Née en 1946, Louise Harel a surtout marqué l’histoire de la politique québécoise pour avoir été la première présidente de l’Assemblée nationale de 2002 à 2003 ainsi que la première femme à occuper le poste de cheffe de l’opposition officielle en 2005. Toutefois, on ne saurait retenir de cette femme que les plafonds de verre qu’elle a fait éclater. En plus de ses fonctions à la tête de plusieurs ministères sous les gouvernements de René Lévesque, de Jacques Parizeau, de Lucien Bouchard et de Bernard Landry, Harel a toujours été très impliquée dans sa communauté, privilégiant l’humain avant toute chose dans sa manière de faire de la politique. Après une longue carrière de députée à l’Assemblée nationale de 1981 à 2008, son engagement auprès de la population la pousse à briguer la mairie de Montréal en 2009 ainsi qu’un siège de conseillère en 2013. Son entêtement et son dévouement envers les plus démunis lui vaudront de multiples surnoms, tels « gardienne de l’orthodoxie » ou « mère Teresa ». L’ancien président de la Société de transport de Montréal Philippe Schnobb signe la présente biographie de Louise Harel, parue en 2023 aux éditions La Presse. Sans être un intime d’Harel, il a lui-même eu l’occasion de la croiser à quelques reprises durant le passage de cette dernière en politique municipale. Schnobb a également cumulé une trentaine d’années d’expérience en journalisme, ce qui transparaît dans sa méthode de travail. En effet, les entretiens en personne sont la matière première de l’auteur, lui qui affirme avoir passé une cinquantaine d’heures en compagnie de la politicienne. De plus, nombreux sont ceux dont les propos sont rapportés par Schnobb, dont quelques membres de la famille Harel, des personnes ayant travaillé pour elle à tous les moments de sa carrière, sans oublier ses anciens collègues du Parti québécois (PQ), dont Louise Beaudoin ainsi que les premiers ministres Bouchard, Landry et Marois. Le corpus de sources est complété par des articles de journaux et divers documents médiatiques d’archives. La nature des sources utilisées par Schnobb l’incite à citer longuement au fil de son texte ses différents interlocuteurs. Il n’est pas rare de voir ces citations s’enchaîner ou occuper une page entière simplement pour raconter une anecdote, ce qui fait que la voix de l’auteur se perd au travers des paroles rapportées. Bien que celui-ci affirme ne pas vouloir faire une « hagiographie », on constate qu’une très grande partie du récit proposé est racontée par des gens étant naturellement sympathiques à Harel, tandis que le point de vue de ses anciens adversaires n’est que très peu abordé. Comme en témoigne le titre Louise Harel : sans compromis, l’objectif de la biographie est de dresser un portrait d’une politicienne aux idées bien arrêtées, fidèle à ses convictions, parfois un peu rebelle, pour qui la ligne de parti ne fut pas toujours facile à suivre. Point positif pour le chercheur, l’ouvrage comporte un index, en plus d’être agrémenté de photos. Il se divise en dix-sept chapitres retraçant la carrière politique d’Harel. Les premiers chapitres traitent brièvement de l’enfance et de l’éducation d’Harel. Ses études sont payées par sa mère, qui tient un salon de coiffure et gagne plus que son père — une situation atypique pour l’époque. Ce dernier, qui travaille dans le milieu de l’éducation, croit plutôt que ses études la rendront malheureuse. C’est dans cette période qu’elle s’aperçoit que « les garçons [ont] beaucoup plus de droits que les filles » (p. 27) et que son caractère rebelle se forge. Son passage au Séminaire de Sainte-Thérèse, qui ouvre ses portes aux jeunes filles un an avant …
Philippe Schnobb, Louise Harel : sans compromis, Anjou, La Presse, 2023, 377 p.
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Léon Isabelle
Historien
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