Jason Goroncy, T&T Clark Handbook of the Doctrine of Creation. London, New York, Oxford, New Delhi, Sydney, T&T Clark, Bloomsbury Publishing, 2024, xxx-981 p.

La réflexion sur les théologies de la création connaît une dynamique croissante, notamment en raison des enjeux écologiques contemporains, tels que les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution. Par ailleurs, les avancées dans les domaines de l’astrophysique ou de la microbiologie modifient notre compréhension du monde et appellent à une réévaluation du rapport théologique à la création, en harmonie avec les connaissances actuelles. Dans ce contexte, ce volume encyclopédique se révèle particulièrement opportun. Il regroupe 71 chapitres organisés en trois sections. La première section aborde les textes et les traditions. Cinq chapitres se concentrent sur la Bible hébraïque, mettant en avant des thèmes tels que le sabbat, le Temple, les bénédictions et l’émerveillement. Trois chapitres explorent le Nouveau Testament (les Évangiles synoptiques, l’Évangile de Jean et les lettres de Paul), tandis que les sept autres se penchent sur divers corpus des traditions chrétiennes, tels que le gnosticisme, la patristique et la théologie de la Réforme. La deuxième section engage une discussion avec différents partenaires dogmatiques. Les chapitres de cette partie examinent plusieurs enjeux cruciaux en théologie fondamentale, notamment la relation à l’eschatologie, la conception de Dieu en tant que créateur, la relation du Christ à la création, ainsi que les tensions entre transcendance et immanence, le mal, la mort et le rapport entre l’Église et le monde. La dernière section, intitulée « Upbuilding discourse », vise à établir un discours théologique de la création sur de nouvelles bases. Elle aborde des sujets variés, allant de la physique à l’écologie, en passant par la décolonisation, la sexualité, l’économie, la liturgie et même le sport. Cette section se distingue par l’inclusion de voix moins traditionnelles et dogmatiques, permettant ainsi une réflexion sur la création à partir d’enjeux contemporains. La liste des 75 auteurs de cet ouvrage met en évidence un manque significatif de diversité et de représentativité. En effet, seules 11 femmes contribuent au volume, soit 14 % des auteurs. La majorité des contributions provient d’auteurs américains ou européens, bien qu’une poignée d’articles émane d’Afrique du Sud, d’Amérique latine, de Corée ou de la diaspora chinoise en Australie. De plus, les traditions protestantes et anglicanes sont largement surreprésentées. Ce constat soulève un enjeu important pour un ouvrage qui met l’accent sur l’importance de la diversité dans la création. Cependant, un chapitre aborde le rapport postcolonial à la théologie de la création, identifiant les éléments coloniaux et politiques qui la sous-tendent. D’autres chapitres, traitant des handicaps, des enfants, du Dao, du Tian et de la race, offrent des perspectives épistémologiques plus variées. Néanmoins, ces contributions demeurent marginales par rapport aux 70 autres contributions. Bien qu’il existe un chapitre consacré à la sexualité humaine, il aurait été pertinent d’inclure une réflexion explicite sur l’androcentrisme et d’explorer les critiques féministes des théologies de la création. Ce volume, à la fois éclectique et révélateur, témoigne du foisonnement des discours théologiques concernant la création. Les approches présentées oscillent entre une perspective historique, visant à éclairer les textes, les auteurs et les doctrines dans leurs contextes d’origine, et des perspectives contemporaines qui cherchent à repenser la création à la lumière des enjeux actuels. Une tension émerge quant à la place de l’humain dans la création et dans l’étude théologique. Les théologies traditionnelles sur la création révèlent un anthropocentrisme, voire un théo-anthropocentrisme, qui semble de moins en moins acceptable. Une théologie animale, ainsi que le développement d’une éthique écologique, ne peuvent plus considérer les animaux ou les éléments « naturels » comme de simples ressources destinées à la consommation humaine. Alors que la théologie de la création a longtemps positionné l’humain comme une créature d’exception, ontologiquement …