McGill Law Journal
Revue de droit de McGill
Volume 61, numéro 4, june 2016 Indigenous Law and Legal Pluralism Le droit autochtone et le pluralisme juridique
Sommaire (11 articles)
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Introduction: Moving from the Why to the How of Indigenous Law
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An Inside Job: Engaging with Indigenous Legal Traditions through Stories
Val Napoleon et Hadley Friedland
p. 725–754
RésuméEN :
There has been a growing momentum toward a greater recognition and explicit use of Indigenous laws in the past several years. According to the Truth and Reconciliation Commission’s final report, the revitalization and recognition of Indigenous laws are essential to reconciliation in Canada. How, then, do we go about doing this? In this article, we introduce one method, which we believe has great potential for working respectfully and productively with Indigenous laws today. We engage with Indigenous legal traditions by carefully and consciously applying adapted common law tools, such as legal analysis and synthesis, to existing and often publicly available Indigenous resources: stories, narratives, and oral histories. By bringing common pedagogical approaches from many Indigenous legal traditions together with standard common law legal education, we hope to help people learn Indigenous laws from an internal point of view. We share experiences that reveal that this method holds great potential as a pedagogical bridge “into” respectful engagement with Indigenous laws and legal thought, within and across Indigenous, academic, and professional communities. In conclusion, we argue that, while this method is a useful tool, it is not intended to supplant existing learning and teaching methods, but rather to supplement them. In practice, we have seen that this method can be complementary to learning deeply through other means. There are many methods to engage with Indigenous laws, and there needs to be critical reflection and conversations about them all.
FR :
Depuis plusieurs années, on assiste à un enthousiasme croissant en faveur d’une plus grande reconnaissance des lois autochtones et d’un recours explicite à celles-ci. Selon le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation, la revitalisation et la reconnaissance des lois autochtones sont essentielles à la réconciliation au Canada. Comment, alors, allons-nous nous faire cela? Dans cet article, nous présentons une méthode qui, selon nous, promet de travailler respectueusement et de façon productive avec les lois autochtones. Nous abordons les traditions juridiques autochtones en appliquant soigneusement et consciemment des outils adaptés de la common law, tels que l’étude de cas et l’analyse juridique, aux ressources autochtones existantes, qui sont souvent publiques : des histoires, des récits et des traditions orales. En rassemblant des méthodes pédagogiques communes à de nombreuses traditions juridiques autochtones et des méthodes d’éducation juridique classiques de common law nous espérons aider l’apprentissage des lois autochtones d’un point de vue interne. Nous partageons des expériences qui démontrent le grand potentiel de cette méthode et son rôle de pont pédagogique « vers » une discussion respectueuse au sujet des lois et de la pensée juridique autochtone au sein et entre les communautés autochtones, universitaires et professionnelles. Bien que nous croyions que cette méthode constitue un outil utile, nous argumentons en conclusion qu’elle ne vise pas à remplacer les méthodes d’apprentissages et d’enseignement existantes, mais vise plutôt à les compléter. En pratique, nous avons vu que cette méthode est complémentaire dans la mesure qu’elle permet un apprentissage plus profond par d’autres moyens. Il existe, plusieurs méthodes permettant d’aborder les lois autochtones, de même que les conversations et la réflexion critique à leur sujet.
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WSÁNEĆ Legal Theory and the Fuel Spill at SELEK̵TEL̵ (Goldstream River)
Robert YELḰÁTŦE Clifford
p. 755–793
RésuméEN :
SELEK̵TEL̵ (Goldstream River), on Coast Salish territory on Southern Vancouver Island in British Columbia, is an important salmon spawning river and fishing location for the WSÁNEĆ (Saanich) people. On April 16, 2011, it was also the site of a diesel and gasoline spill.
In this article, I explore the processes of revitalizing WSÁNEĆ law and how we might think about the revitalization of WSÁNEĆ law in the context of this fuel spill. While I do not present a definitive statement of the application of WSÁNEĆ law, I explore what is needed in order to understand WSÁNEĆ law on its own terms. I turn to WSÁNEĆ stories to ground my understanding of WSÁNEĆ law in a different cosmological and ontological framework, and begin to explore the implications this different framework has for understanding the fuel spill and a WSÁNEĆ approach to “law”. I argue that this framework requires a greater attribution of “being” and “agency” to land, with an emphasis on repairing and maintaining relationships in an encompassing way. In exploring the implications of this shift in framework, I problematize the notions of “jurisdiction” and “remedy”. Specifically, rather than approaching the relationship to land through the idea of jurisdictional authority over it, I argue that WSÁNEĆ law develops a perspective centred on our mutual responsibilities with and to land. I also argue that the notion of jurisdiction can compartmentalize and limit WSÁNEĆ law’s attention to the encompassing nature of our relationships to land. Similarly, as opposed to engaging WSÁNEĆ law only to find a remedy, we must step back and consider how the harm of the fuel spill would be characterized within the distinctive framework of WSÁNEĆ law.
