre-Neuve-et-Labrador. Alors que sur la côte ouest, on retrouve une communauté francophone plus homogène, à l’identité locale forte et dont l’histoire remonte à l’époque coloniale (Waddell et Doran, 1979 : 147), les deux autres grandes régions où vivent des communautés francophones sont beaucoup plus récentes et de composition bigarrée. Leur prospérité économique est aussi inégale. Ce sont surtout les possibilités d’emploi qui ont amené les francophones au Labrador ainsi qu’à St. John’s; tel n’est pas le cas sur la côte ouest où le développement économique est plus lent et où le fait d’être francophone a plutôt été, pendant longtemps, synonyme de marginalité sociale, voire d’indigence. Ces déterminants économiques ont, par ailleurs, un effet certain sur les tendances démographiques de ces communautés, vers lesquelles nous nous tournons à présent.
Portrait démographique
En 2021, la minorité francophone était composée de 3360 personnes (selon la langue maternelle), qui ne constituaient que 0,7 % de la population totale de Terre-Neuve-et-Labrador (Auclair, Frigon et St-Amant, 2023). La proportion de francophones dans la province stagne depuis plus d’un demi-siècle, oscillant entre 0,4 % et 0,7 % de la population provinciale depuis 1951 (Bouchard-Coulombe, Lepage et Chavez, 2012 : 11). Cela n’a rien d’alarmant, jusqu’à ce qu’on s’attarde à la transmission intergénérationnelle de la langue minoritaire ainsi qu’à l’âge moyen des locuteurs du français. D’une part, 80 % des francophones qui sont en couple dans la province ont un/e non-francophone comme partenaire et selon les statistiques, plus de 75 % des enfants issus de ces couples auront l’anglais comme langue maternelle (Ibid. : 16). L’indice de continuité linguistique se retrouve sous la barre des 50 %. Moins de 50 % des personnes ayant le français comme langue maternelle le parlent régulièrement à la maison (Auclair, Frigon et St-Amant, 2023). D’autre part, la population francophone de la province est vieillissante et se renouvelle peu : « [E]n 2006, la proportion de la population francophone âgée de 65 ans ou plus [était] plus de 2 fois plus élevée que celle âgée de moins de 15 ans » (Bouchard-Coulombe, Lepage et Chavez, 2012 : 18). La tranche d’âge de 50 à 59 ans est aujourd’hui la plus populeuse dans ce groupe de personnes (Ibid. : 17). Les deux autres facteurs démographiques que sont le vieillissement et le faible taux de fécondité laissent présager la possibilité d’une chute radicale de la population francophone de la province d’ici les deux prochaines décennies. Les statistiques sur la population francophone provinciale ne sont donc guère encourageantes. Or, c’est surtout pour la région de la Côte Ouest que ces statistiques sont inquiétantes, car c’est dans cette communauté que la population est la plus vieillissante. Par ailleurs, cette région ne bénéficie guère, au contraire du Labrador et de St. John’s, d’un renouvellement de la population par l’entremise de l’immigration, tant interprovinciale qu’internationale (Réseau en immigration francophone, [s.d.] : 12).
Cette faible densité démographique francophone signifie que la représentation politique, par l’entremise des élections, se fait difficile. Toutefois, depuis 2001, un membre du cabinet est nommé ministre responsable des Affaires francophones. Ce poste est actuellement occupé par l’honorable Sarah Stoodley. Le seul député franco-terre-neuvien de l’histoire de la province, Tony Cornect (élu à l’Assemblée législative de 2007 à 2015), a lui-même brièvement occupé ce poste en 2014.
Organismes de langue française
La grande majorité des institutions francophones de la province datent de 50 ans ou moins. Au contraire d’autres communautés acadiennes, elles ont été négligées par le clergé canadien-français (en 1780, la moitié de la population de la province était irlandaise; c’est donc cette dernière qui a dominé la hiérarchie catholique, et ce, dès le lendemain de la signature du traité d’Utrecht) (Piper, 2000). Oubliés par la commission Laurendeau-Dunton[10], les francophones de la province obtiendront toutefois le soutien, à partir des années 1970, du Secrétariat d’État. Bénéficiant désormais d’un financement fédéral, ils commenceront à revendiquer « des écoles et une télévision françaises, la reconnaissance d’autres droits linguistiques et culturels et se manifeste[ro]nt de plus en plus au sein de la francophonie canadienne » (Waddell et Doran, 1979 : 154).
