Lorsque j’ai ouvert cette chronique, il y a maintenant huit ans, j’étais loin d’anticiper un tel développement des recherches et des publications sur Vatican II. Un tel essor est sans doute redevable à l’Istituto per le scienze religiose di Bologna et au professeur Alberigo qui lançait, avec l’appui d’une équipe internationale, un important projet de recherche sur le concile il y a maintenant vingt ans. Depuis, on assista à la création de centres ou de projets de recherche dans divers pays et le développement d’un nouvel intérêt pour le concile chez une nouvelle génération de chercheurs. Alors que la recherche bolonaise est parvenue à son terme, d’autres prennent la relève et les publications sont de plus en plus diversifiées, aussi bien sur le plan linguistique que sur celui des aires culturelles, même s’il faut reconnaître que certains foyers de recherche demeurent encore très actifs (Belgique, Canada, Italie). On observe également une véritable diversité des approches et, aussi, des positions herméneutiques. La présente chronique, où je m’adjoins quelques collaborateurs, veut rendre compte de cette diversité, en particulier de la recherche réalisée en langue allemande, là où la production n’avait pas été très abondante ni particulièrement en avance sur ce que l’on trouvait ailleurs, au cours des années 1980. Gilles Routhier Leo Declerck, à qui l’on doit déjà plusieurs inventaires de papiers conciliaires belges, poursuit ici en nous offrant deux nouveaux inventaires. La qualité du travail n’est plus à souligner, non plus la minutie et le soin apportés à la production de ces inventaires réalisés par quelqu’un qui a une connaissance fine de l’histoire de Vatican II. On remarquera ici la richesse exceptionnelle de l’information qui nous est livrée puisqu’on ne se contente pas simplement d’inventorier les pièces que l’on trouve dans les différents fonds, mais qu’on en fournit le contenu. Cela est vrai en particulier dans la section qui répertorie la correspondance de Mgr Heuschen (p. 55-124) où l’on trouve des résumés, parfois fort élaborés, du contenu des lettres échangées. Le chercheur francophone a donc ainsi accès aux passages de ces lettres, rédigées en néerlandais, qui concernent le concile. Les papiers auxquels renvoient ces deux inventaires réunis en un seul volume sont importants pour l’histoire du concile. Comme l’introduction le montre, l’évêque auxiliaire de Liège, membre de la commission doctrinale à partir de la deuxième session, a joué un rôle important dans la rédaction de trois constitutions conciliaires : Lumen Gentium (en particulier le chapitre III), Dei Verbum, où son rôle est plus réduit, et Gaudium et Spes, en particulier le chapitre consacré au mariage et à la famille. L’histoire de Vatican II a surtout retenu son rôle dans le traitement des modi pontificaux sur ce chapitre lors des dernières semaines du concile et ses papiers sont d’un grand intérêt pour les chercheurs qui veulent reprendre ce dossier. Les papiers Heylen, d’une ampleur plus modeste (159 pièces dont quelques-unes se rapportant à la période postconciliaire), n’en sont pas moins importants. Ils ne concernent pratiquement qu’une seule question : le chapitre sur le mariage et la famille de la constitution Gaudium et Spes. L’ensemble ne couvre que la troisième session et intersession, et la quatrième session. Les papiers auxquels renvoient ces deux inventaires sont sans doute indispensables pour la reconstitution des débats sur le mariage et la famille à Vatican II. Ils éclairent également la participation des Belges à Vatican II, même si on est parfois mal à l’aise de voir des débats cruciaux concernant toute l’Église être ramenés à une discussion entre quelques protagonistes du Benelux (le texte de Hasselt sur le mariage en donne un exemple). …
Recherches et publications récentes autour de Vatican II[Record]
…more information
Gilles Routhier
Faculté de théologie et de sciences religieuses
Université Laval, QuébecOnt collaboré à cette chronique
Michael Quisinsky
Albert-Ludwigs-Universität
Freiburg im BreisgauPierre C. Noël
Université de SherbrookeMichel Mondou
Université Laval, Québec