FR :
SELEK̵TEL̵ (rivière Goldstream), qui se situe sur le territoire des Salishes de la côte au sud de l’île de Vancouver en Colombie-Britannique, est une rivière hôtesse de la fraie de saumon ainsi qu’un lieu de pêche pour le peuple WSÁNEĆ (Saanich). Le 16 avril 2011, elle était également le lieu d’un déversement d’essence et de diesel.
Dans cet article, j’explore le processus de revitalisation du droit WSÁNEĆ ainsi que la façon dont nous pouvons songer à la revitalisation du droit WSÁNEĆ dans le contexte de ce déversement. Bien que je ne présente pas une proposition définitive de l’application du droit WSÁNEĆ, j’explore ce qui est requis afin de comprendre le droit WSÁNEĆ selon ses propres termes. Je me tourne vers des récits WSÁNEĆ afin de fonder ma compréhension du droit WSÁNEĆ dans un cadre cosmologique et ontologique différent et j’entame une exploration des implications que ce différent cadre a sur la compréhension du déversement et sur une approche WSÁNEĆ du « droit ». J’argumente que ce cadre requiert une plus grande attribution aux concepts d’« être » (being) et de « volonté » (agency) en lien avec la terre, en mettant l’accent sur la réparation et le maintien des relations d’une manière globale. En explorant les implications du changement de cadre, je problématise les notions de « compétence » et de « réparation ». Précisément, plutôt que d’aborder la relation à la terre par l’entremise de la compétence à son égard, j’argumente que le droit WSÁNEĆ offre une perspective centrée sur nos responsabilités mutuelles avec et envers la terre. J’argumente également que le concept de compétence peut compartimenter et limiter l’attention qu’accorde le droit WSÁNEĆ à la nature globale de nos relations à la terre. De même, plutôt que d’engager avec le droit WSÁNEĆ seulement afin de trouver une réparation, nous devons prendre du recul et examiner comment le tort causé par le déversement d’essence serait caractérisé dans le cadre distinctif du droit WSÁNEĆ.
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Heroes, Tricksters, Monsters, and Caretakers: Indigenous Law and Legal Education
John Borrows
p. 795–846
RésuméEN :
Teaching Indigenous peoples’ own law in Canadian law schools presents significant challenges and opportunities. Materials can be organized in conventional or innovative ways. This article explores how law professors and others might best teach Indigenous peoples’ law. Questions canvassed include: whether Indigenous peoples’ law should primarily be taught in Indigenous communities, whether such law should even be taught in law schools, whether it is possible to categorize Indigenous peoples’ law or teach it in English, and whether it is possible to theorize Indigenous peoples’ law within a single framework or organize the subject within common law categories. While this article suggests that Indigenous peoples’ law can be discussed in numerous ways, including within conventional law school frameworks, it emphasizes that such law is best taught in other ways. Indigenous legal traditions should be organized in accordance with Indigenous frameworks. Some of these frameworks include Heroes, Tricksters, Monsters, and Caretakers. Using these Anishinaabe law examples, this article stresses how the teaching of Indigenous peoples’ law should be done in culturally appropriate ways that open rather than confine fields of inquiry within Indigenous law and practice.
FR :
Enseigner le droit autochtone dans une école de droit canadienne présente des défis et des opportunités importants. Le matériel du cours peut être organisé de façon conventionnelle ou innovatrice. Cet article explore les meilleures méthodes pour enseigner le droit autochtone. Les questions abordées par l’article incluent : si le droit autochtone devrait être enseigné à des communautés autochtones, si l’enseignement de ce droit est même approprié dans les écoles de droit, s’il est possible de catégoriser ce droit ou de l’enseigner en anglais, et s’il est possible de développer ce droit selon un seul modèle théorique ou de l’organiser selon les catégories de la common law. Bien que cet article suggère qu’on peut discuter du droit autochtone de différentes façons, incluant la méthodologie conventionnelle adoptée par les écoles de droit, il souligne que ce droit est le mieux enseigné selon une différente approche. Les traditions juridiques autochtones devraient être organisées en conformité avec les modèles autochtones. Parmi ces modèles, on retrouve les héros, les tricksters, les monstres et les gardiens. En utilisant ces exemples du droit Anishinaabe, cet article insiste que l’enseignement du droit autochtone devrait prendre des formes culturelles appropriées, qui élargissent plutôt que limitent la théorie et la pratique du droit autochtone.
