Les Indigenous Music Awards (IMA) de 2019 ont débuté par une cérémonie d’ouverture mettant en vedette une délégation de trois personnes autochtones (PowWows.com 2020). À droite se trouve une femme recouverte d’une peau d’ours, Laura Grizzlypaws (aussi connue sous son nom st’át’imc : Stálhalamcen), à gauche, Miss Manito Ahbee, Wamblie Littlesky et au centre, le conseiller spirituel et waokiye (Traditional Healer) Eyapaha, Donald G. Speidel (aussi connu sous son nom lakota : Tatanka Hoksila), portant une coiffe à plumes, qui interprète un chant en langue vernaculaire. La coiffe que porte l’homme est un symbole important pour plusieurs peuples autochtones, incluant notamment, mais non limitativement, les Premières Nations situées au Canada, tandis qu’elle fait appel à un imaginaire connu, popularisé par les films hollywoodiens pour un public non autochtone. Or, à quel point le port de la coiffe à plumes lors de la cérémonie d’ouverture des Indigenous Music Awards de 2019 est-il légitime et dans le respect des traditions autochtones? Nous verrons dans un premier temps en quoi consiste cet événement et, dans un second temps, nous explorerons diverses particularités de la coiffe à plumes. Enfin, nous nous interrogerons sur les controverses entourant le port de la coiffe à plumes selon les contextes. La quatorzième édition des IMA s’est tenue le 17 mai 2019 au Club Regent Event Centre, lors d’une cérémonie qui a coïncidé avec le Manito Abhee Festival, à Winnipeg, au Manitoba. C’est la cérémonie de remise de prix honorant les réalisations d'artistes autochtones et de professionnels de l'industrie de la musique la plus importante du Canada. On y retrouve différents types de prix comme les albums selon leur genre musical, les pow-wow, les nouveaux artistes, les singles ou encore les vidéoclips. Quant au Manito Abhee Festival, il s’agit d’un événement qui promeut « l’art, la culture et la musique des Autochtones » [Notre traduction] (Manito Abhee s.d) et qui se nomme d’après le site sacré de Manito Abhee (mot objiway signifiant where the Creator sits). Ce festival a notamment pour mission de faire rayonner les cultures autochtones à travers le monde (Manito Abhee s.d.). Les performances en direct et autres sont donc faites par des artistes autochtones. Le Manito Abhee Festival se révèle alors d’une importance capitale pour promouvoir les cultures autochtones. Rappelons que de la fin du XIXe siècle jusqu’en 1951, les cérémonies, danses et chants autochtones, entre autres choses, étaient réprimés par la Loi sur les Indiens (1876) (Robinson 2018). En outre, le Manitoba est une place de choix pour les événements autochtones, car plusieurs nations autochtones y vivent et c’est la deuxième province où les membres des Premières Nations sont les plus nombreux après l’Ontario (Government of Canada 2021). Revenons sur la cérémonie d’ouverture des IMA de 2019, qui débute par la performance en direct des personnes autochtones citées précédemment. La personne au centre de la scène portant une coiffe à plumes entonne un chant. Il semble être une figure sociale fondamentale, investie de pouvoir et de responsabilités. Effectivement, le fait qu’il porte une coiffe à plumes est déterminant dans la symbolique de l’individu, de son statut et de ses responsabilités. De fait, la coiffe à plumes est un objet symboliquement et traditionnellement important, voire lourd de sens. Les ornementations autochtones sont généralement vectrices et indicatrices de l’identité et de la culture de la personne qui les porte. Elles « raconte[nt] une histoire, perpétue[nt] le patrimoine et ser[vent] d’insigne d’honneur » (Robinson 2018). Selon William Burnstick, un concepteur reconnu de coiffes, elle « […] est un symbole de leadership qui force le respect. C’est le plus grand grade qu’un individu puisse …
Appendices
Bibliographie
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