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Recensions

Pierre-Sylvain Filliozat, Michel Zink, éd., Mythes d’origine dans les civilisations de l’Asie. Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2021, 292 p.[Notice]

  • André Couture

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  • André Couture
    Université Laval, Québec

Ce recueil comprend quinze articles de longueur variable, constituant les actes d’un colloque organisé par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, l’Institut national des Langues et Civilisations orientales/CERLOM et la Société asiatique, et qui s’est tenu les 6 et 7 décembre 2018. Il est introduit par une préface de Pierre-Sylvain Filliozat (p. 7-10) et contient aussi l’allocution d’accueil prononcée par Michel Zink (p. 11-12). C’est Jean-Jacques Glassner, spécialiste du monde sumérien, qui ouvre le recueil avec une contribution intitulée « À Uruk, au 34e siècle avant notre ère, les graphèmes racontent le mythe » (p. 13-21). L’effort étonnant que les anciens Sumériens ont consenti pour créer cette écriture montrerait selon l’auteur que l’on est en présence de l’une des grandes aventures intellectuelles de l’histoire de l’humanité. L’écriture deviendrait alors, comme malgré elle, une sorte de paradigme mythique, porteur de mystérieuses liaisons, modèle implicite à la fondation d’un régime monarchique. Jean Haudry, spécialiste reconnu des langues et civilisation indo-européennes, aborde ensuite l’éternelle question du Vala en tant que nom de la caverne qui fait l’objet d’un mythe cosmogonique dès les plus anciens textes du Veda, et du vara avestique, nom de l’édifice que construit Yima dans l’ancienne civilisation iranienne « pour permettre aux hommes, aux animaux et aux plantes qu’il choisit de survivre au Grand Hiver » (p. 23). À ce problème se superpose celui des liens entre le Yima avestique et le Yama védique (p. 23-44). L’article devient vite une cascade d’hypothèses, y compris celle de l’auteur qui entend pouvoir contourner les difficultés que soulève la multiplicité des interprétations sur le plan historique en reconstituant pour la période ancienne un concept antérieur, valable sur le seul plan indo-européen. Dans un long exposé intitulé « Dionysos, les serpents, le vin et l’origine mythique de la civilisation indienne : notes sur une légende grecque » (p. 45-99), François Delpech discute surtout du rôle de Dionysos dans les Dionysiaques de Nonnos de Panopolis (poète égyptien du ve s. ec), un immense poème en 48 chants, édité et traduit aux Belles Lettres en 19 vol., et sur lequel beaucoup de chercheurs se sont déjà escrimés. Une analyse très élaborée où l’auteur multiplie les hypothèses concernant le rapport de Dionysos en tant que héros civilisateur avec l’Inde. Plus qu’une étude de ces mythes d’origine, ce sont certaines analogies des traditions lydiennes recueillies par Nonnos avec les mythes indiens, et d’éventuels emprunts à l’Inde, qui intéressent en premier lieu l’auteur de ce texte. Prenant prétexte d’une image de loup chez les Turcs remontant au vie siècle ec, Michel Bozdémir discute du loup gris, ancêtre et guide des nations turcophones dans des moments de péril majeur et que l’on retrouve partout dans les croyances de ces peuples. Il s’intéresse aussi à la résurgence de la figure du loup en Turquie contemporaine par-delà le monde de l’islam où il n’a aucune valeur symbolique, et même à l’instrumentalisation politique de cet animal. Le texte suivant est intitulé « Aux fondements de la royauté sacrée, revisiter le mythe du roi magicien dans l’épopée de Firdawsī » (p. 117-133) et est signé par Anne Caiozzo, spécialiste du Shāh nāma, une grande épopée iranienne écrite vraisemblablement autour de l’an 1000 et retraçant l’histoire de l’Iran depuis l’époque archaïque jusqu’à la conquête musulmane. C’est moins le texte que commente l’auteure que ses représentations aux époques timuride et turkmène au xve siècle, des mythes qui coïncident, est-il noté, « avec l’intérêt de ces dynasties pour les sciences prédictives mais aussi le rôle des cieux dans leur conception de la royauté » (p. 118). Cette étude doit beaucoup aux …