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The Lifeworlds of Law: On Revitalizing Indigenous Legal Orders Today
Aaron Mills
p. 847–884
RésuméEN :
What ultimately counts as law and as the legitimate processes of its generation, adjustment, and destruction are both empowered and constrained by the constitutional order from which they derive life. A constitutional framework, in turn, reflects unique understandings about what there is and how one can know: a lifeworld. Reflecting on his own experience, the author emphasizes how legal education harms when it fails to acknowledge and to begin to articulate the lifeworld beneath any system of law it aims to impart.
There are serious questions to be taken up in considering whether we may move law between constitutional contexts without subjugating the law of one community to the lifeworld of another. The author asserts this is particularly important with respect to Canadian law schools’ recent interest in teaching Indigenous peoples’ own systems of law. He argues that Canadian (liberal) and Indigenous (what he calls “rooted”) constitutionalisms are not only different, but different in kind. As such, efforts to articulate Indigenous law within the forms of liberal constitutionalism ignore or trivialize the ongoing significance of Indigenous lifeworlds to governance of Indigenous lives today. Many Indigenous legal scholars are adverting to this tension, moving on from simply making space for Indigenous law in the academy to asking whether and how this may be done. The author briefly canvasses Indigenous theorists (students, professors, lawyers, and elders) whose works present Indigenous systems of law within their own lifeworlds.
Tracking the lifeworld-law relationship, he proposes three reforms to legal education in Canada: (1) teach that all law is storied; (2) teach that Canadian constitutional law is a species of liberal constitutionalism; (3) require students to enrol in a prerequisite on an Indigenous people’s constitutional order before enrolling in a course on their law. By way of example, he concludes with the syllabus for an intensive course he designed and taught on Anishinaabe constitutionalism.
FR :
Le produit qui portera ultimement l’étiquette du droit et du processus légitime de sa génération, de sa révision et de sa destruction est à la fois habilité et contraint par l’ordre constitutionnel dont il émane. Un cadre constitutionnel reflète à son tour d’uniques compréhensions de ce qui existe et des moyens de connaître : un lifeworld. En se penchant sur sa propre expérience, l’auteur souligne la mesure dans laquelle l’éducation juridique cause du tort lorsqu’elle ne parvient pas à reconnaître et à articuler de manière préliminaire le lifeworld qui sous-tend tout système juridique qu’elle vise à conférer.
D’importantes questions doivent être posées lorsqu’on considère la possibilité de déplacer aisément le droit entre des contextes constitutionnels donnés, sans assujettir le droit d’une communauté au lifeworld d’une autre. L’auteur affirme que ce questionnement est d’autant plus important compte tenu du récent intérêt pour l’enseignement des systèmes juridiques propres aux peuples autochtones au sein des facultés de droit canadiennes. Il soutient que les différences entre le constitutionnalisme (libéral) canadien et le constitutionnalisme (que l’auteur appelle « enraciné ») autochtone s’étendent à même leur nature. Ainsi, les efforts d’articuler le droit autochtone dans les contours du constitutionnalisme libéral ignorent ou banalisent l’importance continue des lifeworlds autochtones pour la gouvernance des vies autochtones aujourd’hui. Plusieurs auteurs juridiques autochtones se penchent sur cette tension, et passent du simple effort de tailler une place pour le droit autochtone dans le milieu académique à se demander si et comment cette inclusion peut s’effectuer. L’auteur offre un bref survol des théoriciens autochtones (étudiants, professeurs, avocats et ainés) dont les ouvrages présentent les systèmes juridiques autochtones selon leur propre lifeworlds.
Sous l’angle de la relation lifeworld-droit, il propose trois réformes quant à l’éducation juridique au Canada : (1) enseigner que toute forme de droit est récitatif; (2) enseigner que le droit constitutionnel canadien s’insère dans le constitutionnalisme libéral; (3) exiger que les étudiants suivent un cours obligatoire sur l’ordre constitutionnel des peuples autochtones avant de suivre un cours sur leur droit. En guise d’exemple et de conclusion, il propose le plan de cours d’une classe intensive sur le constitutionnalisme Anishinaabe qu’il a conceptualisé et enseigné.