Forts de ce financement fédéral, des groupes communautaires commenceront à s’organiser à partir de 1971 dans les trois régions francophones. L’Association des Terre-Neuviens français (s’appelant aujourd’hui l’Association régionale de la côte Ouest), fondée en 1971 à La Grand’Terre, l’Association francophone de Saint-Jean et l’Association francophone du Labrador, fondées en 1973, sont fédérés sous la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador (FFTNL), également en 1973 (Charbonneau, 1992 : 67). Viendront par la suite les associations jeunesse (Franco-Jeunes en 1988) et de parents (la Fédération des parents francophones en 1989). Le journal francophone bimensuel Le Gaboteur, pour sa part, existe depuis 1984 et son tirage actuel est de près de 900 exemplaires (« La communauté francophone de T.-N.-L. déchirée sur le rôle du journal Le Gaboteur », 2016). La Fédération provinciale et Franco-Jeunes se joindront à la Société nationale de l’Acadie en 1986, se donnant ainsi un ancrage régional dans le Canada atlantique et tissant des liens avec la communauté acadienne des Maritimes.
L’organisation provinciale oeuvre au développement du régime linguistique de la province, bien que ce soit une tâche ardue, puisque Terre-Neuve-et-Labrador est l’une des provinces où les politiques de protection et de promotion du français sont les plus ténues au pays. Cette fédération permet aussi aux dirigeants communautaires des trois régions de discuter périodiquement de questions touchant les francophones de toute la province et de s’adresser d’une seule voix aux gouvernements provincial et fédéral, participant du même coup à aplanir certaines de leurs différences régionales. Néanmoins, des tensions et des divergences persistent. Ce découpage organisationnel entre les trois régions exacerbe parfois les tensions, notamment lorsque vient le temps de partager le financement communautaire. Les prochaines sections du texte exploreront ces tensions dans des domaines névralgiques pour l’avenir de la communauté.
L’instruction dans la langue de la minorité
L’enseignement en langue maternelle française dans la province s’est également structuré autour des trois pôles régionaux. Les premières classes de langue française ont été établies dans les écoles catholiques de la région de Labrador City en 1960, afin d’accommoder les familles de mineurs en provenance du Québec et du Nouveau-Brunswick. Ces classes suivaient le programme d’enseignement québécois, le ministère de l’Éducation de Terre-Neuve-et-Labrador n’ayant pas de matériel en français (Netten et Murphy, 1993). Les élèves du secondaire (de la 9e à la 12e année) sont envoyés à Fermont, au Québec, à une trentaine de kilomètres. En 1973, un programme provincial d’immersion française voit le jour et en 1975, un programme de maternelle en immersion française est créé à l’École Notre-Dame-du-Cap, à Cap-Saint-Georges. Cependant, il deviendra rapidement évident que ce programme ne correspond ni aux attentes ni aux besoins de la population francophone, soit que leurs écoles « stimulent et renforcent le sentiment d’identité culturelle et linguistique [des élèves]; servent de centre culturel pour la communauté française de Terre-Neuve; renforcent le sentiment d’appartenance [des élèves et leur donnent] l’occasion de développer une bonne connaissance de l’histoire du peuple canadien-français » (Ibid.).
