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Dossier : Francofugies et francopétiesPrésentation

Vers un modèle « fugipétique » : francofugies et francopéties en France et au Canada[Record]

  • Serge Miville and
  • Alban Bargain-Villéger

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  • Serge Miville
    Université Laurentienne

  • Alban Bargain-Villéger
    Université York

Lors d’un colloque tenu au collège universitaire de Glendon, de nombreux chercheurs se sont réunis autour de la question de la fugipétie comme base commune pour l’étude comparative entre la France et le Canada français/Québec. Ce projet consistait à trouver des vases communicants qui permettraient la rencontre de ces sociétés si divergentes dont la langue française demeure centrale comme langue dominante ou de résistance. On ne peut nier que les interactions entre minorités et majorités linguistiques, les liens entre les questions politico-linguistiques et diverses tendances idéologiques et institutions (l’État et l’Église, par exemple) sont des thèmes centraux dans l’histoire du Québec comme dans celle de la France. La place du français et son utilisation dans le champ politique demeure, en effet, une divergence majeure entre ces deux espaces francophones. La France souveraine a dominé de nombreuses minorités nationales, notamment par le biais de la langue française, alors que le Québec et les minorités francophones ont utilisé cette dernière comme moyen de résistance. Le modèle fugipétique permet donc de désenclaver les problématiques liées à la langue pour mieux comprendre l’évolution politique et sociale des minorités nationales par rapport à la langue française. Ce dossier du Bulletin d’histoire politique a pour thème central deux phénomènes contradictoires et complexes : la francofugie et la francopétie au Canada et en France aux xixe et xxe siècles. Ces deux néologismes, inspirés des termes centrifuge et centripète, traduisent deux réalités ancestrales et consubstantielles à la langue française, ainsi qu’aux dynamiques sociales, culturelles, économiques et politiques dans la francophonie. Le processus de formation du français fut promu par certains et remis en question par d’autres, selon les projets nationaux défendus. Ainsi, la volonté de renforcer la présence de la langue française comme dénominateur commun national peut être nommée francopétie, par opposition à la francofugie, dont le but est de limiter (voire d’éliminer) l’influence de cette langue afin de promouvoir une seconde ou de consolider des assises culturelles par rapport à la métropole. Dès les premiers pas de la langue française, donc, ont cohabité des tendances francopètes et francofuges. Pour ce qui est de ces dernières, leurs origines sont multiples et incluent la promotion d’idiomes ou de dialectes précoloniaux et/ou régionaux, des raisons économiques, sociales, politiques, purement idéologiques ou autres. Quant aux tendances francopètes, elles ont eu pour but de défendre le français, tant au niveau culturel et sociétal que linguistique, d’utiliser la langue comme lieu de vivre ensemble sociétal et même d’outiller cette dernière en tant que forme de résistance à caractère nationalitaire contre diverses forces culturelles dominantes. Les phénomènes francofuges et francopètes se déroulent également sur des plans divers et variés, qu’ils soient historiques, géographiques, politiques, ou autres. L’analyse desdits phénomènes peut donc prendre des formes multiples et se fonder sur plusieurs méthodes d’investigation (archivistiques, orales, statistiques, etc.). En outre, ces concepts de francofugie et de francopétie ne se confinent pas à refléter une particularité inhérente à la francophonie, dans la mesure où ils s’inscrivent dans le cadre de la fugipétie, un autre néologisme qui décrit plus généralement les mouvements convergents ou divergents par rapport à un ou plusieurs projets, de quelque nature qu’ils soient. Il ne s’agit donc pas ici de proposer une prémisse exceptionnaliste, mais plutôt d’ouvrir des perspectives originales sur le monde francophone tout en l’inscrivant dans un cadre universel. Ainsi, le cadre fugipétique permet une certaine fluidité conceptuelle, dans la mesure où il se prête parfaitement à des approches interdisciplinaires, comparatistes, et/ou croisées. Dans le cadre politique qui nous intéresse plus particulièrement ici, la fugipétie permet de mieux apprécier les contrastes entre théorie et pratique, …

Appendices