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Comprendre la normativité innue en matière d’« adoption » et de garde coutumière
Sébastien Grammond et Christiane Guay
p. 885–906
RésuméFR :
Le présent article rend compte des résultats préliminaires d’un projet de recherche qui porte sur la garde et l’« adoption » coutumière au sein de la communauté innue d’Uashat mak Mani-Utenam, dans le nord-est du Québec. Dans une perspective de pluralisme juridique, les auteurs ont employé une méthode biographique pour comprendre le fonctionnement de l’institution juridique innue du ne kupaniem/ne kupanishkuem, que l’on peut comparer, à certains égards, à l’adoption des systèmes de droit occidentaux. Les auteurs présentent ici certaines caractéristiques de cette institution, afin de faire apparaître les limites des projets de loi qui visent à reconnaître l’« adoption coutumière autochtone » en droit québécois. L’« adoption » innue découle d’une entente entre les personnes concernées, qui peut se cristalliser graduellement, qui ne brise jamais le lien de filiation d’origine et qui n’entraîne pas immédiatement la création d’une nouvelle filiation. En principe, cette forme d’adoption n’est pas permanente. Or, une loi québécoise qui ne reconnaîtrait que des adoptions autochtones qui créent un nouveau lien de filiation risquerait soit d’être inefficace, soit de déformer l’ordre juridique innu.
EN :
This article presents the preliminary results of a research project on care and customary “adoption” in the Innu Uashat mak Mani-Utenam community of northeast Québec. From a legal pluralist perspective, the authors used a biographical method to understand the workings of the ne kupaniem/ne kupanishkuem Innu legal institution, which can be compared in certain respects to adoption in Western legal systems. The authors present certain characteristics of this institution in order to expose the limits of bills that seek to recognize “Aboriginal customary adoption” in Québec law. Innu “adoption” stems from an agreement between the concerned persons, which can crystallize gradually, which never breaks the original filial link, and which does not immediately create a new filial link. In theory, this type of adoption is not permanent. As such, a Québec law that only recognizes Aboriginal adoptions that create a new filial link runs the risk of either being ineffective, or of distorting the Innu legal order.
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Des compétences législatives personnelles en matière d’activités de chasse, de pêche et de piégeage dans les ententes de revendications territoriales : les limites de la cogestion
Geneviève Motard
p. 907–938
RésuméFR :
Les accords de règlement des revendications territoriales globales conclues entre l’État canadien et des nations autochtones prévoient des compétences législatives en matière de prélèvement des ressources fauniques, floristiques et halieutiques. Ces ententes permettent la reconnaissance étatique du droit autochtone sur ces questions. Les compétences ainsi reconnues le sont cependant sur une base personnelle, ce qui signifie qu’elles ne s’appliquent qu’aux personnes identifiées comme bénéficiaires des droits dans les ententes. Cet article présente, dans un premier temps, les difficultés de coexistence entre les ordres juridiques autochtones et étatiques posées par l’exercice d’une compétence législative personnelle en matière de prélèvement des ressources fauniques, floristiques et halieutiques. Dans un deuxième temps, le texte s’intéresse aux forums de cogestion, dont la mise en place par les ententes cherche à résoudre certaines de ces difficultés. Enfin, le texte s’attarde aux limites à l’autonomie que posent ces forums de cogestion aux compétences législatives personnelles reconnues aux nations signataires des ententes.
EN :
Comprehensive land claim settlement agreements between Canada and First Nations confer legislative authority in matters of collecting faunal, floral, and fisheries resources. These agreements grant state recognition of Aboriginal law on these questions. This legislative authority, however, is recognized on a personal basis, meaning that it only applies to people identified as beneficiaries of the rights in the agreements. This article first of all exposes the difficulty of coexistence between Aboriginal and state legal orders where the exercise of a personal legislative authority in the matter of faunal, floral, and fisheries resources is concerned. Second, the text discusses the co-management forums established by the agreements in order to solve some of the aforementioned difficulties. Finally, the text considers the limits these forums pose to autonomy by constraining the exercise of the personal legislative authority granted by the agreements to signatory Nations.
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Toward a Bijural Interpretation of the Principle of Respect in Aboriginal Law
Kirsten Manley-Casimir
p. 939–977
RésuméEN :
Aboriginal law disputes are disputes that arise in the spaces between Indigenous and non-Indigenous societies. To date, the Supreme Court of Canada has resolved Aboriginal law disputes under section 35 by relying heavily on the common law to the exclusion of Indigenous legal traditions and principles. In this article, the author argues that applying a bijural interpretation of the principle of respect provides a promising pathway forward in resolving Aboriginal law disputes in a way that supports the grand purpose of section 35 of the Constitution Act, 1982—reconciliation. The author discusses the principle of respect by considering both non-Indigenous and Indigenous theories to propose a robust conception of respect to guide Aboriginal law jurisprudence. She then suggests three ways to implement the principle of respect in the intercultural relationship: (1) making interdependence and relationships primary; (2) rejecting colonial attitudes and stereotypes of Indigenous peoples; and (3) creating political and legal space for the expression and flourishing of cultural difference.
