Certaines fonctionnalités et contenus sont actuellement inaccessibles en raison d'une maintenance chez notre prestataire de service. Suivez l'évolution

Book ReviewsComptes rendus de livres

Marie-José Nadal, Les femmes autochtones dans l’espace public mexicain. Québec, Presses de l’Université de Laval, 2021, 370 pages[Notice]

  • Mounia El Kotni

…plus d’informations

  • Mounia El Kotni
    Centre de recherche, médecine, sciences, santé, santé mentale, société EHESS, Université de Paris

Marie-José Nadal, anthropologue spécialiste du Mexique propose dans cet ouvrage une analyse détaillée de l’engagement des femmes autochtones dans les sphères politiques et économiques mexicaines, sur près de 25 ans (1986-2010). La période choisie permet de suivre l’émergence par les institutions internationales et dans les politiques étatiques de la catégorie de « femmes indigènes » ou « femmes rurales » et ses conséquences à travers le temps, au niveau communautaire et nationales. Ce travail complet combine une enquête socio-anthropologique dans deux zones de l’État du Yucatán et des observations dans l’État de Puebla à l’analyse du fonctionnement d’organisations autochtones dans l’État du Chiapas et au niveau national. Ces analyses sont mises en perspective avec des politiques internationales de développement et, en particulier, l’approche « genre et développement » adoptée par les Nations Unies lors de la conférence de Beijing, en 1995 (ONU Femmes 2015). Les interactions entre les différentes échelles (intra/communautaire, nationale, internationale) sont étudiées tout au long de l’ouvrage. Les sources mobilisées sont diverses tant par leur temporalité (des premières enquêtes de l’autrice dans les années 1980 à des études plus récentes) que par leur format : publications d’organisations de la société civile mexicaine, rapports d’organisations internationales, recherches menées par des auteurs et autrices de la scène mexicaine et internationale. Pour Nadal, l’espace public relève d’une « construction sociale hiérarchisée, lieu d’interactions sociales, de confrontation et de débat public où se concrétisent les rapports de pouvoir et de domination entre acteurs différents » (p. 2). Elle se focalise, en particulier, sur la place des femmes autochtones mexicaines dans deux espaces. La première partie du livre est consacrée à « l’espace économique » et aux conséquences des politiques nationales multiculturelles et de la perspective internationale « genre et développement » sur le quotidien des femmes autochtones. Les données présentées dans ces chapitres et dans une étude de cas portent sur les unités de production de brodeuses du Yucatan : l’une, dans la zone de production de maïs ; et l’autre, dans la zone de production du sisal (henequén). Une deuxième étude de cas analyse la mise en oeuvre aux niveaux national et local de la politique « d’empowerment » portée par l’approche genre et développement. À travers les six chapitres (numérotés 1 à 6), Nadal met en avant les tensions qui existent entre la vision institutionnelle de ce que doit être l’autonomisation des femmes autochtones et les rapports de pouvoir à l’oeuvre entre institutions étatiques, coopératives et au sein des villages, qui ont pour conséquence une domination des sociétaires des unités de production. Cette domination n’est pas sans riposte : le chapitre 6, en particulier, met en avant la redéfinition des normes autour des « femmes indigènes » menée par les brodeuses. La seconde partie du livre porte sur la place des femmes autochtones dans « l’espace politique ». Les six chapitres qui la composent (numérotés 7 à 12) concernent tant la manière dont la catégorie de « femmes indigènes » est façonnée par les institutions internationales (onusiennes en particulier) que la lutte pour l’autonomie de ces femmes au niveau communautaire et nationale, en particulier celle menée par les femmes du mouvement zapatiste (mouvement issu des populations autochtones du Chiapas, depuis 1994). Deux chapitres et une étude de cas sont consacrés au réseau national CONAMI de défense des droits des femmes autochtones, ainsi que ses limites et les tensions créées par l’institutionnalisation de luttes militantes. Une dernière étude de cas porte sur le municipe de Chenalhó au Chiapas, au coeur de nombreuses tensions politiques et de violence militaires. L’organisation de l’ouvrage laisse une part importante à la …

Parties annexes