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Présentation

Présentation[Record]

  • Chantal Savoie and
  • Marie-Josée des Rivières

Plusieurs travaux et chantiers récents témoignent d’un intérêt pour l’histoire littéraire des femmes. Émanant en partie d’un mouvement largement alimenté par les historiennes, surtout depuis les années 80, cette histoire littéraire des femmes profite également d’une multitude de courants qui ont oeuvré, au sein même du champ littéraire, à mettre en question les frontières traditionnelles du littéraire, qu’il s’agisse de l’histoire culturelle, des travaux sur l’histoire du livre et de l’imprimé, de la sociologie de la littérature et de la sociocritique, des travaux sur le genre et sur les rapports sociaux de sexe, etc. Parmi l’ensemble des travaux, certains jouent un rôle prépondérant : la contribution de Christine Planté, qui porte autant sur des corpus spécifiques que sur les dimensions plus heuristiques d’une histoire littéraire des femmes, et celle de Marie-Ève Thérenty, sur la presse et l’inclusion des enjeux formels liés aux spécificités du support, travaux qui ont renouvelé en profondeur la considération des rapports entre la presse et le champ littéraire. Témoignant de cette effervescence, mais y participant également, le récent dossier de la revue Littérature, histoire, théorie, dirigé par Audrey Lasserre et intitulé « Les femmes ont-elles une histoire littéraire? », propose un bilan et tente une synthèse des enjeux. Un intérêt semblable traverse plusieurs aires géographiques du monde francophone, dont la Belgique et le Québec. Ces travaux, compte tenu de leur pertinence et de leur grand intérêt, nous semblent également devoir être pris comme des incitatifs à poursuivre les recherches. Disposons-nous vraiment des données nécessaires pour statuer avec acuité sur l’histoire littéraire des femmes? Jusqu’à quel point pouvons-nous faire une lecture vraiment différente de cette histoire à partir des seules données accessibles maintenant? L’expérience des travaux menés au cours des dix dernières années dans divers contextes, et notamment ceux des grandes équipes de La vie littéraire au Québec et de « Penser l’histoire de la vie culturelle au Québec », mais, déjà, ceux qui ont été entrepris il y a quelques décennies sur la littérature de grande consommation, nous a permis de constater que de larges pans de connaissance nous manquent encore, tant sur le plan des biographies et des trajectoires que sur celui des corpus, socles indispensables pour procéder ensuite aux analyses et aux synthèses. Les travaux de recherche à grande échelle rendent à la fois humbles et curieux, et une longue fréquentation du terrain nous a convaincues qu’il faudra encore beaucoup de travail pour approfondir la question de l’exclusion des femmes. Nous gagnerions ainsi à tenter de dépasser les explications couramment admises qui tendent à exposer les motifs de cette exclusion, explications qui oscillent grosso modo entre le constat de la reproduction dans l’espace littéraire de la ségrégation qui règne dans l’ensemble de l’espace social, soit les « théories du complot », et les jugements sur la médiocrité de leurs textes. Nous croyons que, avant de statuer sur ce qu’est, serait ou devrait être l’histoire littéraire des femmes, encore faut-il s’appliquer à la fonder correctement. Cette démarche en apparence toute simple ne va pourtant pas de soi, car elle oblige à investir temps et patience pour débusquer les traces, souvent rares, de la présence des femmes dans l’espace littéraire et à nous atteler ensuite à la tâche de problématiser les enjeux de la compréhension et de la signification de ces traces au sein de l’ensemble des pratiques culturelles des femmes et de l’ensemble des pratiques culturelles en général. Prolongeant la réflexion amorcée dans un séminaire animé par Chantal Savoie il y a quelques années, qui étudiait les différents enjeux de la présence des femmes dans la vie littéraire en convertissant le « féminin » …

Appendices