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Book ReviewsComptes rendus de livres

Anne-Claude Ambroise-Rendu, Anna Trespeuch-Berthelot et Alexis Vrignon (dir.), Une histoire des conflits environnementaux. Luttes locales, enjeu global (XIXe-XXIe siècles). Limoges, Presses Universitaires de Limoges, 2018, 276 pages[Notice]

  • Emmanuelle Bouchard-Bastien

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  • Emmanuelle Bouchard-Bastien
    Institut national de santé publique du Québec

L’ouvrage collectif Une histoire des conflits environnementaux. Lutteslocales, enjeu global (XIXe-XXIe siècles) est la compilation des résultats de recherche d’un programme débuté en 2014 et portant sur l’examen des conflits environnementaux locaux dans une perspective historique. Dirigé par deux historiennes et un historien ayant des intérêts de recherche à propos de l’écologie dans les médias, la patrimonialisation des espaces naturels, les alertes environnementales et les mouvements écologistes, notamment, l’objectif du livre est « [d’] examiner de près le rôle joué par les résistances et les contestations environnementales locales dans la construction et la diffusion d’une conscience environnementale sur la longue durée » (p. 8). À l’aide de 13 études de cas provenant de la France et d’ailleurs (Suisse, Brésil, Japon) en 13 chapitres qui traversent deux siècles de contestations, de résistance et de négociations, l’ouvrage met au jour la pluralité des préoccupations (santé, paysage, identité régionale, intérêts économiques) des acteurs qui s’inscrivent dans ce que l’on appelle depuis les années 1970 « la défense de l’environnement » (p. 253). Les auteurs et autrices souhaitent ainsi comprendre l’articulation entre les conflits locaux et l’avènement de la conscience environnementale mondiale qui caractérisent le développement contemporain des territoires industrialisés et la gouvernance de la nature et des risques. La majorité des contributions propose un exercice de mémoire basé sur des revues de presse, des entretiens et des figures d’archives permettant d’illustrer richement les discours des parties prenantes et les relations de pouvoir en vigueur au moment des conflits étudiés. Principalement issus des disciplines de l’histoire et des sciences politiques, les auteurs et autrices des 13 chapitres et leurs travaux s’inscrivent dans les cadres théoriques de l’histoire environnementale et de l’écologie politique. Les chapitres, variant entre 14 et 30 pages chacun, sont pour la plupart soutenus par des références variées et de qualité sur les conflits sociaux, la participation citoyenne et la conservation de la nature. Ces références sont toutefois peu mobilisées dans la structure des chapitres, ce qui peut laisser certains lecteurs et lectrices sur leur faim. Il aurait été souhaitable en complément que les directrices et le directeur de l’ouvrage réalisent une analyse théorique des conflits sociaux pour lier davantage les études de cas entre elles. Dans la forme actuelle de l’ouvrage, seules une courte introduction (six pages) et une conclusion (six pages) encadrent les 13 chapitres et présentent leur portée pour l’histoire environnementale des conflits sociaux. Une introduction pour chacune des trois parties du livre aurait bonifié l’ouvrage en permettant de mieux définir le fil conducteur qui les unit. La première partie s’intitule « Lutter contre les risques de pollutions » et est composée de quatre chapitres présentant des cas associés aux activités minières, aux déchets nucléaires, à l’implantation d’une raffinerie et à un projet d’exploration de gaz de schiste au Japon et en France. On devine que ces chapitres ont en commun une pollution ou un risque de pollution comme évènement déclencheur de la contestation citoyenne. Le premier chapitre, rédigé par Cyrian Pitteloud, transporte les lecteurs et les lectrices dans le département de Tochigi (Japon) à la fin du XIXe siècle. L’auteur y présente les divers moyens déployés par les protestataires qui utilisèrent davantage la voie administrative que l’action directe pour défendre leurs sources de revenu et de subsistance (agriculture, pêche, activités textiles et teinturières) mises à mal par les objectifs d’industrialisation du pays (p. 27). Ancrés dans la France des années 1960, 1970 et 1980, les trois chapitres suivants présentent des cas où les revendications environnementales des protagonistes sont plus explicites et visent principalement l’industrie (et non l’État). La contribution de Cécile Blatrix (chapitre …