En 1983, à la suite de l’enchâssement dans la Charte canadienne des droits et libertés du droit à l’instruction dans la langue de la minorité, des pourparlers sont entamés entre un groupe de parents de La Grand’Terre et le conseil scolaire catholique de la région. En 1984, la première école homogène francophone de la province y est créée (FFTNL, [s.d.]), mais elle suit le programme d’immersion française jusqu’à sa conversion en programme de français langue maternelle en 1987 (Netten et Murphy, 1993). La même année, la province annonce la construction d’un premier centre scolaire communautaire dans cette municipalité. En 1990, l’école francophone Saint-Patrick ouvre ses portes à St. John’s, après trois ans de lobbying soutenu et le début d’un litige entre la Fédération des parents francophones de Terre-Neuve-et-Labrador et le ministère de l’Éducation de la province. Cet organisme avait d’ailleurs été fondé en partie afin d’être en mesure de recevoir du financement du Secrétariat d’État pour défendre cette cause (Ibid.). La communauté a obtenu en 1997 la gestion de l’instruction dans la langue de la minorité à la suite d’un amendement à la Schools Act et de la signature de l’Entente Canada-Terre-Neuve relative à la gestion des écoles francophones. Cette entente a mené à la création du Conseil scolaire francophone provincial, qui gère aujourd’hui six écoles : le centre éducatif l’ENVOL à Labrador City, l’école Boréale à Goose Bay, les écoles Sainte-Anne et Notre-Dame-du-Cap dans la péninsule de Port-au-Port, et l’école des Grands-Vents et l’école du Rocher-du-Nord à St. John’s.
Cette dernière école a ouvert ses portes en septembre 2017 pour désengorger les classes de l’école des Grands-Vents, qui a accueilli sa première cohorte en 2004, soit un peu plus d’une décennie plus tôt[11]. De 2000 à 2016, les effectifs scolaires francophones de la province sont passés de 256 à 360 inscriptions, l’école des Grands-Vents recevant la part du lion, soit presque la moitié de ces inscriptions[12]. Depuis 2012, la maternelle à 4 ans est offerte partout dans la province, et les programmes francophones ont attiré entre 27 et 63 enfants par année.
Il existe toutefois un problème de financement du système scolaire francophone, lié notamment à la façon dont les fonds provenant du gouvernement fédéral en matière d’enseignement en français sont dépensés par la province. L’Entente Canada-Terre-Neuve-et-Labrador 2013-2014 à 2017-2018 promettait une enveloppe de près de 4 millions de dollars par année transférés à la province par Ottawa, à laquelle St. John’s devait contribuer un montant au moins égal (Terre-Neuve-et-Labrador, 2001 : 4). De ces 4 millions, 1,3 million était affecté au système scolaire francophone (donc 33 %), le reste étant réservé à l’enseignement du français comme langue seconde. Cela représente la plus petite proportion du financement fédéral octroyé au système scolaire de la minorité parmi toutes les provinces, la moyenne nationale s’élevant à plus de 63 % de l’enveloppe fédérale (FFTNL, 2016 : 2).
De plus, la Fédération francophone décrie les fausses prémisses invoquées par le gouvernement pour justifier certaines dépenses et le manque de consultation de la communauté francophone dans la mise en oeuvre de cette entente. On constate en effet une inadéquation entre le Plan de développement global dont s’est doté la communauté francophone et le choix des priorités du ministère de l’Éducation.
Finalement, la Fédération francophone (ainsi que ses homologues d’autres provinces, par ailleurs) demande une plus grande reddition de comptes à la fois de la part de Patrimoine canadien et du ministère de l’Éducation (Ibid. : 3), notamment à la lumière d’indications selon lesquelles une partie de ces fonds serait utilisée pour le financement de base d’institutions de la majorité anglophone, ce qui contreviendrait aux réglementations du fédéral. Lorsque le ministère du Patrimoine canadien a entamé les pourparlers pour le renouvellement de cette entente en 2018, la question de la reddition de comptes a été mise à l’ordre du jour, mais les provinces s’y sont montrées très réfractaires. Le Programme des langues officielles en éducation (PLOÉ) a été renouvelé jusqu’en mars 2020; le Conseil scolaire francophone provincial, qui avait intenté une action judiciaire contre la province afin d’obtenir une plus grande transparence dans la gestion de ces fonds, a suspendu son litige en faveur d’une tentative de médiation avec le gouvernement (Dubé, 2018), qui n’a pas abouti. Il a donc décidé d’intenter un recours contre Patrimoine canadien en 2023 pour cause de « lacunes dans le protocole » du transfert de fonds à la province, ce dernier n’incluant pas de consultation pour appuyer les priorités de la communauté (« Le conseil scolaire francophone poursuit Patrimoine canadien », 2024). Les obligations du gouvernement fédéral en vertu de la nouvelle Loi sur les langues officielles (Chambre des communes du Canada, 2023), adoptée en 2023, pourraient avoir un effet sur ces ententes fédérales-provinciales, mais il est encore trop tôt pour en faire un constat effectif.