FR :
Les disputes de droit autochtone sont des disputes qui surviennent dans les interstices entre les sociétés autochtones et non autochtones. Jusqu’à présent, la Cour suprême du Canada a résolu des disputes de droit autochtone fondées sur l’article 35 en se fiant à la common law, écartant ainsi les traditions et principes juridiques autochtones. Dans cet article, l’auteure plaide que la mise en application d’une interprétation bijuridique du principe de respect est une avenue prometteuse vers la résolution de conflits de droit autochtone, et ce, d’une façon qui donne soutien à la raison d’être de l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1867 : la réconciliation. L’auteure discute le principe de respect en tenant compte de théories autochtones et non autochtones, de façon à proposer une conception robuste du respect qui guidera la jurisprudence en droit autochtone. Elle suggère trois moyens d’instituer le principe de respect dans la relation interculturelle : (1) prioriser l’interdépendance et les relations; (2) rejeter les attitudes colonialistes et les stéréotypes entourant les peuples autochtones; et (3) créer un espace politique et juridique pour l’expression et l’épanouissement de différences culturelles.
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The Tricksters Speak: Klooscap and Wesakechak, Indigenous Law, and the New Brunswick Land Use Negotiation
Lara Ulrich et David Gill
p. 979–1014
RésuméEN :
In 2015, the University of New Brunswick hosted the Kawaskimhon Talking Circle Moot. The moot problem was based on the case of Buctouche First Nation v. New Brunswick. The applicant First Nation applied to the courts for an injunction opposing the New Brunswick government’s forest strategy. The forest strategy increased the annual harvesting of softwood timber while reducing the area of Crown-protected conservation forest.
Participants were assigned clients and asked to represent these clients’ interests and perspectives. This article presents the argument made on behalf of the Council of Traditional Elders and Chiefs of the Mi’kmaq peoples. Their interests consist of protecting the traditional lands of the Mi’kmaq people while recognizing that the Mi’kmaq have a legal duty to the forests upon which they depend. The argument is presented as a dialogue between two Indigenous tricksters—Klooscap (a Mi’kmaq trickster) and Wesakechak (a Cree trickster). The tricksters advance their position using Mi’kmaq law. In particular, the tricksters focus on the environmental and constitutional principle of netukulimk. Netukulimk is a theory of sustainability that is offered as an alternative framework to the colonial laws that currently dominate Canadian Aboriginal legal issues. The use of Mi’kmaq law presents opportunities for self-governance by recognizing and applying Mi’kmaq legal obligations to the natural world.
This article concludes with a brief commentary on the application of Indigenous law in this fictionalized context and its future as an influence on and alternative to Canadian Aboriginal law.
FR :
Le concours de plaidoirie Kawaskimhon fut tenu en 2015 à l’Université du Nouveau-Brunswick. La trame factuelle s’inspirait d’une affaire réelle: Buctouche First Nation v. New Brunswick. La Première nation requérante appliquait aux tribunaux pour obtenir une injonction opposant la stratégie forestière du gouvernement du Nouveau-Brunswick ayant augmenté la récolte annuelle de bois d’oeuvre et réduit la superficie des aires de conservation forestières protégées de la Couronne.
Les étudiants se virent assignés des clients qu’ils devaient représenter en prenant en compte les intérêts et perspectives propres à ces clients. Notre article présente l’argument du Conseil des Aînés et des chefs des peuples Mi’kmaq. Leurs intérêts consistent à protéger les terres traditionnelles des peuples Mi’kmaq et reconnaitre que les Mi’kmaq ont une obligation légale envers les forêts dont ils dépendent. L’argument est présenté sous forme de dialogue entre deux tricksters autochtones : Klooscap (un trickster Mi’kmaq) et Wesakechak (un trickster Cri). Les tricksters avancent leur position en faisant appel au droit Mi’kmaq. Ils se concentrent en particulier sur le principe environnemental et constitutionnel netukulimk. Netukulimk est une théorie de la durabilité offerte comme cadre alternatif aux lois coloniales qui ont dominé jusqu’à date les questions juridiques autochtones canadiennes. L’utilisation du droit Mi’kmaq présente des possibilités d’auto-gouvernance en reconnaissant et mettant en pratique les obligations légales Mi’kmaq envers le monde naturel.
L’article se termine par un bref commentaire des auteurs sur l’application du droit autochtone dans ce contexte fictif et son futur en droit autochtone canadien.
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Thesis Survey / Recension des thèses
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Volume 61 Index / Index du volume 61