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Numéro régulierRecensions

Frédéric Boily, Génération MBC. Mathieu Bock-Côté et les nouveaux intellectuels conservateurs, Québec, Presses de l’Université Laval, 2022, 193 p.

  • Jonathan Durand Folco

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  • Jonathan Durand Folco
    Université Saint-Paul, Ottawa

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Cover of Libération et conscientisation au Québec : réception croisée de deux utopies latino-américaines, Volume 32, Number 2, Spring 2025, pp. 9-290, Bulletin d'histoire politique

Comment comprendre la popularité dont jouit Mathieu Bock-Côté dans l’espace public aujourd’hui ? Bien que le Québec ne soit pas le seul lieu connaissant une remontée des idées conservatrices depuis les deux dernières décennies, Frédéric Boily souligne qu’il « constitue un terrain d’observation privilégié pour saisir les évolutions des droites sur le plan intellectuel » (p. 2). Dans cet ouvrage faisant suite à son livre Le conservatisme au Québec (2010), le professeur titulaire au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta analyse le phénomène Bock-Côté en le situant au sein d’une trame historique plus large. Au lieu de dénoncer les errances du personnage controversé, il retrace la genèse des idées conservatrices au sein d’une nébuleuse d’intellectuels apparus après le référendum de 1995. L’hypothèse centrale du livre est qu’il est nécessaire d’étudier cette « toile de fond générationnelle » et la « famille intellectuelle » (p. 8) entourant Bock-Côté pour mieux comprendre le néo-conservatisme québécois. Boily reprend la définition de Charles Fleury pour qui la génération désigne « un groupe partageant non seulement des expériences communes, mais également des idées, des mentalités et certaines visions du monde et de la société » (p. 9). Pour tracer les contours de cette famille intellectuelle, Boily se base sur deux critères : une dimension temporelle (débutant en 1995), et des thématiques idéologiques communes : critique du multiculturalisme et du libéralisme, débats sur l’évolution du souverainisme québécois, dénonciation du « politiquement correct ». Boily privilégie l’expression de « conservateurs contestataires » pour décrire cette génération d’intellectuels (plutôt que celle de « néo-réacs »), car elle « met l’accent sur la notion de critique conservatrice et non pas sur celle de réaction traditionaliste, la droite pouvant être conservatrice (protéger ce qui est) ou réactionnaire (retourner à ce qui était) » (p. 15). Dans le premier chapitre, l’auteur retrace « la naissance d’une nouvelle génération intellectuelle » (p. 21) dans la longue durée de l’histoire québécoise. Il commence par analyser le rôle des intellectuels dans la première moitié du XXe siècle, lesquels étaient vus comme des « guides » ou « éclaireurs » débattant de la place du nationalisme et du catholicisme, à l’instar de Lionel Groulx ou Pierre Elliott Trudeau. Survint ensuite le clivage entre souverainisme et fédéralisme dans les années 1960 avec des figures comme Hubert Aquin, Pierre Vallières, etc. Après l’échec du référendum de 1980 s’ensuivit « le silence des intellectuels » (p. 29) durant une décennie, puis un léger sursaut avec la création du groupe des Intellectuels pour la souveraineté en 1995. Ce n’est qu’au début des années 2000 qu’apparaît la génération des « conservateurs contestataires », qui s’inscrivent en porte-à-faux avec leur époque. Outre certaines figures plus âgées comme Éric Bédard ou Jacques Beauchemin, Frédéric Boily s’intéresse plus spécifiquement au groupe de jeunes intellectuels incluant Mathieu Bock-Côté, Philippe Sauro Cinq-Mars, Martin Lemay, Jérôme Blanchet-Gravel, Frédéric Bastien, David Leroux, Alexandre Poulin ou encore Simon-Pierre Savard-Tremblay, lequel n’est « pas à proprement parler un conservateur pure laine, mais un tenant de l’aile gauche du groupe » (p. 41). Au deuxième chapitre, l’auteur décortique le récit conservateur entourant la critique du libéralisme, qui serait un vecteur de « dissolution de la communauté nationale » (p. 43). Boily remarque que les conservateurs reprennent la critique communautarienne du libéralisme élaborée par le philosophe Charles Taylor au début des années 1990, mais en se retournant ensuite contre le penseur, qui serait devenu l’apôtre du multiculturalisme. Le procès du libéralisme par la génération Bock-Côté s’inspire d’anciens philosophes comme Burke, Herder ou de Maistre, et de penseurs français contemporains dont Alain Finkielkraut, Philippe Murray et Éric Zemmour, mais en …

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