L’offre de services gouvernementaux en français
Après une première entente de financement entre les gouvernements fédéral et provincial, un Bureau des services en français du gouvernement provincial a été créé en 1995 (FFTNL, 2015 : 6). Celui-ci offre à la population francophone l’accès à quelques services de base (comme des formulaires) en français et des services de traduction à toute la fonction publique provinciale afin d’augmenter la prestation de services en français. Il se fait aussi l’agent de liaison entre la communauté francophone et acadienne de la province et les ministères, notamment le ministre responsable des Affaires francophones, ainsi que le porte-parole provincial durant les négociations des Ententes Canada-Terre-Neuve-et-Labrador sur les services en français (Terre-Neuve-et-Labrador, [s.d.]). En 2015, à la suite des revendications de la Fédération francophone depuis la décennie précédente (FFTNL, 2015 : 7), le gouvernement progressiste-conservateur de Paul Davis a signé une Politique officielle sur les services en français dans la province. Cette politique non contraignante balise les termes des consultations entre les ministères, le Bureau des services en français et la communauté francophone (Terre-Neuve-et-Labrador, 2015). Entre autres, le Bureau des services en français est responsable de la mise en oeuvre des services de traduction (effectués par le Bureau de la traduction fédéral), d’agir comme « intermédiaire entre les clients francophones et les ministères qui ont besoin d’aide pour la prestation de services en français » et comme « agent de liaison communautaire » afin de faciliter l’atteinte des objectifs de la communauté francophone dans la prestation de services en français (Ibid.). Le Bureau des services en français a aussi mis sur pied un comité de représentants de plusieurs ministères offrant des services aux citoyens afin de discuter des meilleures pratiques en matière de services en français.
En avril 2019, une nouvelle entente quinquennale de l’ordre de 3,5 millions de dollars a été signée entre Ottawa et St. John’s (La Presse canadienne, 2019) afin d’« accroître la capacité des gouvernements provinciaux et territoriaux de développer, d’améliorer et d’offrir des services, autres que l’éducation, dans la langue de la communauté minoritaire de langue officielle, y compris des services municipaux » et de « renforcer la collaboration fédérale-provinciale et fédérale-territoriale en matière de services, autres que l’éducation, offerts dans la langue de la communauté minoritaire de langue officielle » (Patrimoine canadien, 2019).
Conclusion
La plus petite des communautés francophones provinciales de l’Acadie demeure, à ce jour, la moins étudiée. Le portrait que nous avons présenté dans ce court article visait non pas l’exhaustivité, mais plutôt à constituer un point de départ et un appel à d’éventuelles recherches plus approfondies sur les dynamiques de la francophonie terre-neuvienne-et-labradorienne, les rapports entre ses trois pôles régionaux et avec la communauté majoritaire de la province. Le fait que son existence soit reléguée, au mieux, à une note en bas de page dans les écrits sur le nationalisme terre-neuvien montre également des angles morts importants dans la construction identitaire de la province, qui mériteraient d’être explorés. Sa fascinante histoire, la richesse des régionalismes recoupant largement les rapports de force entre le centre et la périphérie qu’on retrouve dans la population majoritaire ainsi que son attachement identitaire et institutionnel ambigu à l’Acadie font de cette communauté un sujet d’étude prometteur.
Parties annexes
Note biographique
Stéphanie Chouinard est professeure agrégée au Département de sciences politique et économique du Collège militaire royal et également affiliée à l’Université Queen’s. Ses recherches portent sur le fédéralisme, les droits linguistiques et le rapport entre droit et politique. Ses dernières publications incluent l’ouvrage Droits, langues et communautés : mélanges en l’honneur du professeur Pierre Foucher, en collaboration avec François Charbonneau et François Larocque (Éditions Liber, 2023), ainsi que l’article « Québec c. Francophonie canadienne : la solidarité en francophonie canadienne à l’épreuve du régime de droits linguistiques », Francophonies d’Amérique, no 53 (printemps 2022), p. 49-77.
