Abstracts
Résumé
L'auteur se penche sur les quelques occasions où les habitants de la Nouvelle-France se sont regroupés ou assemblés pour manifester collectivement bien que cela ait été illégal à l'époque. En général, ces démonstrations avaient lieu en temps de disette et de cherté des prix — particulièrement pendant les années 1704 à 1717 et 1757 à 1759 — mais il arrivait également qu'on s'assemble pour protester contre les corvées, ou encore, pour faire part de son mécontentement à l'égard de certaines mesures politiques ou religieuses.
Ces contestations se déroulaient sensiblement de la même façon et pour les mêmes raisons qu'en France sauf qu'elles étaient, ici, à la fois moins fréquentes et moins violentes. On s'assemblait dans un but précis, on s'armait souvent et on proférait parfois des menaces mais, plus souvent qu'autrement, on se dispersait après avoir été entendu ou lorsque les soldats étaient appelés sur les lieux. Il faut dire que les autorités étaient indulgentes à l'égard des participants, probablement parce qu'elles considéraient ces attroupements comme quasi légitimes.
Cette forme de contestation diminua pendant les trois premières décennies du régime britannique ; cependant, on trouva quand même moyen de résister à l'enrôlement dans la milice durant les années 1764, 1775 et 1794 de même qu'à la loi sur les chemins en 1796. Ceci se manifestant dans certaines des paroisses qui avaient fomenté des démonstrations populaires sous le régime français, l'auteur suggère qu'il y a là une tradition de contestation transmise d'une génération à l'autre. En somme, si les assemblées populaires ont, un peu partout, secoué la société au dix-huitième siècle, au Québec, elles n'ont pas suscité de changements radicaux avant l'avènement du dix-neuvième.