Abstracts
Résumé
Cet article s’intéresse au statut totémique des figures qui peuplent les montages prostitutionnels de Guyotat. Le corps supplicié – celui de l’esclave-putain – se fait dans cette oeuvre, et suivant la logique verbale de l’écriture qui l’ouvre à l’infini de ses mutations comme à toutes les figures instables et répétables de l’asservissement et de la subordination, le matériau d’autant plus glorieux qu’il sera livré aux trafics de l’esclavage. Il s’agit de montrer que l’écriture de Guyotat transgresse le tabou de l’inceste qui fonde l’espèce et instaure l’ordre symbolique. Car le dispositif esclavagiste et prostitutionnel des scénographies de cette écriture est mis en place par un sujet impitoyablement asservi à une jouissance absolue. De cette jouissance déterminante, le sujet Guyotat affirme aujourd’hui faire un « chant » qui accède à une autre exigence, celle formulée par la deuxième des dix paroles sinaïtiques et qui concerne l’interdit de céder aux pouvoirs de la représentation : « Tu ne te feras pas d’images. » L’illisibilité de Guyotat trouve dans cet interdit, semble-t-il, sa puissance d’évocation.
Abstract
This article explores the totemic status of the figures in Guyotat’s prostitution montages. In Guyotat’s works, the glory of the esclave-putain’s tortured body is enhanced by the fact that this poetic material is surrendered to slavery, thereby following the writing’s verbal logic that allows it to open to infinite mutations, as well as to all unstable and recurring figures of subjection and subordination. The analysis will show that Guyotat’s writing transgresses the taboo of incest, on which relies the very foundation of the human species and of the Symbolic Order. Of this absolute jouissance of the utmost importance, Guyotat claims to make a “chant” that reaches another founding law, one that entails not to give in to the enticing powers of representation: “Thou Shalt Not Make Images.” It is in this Second Commandment that resides the evocative powers of Guyotat’s illegible writing.