Notes
-
[1]
C’est sans parler de l’absence d’un quelconque rappel de la présence historique des Béothuks, première nation présente sur l’île de Terre-Neuve jusqu’en 1829, date du décès de la dernière survivante de cette communauté autochtone, ainsi que de l’existence de communautés innues, naskapies et inuites au Labrador.
-
[2]
L’existence d’une distinction entre les trois régions francophones de la province avait déjà été rapidement notée, sans toutefois être problématisée, dans Joan E. Netten et Elizabeth Murphy (1993).
-
[3]
C’est toujours le cas aujourd’hui, comme en témoigne la publication du ministère du Tourisme de la province au sujet de la présence française dans la province, Finding French Connections in Eastern Newfoundland and Labrador : « When most people think of Newfoundland and Labrador, le français isn’t the first thing to come to mind, but did you know that the French played an important role in the history of our province? » (Nous soulignons).
-
[4]
Encore aujourd’hui, les Terre-Neuviens-et-Labradoriens sont ceux qui témoignent de l’attachement le plus faible au pays, après les Québécois.
-
[5]
Bannister, cité dans Vézina et Basta (2014 : 82); Hiller (2007 : 131). L’idée que la province se porterait mieux économiquement si les décisions étaient prises par l’élite politique terre-neuvienne est parfois contredite par les faits historiques. Ainsi, l’entente signée par Joey Smallwood avec le Québec en 1968 (et en vigueur jusqu’en 2041), en vertu de laquelle l’hydroélectricité produite sur la rivière Churchill est vendue à un prix dérisoire à la province voisine, en constitue un exemple éloquent. À ce sujet, voir James P. Feehan et Melvin Baker (2010).
-
[6]
Nous pouvons penser aux comédiens Rick Mercer et Mark Critch, par exemple, qui sont pourtant natifs de St. John’s.
-
[7]
Ce traité couvrira la côte depuis la baie de Bonavista jusqu’à la pointe Riche.
-
[8]
Le terme « jackitar », aussi orthographié « jackatar » ou « jack-o-tar », selon le Dictionary of Newfoundland English, est un terme péjoratif traditionnellement utilisé pour désigner les Terre-Neuviens de descendance française ou de descendance mixte française-micmaque vivant majoritairement sur la côte ouest de l’île. « Jackatar », Dictionary of Newfoundland English, [En ligne] [https://www.heritage.nf.ca/dictionary/#2376 ] (consulté le 20 avril 2019).
-
[9]
Par exemple, selon Waddell et Doran (1979 : 147), « la région [de la péninsule de Port-au-Port] n’a jamais vraiment fait partie de l’Acadie, ni ancienne, ni moderne, ses habitants n’ayant guère été encadrés par une hiérarchie acadienne, religieuse ou autre ». Cette appartenance à l’Acadie semble être relativisée par la communauté francophone de la province elle-même, car cette dernière a, entre autres exemples symboliques forts, choisi d’adopter un drapeau différent du drapeau acadien.
-
[10]
À ce sujet, voir Valérie Lapointe-Gagnon (2018), Panser le Canada : une histoire intellectuelle de la commission Laurendeau-Dunton, Montréal, Éditions du Boréal. Lapointe-Gagnon montre par ailleurs le peu d’intérêt qu’ont suscité la commission et ses travaux à Terre-Neuve, tant du côté des médias (p. 151-152) que du côté de la participation citoyenne aux consultations régionales (p. 177).
-
[11]
L’école des Grands-Vents a ouvert ses portes à la fin de l’année 2004 et comptait alors 35 élèves. Construite pour recevoir 110 élèves, elle a commencé à manquer d’espace vers 2010.
-
[12]
Les données des deux dernières phrases de ce paragraphe proviennent directement du Conseil scolaire provincial.
Bibliographie
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