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Book ReviewsComptes rendus de livres

Philippe Descola. Une écologie des relations. Paris, CNRS éditions, 2019, 64 pages[Notice]

  • Marine Larrivaz

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  • Marine Larrivaz
    Université de Montréal

La collection « Les grandes voies de la recherche » des éditions du Centre nationale de recherche scientifique (CNRS) offre une nouvelle fois à ses lecteurs, l’intimité scientifique d’un médaillé d’or français du CNRS. Dans ce nouveau texte, court mais passionnant, le lectorat partage le quotidien d’un des plus grands anthropologues français : Philippe Descola. Descola, ancien élève de Lévi-Strauss et de Maurice Godelier, est avant tout un philosophe qui a passé sa vie à comprendre l’ontologie au sein de l’éthologie, mais pas seulement. Il est, par son expérience de professorat au Collège de France, un anthropologue de terrain impliquant la théorie sociologique contemporaine à l’anthropologie moderne. Descola, dans cette oeuvre bibliographique partage une toute nouvelle vision d’une thématique récurrente dans les sciences humaines, celle de l’opposition entre la nature et la culture. Il y découpe sa vie en cinq grands chapitres chronologiques retraçant sa transition d’ethnographe à anthropologue, son parcours académique, son expérience de terrain en Amazonie, sa nouvelle approche d’intériorité et de physicalité, telle que décrite dans son oeuvre la plus lue, Par-delà nature et culture (2005), et enfin, la portée de ses recherches sur l’anthropologie moderne. Il est possible d’appréhender ces chapitres en deux blocs. Le premier bloc (trois chapitres) résume les débuts de sa carrière à travers son expérience de terrain. Ces années sont déterminantes pour l’auteur car elles lui permettent de passer d’une pensée orientée vers le matérialisme écologique à une vision nouvelle de l’anthropologie, soit l’anthropologie de la nature. L’exemple du parcours de Descola rappelle ici aux lecteurs que tout protocole de recherche, même construit le plus rigoureusement possible, peut s’averer être faussé une fois sur le terrain. Par conséquent, il mets en évidence qu’une seule étude de terrain peut invalider des décennies de bases anthropologiques ancrées dans la discipline. Le deuxième bloc constitué de deux chapitres s’adresse directement aux chercheurs futurs. Descola démontre aux nouveaux scientifiques comment penser les relations entre les humains et l’environnement. Selon lui, il faut cesser d’opposer nature et culture dans l’étude des cultures humaines mais plutôt les associer symbiotiquement. En effet, il explique de la même manière que Rousseau, dans son Discours sur l’origine de l’inégalité (1772), qu’il existe bien un homme naturel créant la société non pas à l’extérieur de la nature mais au sein de cette dernière. Dès lors, la nature n’est pas exemptée de la culture. Pour Descola, elle est justement culture tout entière et il faut l’intégrer aux études anthropologiques. Ainsi donc est née son « écologie des relations ». Chez l’auteur, ce cheminement de pensée s’inscrit dans un exercise de réflexivité, ce qui est l’objet de son premier chapitre. Selon lui, un anthropologue est l’ensemble de trois professions : l’ethnographe, l’ethnologue et l’anthropologue. Il explique que l’immersion de l’ethnographe apporte une premiére compréhension de la société étudiée. Ensuite, vient le travail de l’ethnologue qui ajoute à cela une expertise poussée de la société par le travail de terrain. Enfin, l’anthropologue vient terminer une étude en créant des théories universelles qui permettent de comparer les sociétés entre elles dans le temps. La combinaison des trois professions offre ainsi le meilleure alliage pour l’étude des sociétés humaines. Considérant l’anthropologie nord-américaine et sa subdivision en quatre sous disciplines, la définition semble assez pauvre. Elle permet cependant de pouvoir comprendre le commencement de sa pensée. L’anthropologie pour Descola n’est pas le propre de l’homme et elle n’étudie donc pas les sociétés humaines visibles, mais va plus loin : elle doit se vivre au contact de l’homme et de son environnement. Descola, dans le chapitre suivant, explique comment il en est arrivé à « vivre l’anthropologie ». Le …

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