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Recensions

Christina Brassard, De ces hommes : la critique féministe de la relation hétérosexuelle dans trois romans contemporains au Québec, Ottawa, Éditions David, 2023, 288 p., coll. « Voix savantes »

  • Sophie Bastien

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  • Sophie Bastien
    Collège militaire royal du Canada

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Cover of Number 58, Fall 2024, pp. 9-129, Francophonies d'Amérique

Dans sa monographie De ces hommes : la critique féministe de la relation hétérosexuelle dans trois romans contemporains au Québec, Christina Brassard adopte une perspective résolument féministe pour scruter la relation hétérosexuelle telle que représentée dans trois romans québécois du xxie siècle. Elle postule d’ailleurs que le féminisme est sous-jacent à ces romans. Il est vrai que ceux-ci cumulent des points communs particuliers, en plus de mettre tous en scène un couple hétérosexuel : ils sont écrits par des femmes ; l’histoire qu’ils contiennent est narrée par une femme ; cette narratrice s’exprime à la première personne grammaticale et est engagée dans l’action au point d’en être le personnage principal, qui est donc lui aussi une femme. Intitulé « La construction sociale du genre et la relation hétérosexuelle », le premier des quatre chapitres du livre de Brassard résulte d’une recherche fouillée pour définir les notions pertinentes en tenant compte de leur développement historique : féminin et masculin, genre sexuel et binarité, construction sociale et stéréotype, amour et reconnaissance mutuelle, égalitarisme et agentivité, entre autres. Il présente les assises scientifiques sur lesquelles s’appuient, à des degrés divers, les trois autres chapitres. Mais cet exposé purement théorique donne à la longue une impression d’insistance ou de surenchère, si bien qu’on a hâte au chapitre suivant pour aborder enfin les romans du corpus et plonger dans la critique littéraire. Les chapitres II, III et IV examinent successivement les trois romans retenus : Espèces de Ying Chen (Paris, Seuil, 2010), Folle de Nelly Arcan (Paris, Seuil, 2004) et Mãn de Kim Thuy (Montréal, Libre Expression, 2013). Ils en proposent une lecture très attentive, enrichie de nombreuses références à des travaux de pointe. L’analyse textuelle se déploie avec acuité : tantôt elle se fait thématique et montre une grande perspicacité, tantôt elle décrypte des métaphores et des symboles, tantôt elle devient minutieusement stylistique. Le chapitre II situe Espèces dans l’ensemble de la production de Ying Chen et cerne le réalisme magique qui est à l’oeuvre dans ce roman. Il décrit les deux membres du couple comme des figures issues de la tradition patriarcale, jusqu’à ce que la métamorphose de la femme en félin amène son émancipation. Mais celle-ci ne dure pas. Une domestication lui succède, ce qui révèle l’impossibilité, à tout le moins la difficulté d’un changement profond quant au statut féminin et à la nature du rapport hétérosexuel, d’où le titre que donne Brassard à ce chapitre : « Espèces de Ying Chen : une domestication problématique ». Avant de se pencher sur Folle de Nelly Arcan, dans le troisième chapitre, Brassard explique d’abord ce qui caractérise le genre littéraire autofictionnel, puis ce qui distingue l’autofiction produite au Québec et enfin, ce que celle-ci doit à l’oeuvre de Nelly Arcan. L’autrice emprunte ensuite le concept de liquidité à Zygmunt Bauman, qui l’applique à la société moderne en général et à l’amour en particulier. Brassard applique quant à elle ce concept à l’ex-amant de Nelly, dans Folle, car ce dernier vit en consommateur des relations jetables. Nelly fait les frais de cette conduite et se sent méprisée, mais prend sa revanche par l’écriture. Dans la longue lettre qu’elle adresse à son ex-amant et qui constitue le roman, elle rapporte les propos et les comportements de cet homme en recourant à l’humour noir et à une ironie sarcastique afin de les critiquer. Sa dénonciation cible aussi une certaine mentalité contemporaine, d’où l’intitulé de ce chapitre III : « La Nova : la critique de l’amour liquide dans Folle de Nelly Arcan ». Il semble cependant incohérent que Brassard persiste ici à …

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