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Book ReviewsComptes rendus de livres

Fausto Barlocco. Identity and the State in Malaysia. Abingdon et New York: Routledge, 2014, 176 pagesYunci Cai. Staging Indigenous Heritage: Instrumentalisation, Brokerage and Representation in Malaysia. Abingdon et New York: Routledge, 2021, 244 pagesKarolina Prasad. Identity Politics and Elections in Malaysia and Indonesia: Ethnic engineering in Borneo. Abingdon et New York: Routledge, 2016, 234 pages[Notice]

  • Mysaëlle Lavoie-Lemieux

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  • Mysaëlle Lavoie-Lemieux
    Université Laval

La présente revue de littérature s’intéresse à trois ouvrages qui abordent des enjeux liés à la gestion d’une société hétérogène aux niveaux ethnique et culturel, en l’occurrence la société malaisienne, à travers le prisme des politiques de l’identité. C’est surtout à partir de la seconde moitié du XXe siècle, alors que de larges mouvements de revendications sociales s’emparent de la place publique en instrumentalisant leur différence et en mettant en lumière les injustices qui en découlaient, que cette approche gagne en popularité en anthropologie et dans les sciences sociales en général (Anderson 1983 ; Barth 1969 ; Cohen 1985 ; Eriksen 1994 ; Gellner 1983 ; Hobsbawm 1992 ; Smith 1987). Elle permet de réfléchir à certaines catégories identitaires – dont l’ethnicité, le nationalisme, l’autochtonie, l’indigénéité et le genre, entre autres – comme la mobilisation politique d’une distinction commune servant de base à des revendications politiques et/ou de luttes contre des injustices (Neofotistos 2013). En Asie du Sud-Est, ce cadre théorique permet de réfléchir à la manière dont se sont construites et reconstruites les identités nationales durant la période postcoloniale, ainsi qu’après les guerres « chaudes » asiatiques durant la Guerre froide, mais aussi la manière dont les gouvernements Sud-est asiatiques gèrent des sociétés pluri-ethniques et les impacts de cette gestion sur la construction identitaire des minorités ethniques. Plus récemment, les politiques de l’identité ont notamment servi à réfléchir aux questions d’égalité et de justice sociale dans la sphère politique, à travers des questions de redistribution et de reconnaissance (Coulthard 2018 ; Fraser 2005, 2009), et de manière plus controversée, à la mise en péril des démocraties libérales par la fragmentation des identités individuelles (Fukuyama 2019). Quant aux ouvrages traitant des politiques de l’identité dans le contexte malaisien, ils ont beaucoup abordé la construction d’une « nation » malaisienne et les enjeux socio-politiques qu’elle représente pour les deux grandes minorités ethniques dites « immigrantes », soit les Chinois et les Indiens (Barnard 2004 ; DeBernardi 2004 ; Holst 2012 ; Lim, Gomez et Azly 2009). Ceci dit, les trois ouvrages auxquels s’intéresse ce compte-rendu se concentrent plutôt, de manière pertinente et substantielle, sur la construction identitaire de minorités, dites « autochtones », en dépit ou en réponse au nationalisme malaisien. Identity and the State in Malaysia de Fausto Barlocco (2014) a été rédigé à partir de la thèse de doctorat en anthropologie sociale de l’auteur. Il traite de la construction et de l’évolution depuis la période précoloniale des identités collectives des Kadazan, un groupe ethnique de l’État du Sabah en Malaisie insulaire. L’argumentaire de l’auteur se base sur une recherche ethnographique de terrain de neuf mois, menée dans le district de Penampang et s’échelonnant entre 2006 et 2007, ainsi que sur des sources historiographiques secondaires. Outre l’introduction (1), l’ouvrage est séparé en huit chapitres. Le chapitre 2 représente une contextualisation ethnographique du sujet de l’ouvrage à travers une revue de la littérature existante portant sur les Kadazan et les Dusunic (le groupe plus large auquel ils appartiennent), ainsi que des considérations méthodologiques et réflexives. Le chapitre 3 retrace l’ethnogenèse et l’évolution de l’identité collective des Kadazan à travers les périodes pré-coloniale, coloniale (1881-1963) et post-coloniale, en portant une attention particulière aux représentations kadazan dans les médias. Le chapitre 4 explique les manières dont les identités collectives, ainsi que les associations communautaires kadazan et dusunic, se sont développées à travers ou malgré la construction de la « nation malaisienne » et l’émergence du nationalisme malais. Le chapitre suivant aborde l’enjeu de l’octroi de la citoyenneté aux migrants illégaux au Sabah et son rôle perçu dans la minorisation et l’assimilation des …

Parties annexes