Professeur émérite de littérature à l’Université McGill et spécialiste d’histoire des idées, Yvan Lamonde est déjà connu pour ses publications sur l’Institut canadien, Louis-Antoine Dessaulles, Louis-Joseph Papineau et le milieu « rouge » canadien-français. Dans cet ouvrage de quelque 200 pages, il plonge à nouveau dans l’univers radical du XIXe siècle en s’attaquant au chef libéral Antoine-Aimé Dorion. D’emblée, il s’interroge sur ce « que deviennent la pensée et l’action libérales républicaines […] après le départ de Papineau de la politique en 1854 », estimant que Dorion représente un « maillon méconnu de la filiation libérale républicaine et démocrate » (p. 1). De manière plus poussée, il se demande « pourquoi et comment ces libéraux républicains, démocrates et tenants de l’émancipation finissent-ils par accepter la Confédération de 1867 » (p. 1-2). Comme il n’existait aucune biographie dédiée à Dorion – hormis le mémoire de maîtrise de Jean-Claude Soulard (1976) et sa rubrique publiée dans le Dictionnaire biographique du Canada –, Lamonde se concentre ici sur le parcours politique du personnage (1854-1874), mettant de côté sa carrière dans la magistrature. Le livre est divisé en six chapitres d’environ 25 pages chacun, regroupés en deux parties. À chaque étape, Lamonde prend le temps d’esquisser le contexte politique et intellectuel dans lequel évolue son personnage, mettant en exergue les grands débats de l’époque et les lignes de fracture qui agitent la mouvance des libéraux radicaux. Il cite généreusement les débats parlementaires, les adresses électorales et le journal Le Pays, agrippant au passage quelques éléments de la correspondance privée. S’il mobilise ses propres travaux et le reste de l’historiographie pour appuyer sa contextualisation des évènements, le texte est d’abord et avant tout structuré autour des sources premières. Pour placer encore davantage le lecteur en contact avec les écrits de l’époque, il joint d’ailleurs en annexe deux textes d’Antoine-Aimé Dorion sur la Confédération. La première partie ne comprend qu’un chapitre et survole la situation politique du Bas-Canada lors de la période d’Union (1840-1867), insistant sur les enjeux « non résolus » qui occupent les politiciens bas-canadiens ; on parle ici des terres du clergé, d’éducation, de commerce, du statut de la langue française, d’électivité du Conseil législatif, etc. La seconde partie rassemble les cinq autres chapitres et plonge directement dans la vie politique d’Antoine-Aimé Dorion. Sont abordées ses origines familiales, politiques et professionnelles, ainsi que ses engagements militants à l’Institut canadien, au Club national démocratique, dans le mouvement annexionniste et au journal radical Le Pays. On entre encore davantage dans le vif du sujet à partir de la page 54, amorçant sa carrière parlementaire et détaillant ses prises de position sur l’électivité des charges publiques, l’abolition du régime seigneurial, le libre-échange, l’abrogation de la peine de mort, le financement des chemins de fer, etc. Lamonde prend le temps d’exposer les critiques que Dorion subit de la part de ses adversaires du parti bleu, ainsi que les conflits et polémiques qui surgissent à l’intérieur de sa propre famille politique. Les chapitres 4 et 5 s’attardent sur l’opposition des rouges au projet de Confédération, dont ils critiquaient le caractère antidémocratique et centralisateur. Lamonde reproduit les interventions de Wilfrid Laurier, d’Alphonse Lusignan et de Louis-Joseph Papineau sur la question, sans oublier le grand discours d’Antoine-Aimé Dorion prononcé au Parlement le 16 février 1865. Le chapitre final couvre la période post-confédérative et souligne comment Dorion a pris ses distances avec l’Institut canadien et le radicalisme, tout en restant fidèle à ses convictions démocrates dans l’affaire de « l’influence indue » et dans l’adoption du bulletin de vote secret. Ses hésitations autour de la Rébellion de la …
Yvan Lamonde, Antoine-Aimé Dorion et le déclin du libéralisme républicain et émancipateur, Québec, Presses de l’Université Laval, 2023, 219 p.
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Justin Richard Dubé
Université Laval
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